Ascension du mont Blanc – Christine Martinez, atteinte de fibromyalgie : « J’aime aller au bout des choses »
Un an après sa première tentative d’ascension du mont Blanc, Christine Martinez repart mi-septembre à l’assaut du “Toit de l’Europe” (4 810 mètres). En juin 2022, alors qu’elle était parvenue à 4 565 mètres, celle qui souffre de fibromyalgie(1) depuis 2010 avait dû renoncer, en raison des violentes rafales de vent qui menaçaient de la faire chuter. Retour donc à Chamonix ce 14 septembre. Le programme tient sur trois jours : début de l’ascension le 16, cap sur le sommet le 17 et descente le 18. À 55 ans, sa volonté reste intacte.
Faire-face.fr : L’année écoulée n’a visiblement pas émoussé votre détermination. Pourquoi tenez-vous tant à refaire une tentative de l’ascension du mont Blanc ?
Christine Martinez : J’aime bien aller au bout des choses. L’an passé, j’étais novice. C’était ma première ascension, j’avais énormément de questions et d’appréhensions. Aujourd’hui, la montagne ne m’effraie plus. Je me sens mieux, et ça m’aide beaucoup mentalement.
En outre, l’ascension du mont-Blanc, c’est 50 % de réussite pour tous les alpinistes qui le tentent. Les aléas sont nombreux, imprévisibles, comme la météo ou le mal de montagne, que je n’ai pas ressenti il y a un an, mais rien ne dit que je ne l’aurai pas cette fois. On ne peut jamais savoir. Et puis, cette année, mon compagnon fait l’ascension avec moi, il sait jusqu’où je peux aller, il me soutiendra, m’encouragera à ne rien lâcher. Enfin, je veux me rendre au Népal l’an prochain, donc, le mont Blanc, c’est maintenant.
Vélo, yoga et randonnées au programme de l’entraînement
F-f.fr : Quel entraînement avez-vous suivi ?
C. M : Des ennuis de santé à répétition au cours des derniers mois ont un peu bousculé le calendrier et m’ont contrainte à aménager mon programme d’entraînement. Courir ne m’étant plus possible à cause de mes douleurs au genou, j’ai fait beaucoup de vélo, pour l’endurance et le souffle. De même, ma fasciite plantaire(2) s’est aggravée. Avec l’apparition de multiples boules fibreuses au niveau de la voûte plantaire, ce qui m’a conduit à reprendre le yoga. Cette pratique m’a permis de retrouver de l’équilibre et des appuis. Et durant ces dernières semaines, ma prof de yoga m’a fait travailler plus spécifiquement la respiration et la souplesse.
Parallèlement, nous avons fait de plus grosses randonnées pour cumuler des dénivelés positifs (entre 1 200 et 1 600 mètres), avec un sac à dos bien chargé, pesant douze kilos environ. L’objectif étant, là aussi, de me faire travailler mes appuis, ce qui m’a manqué l’année dernière pour pouvoir résister aux bourrasques de vent.
Avancer coûte que coûte
F-f.fr : Justement quelles leçons avez-vous tirées de votre première expérience, pour essayer de mettre toutes les chances de votre côté ?
C. M : Je vais monter avec un sac deux fois moins lourd que l’an passé. Il ne pèsera pas plus de cinq kilos. Ainsi, la différence avec le poids que je me suis imposé durant les marches d’entraînement me renverra une sensation de légèreté et d’aisance.
Par ailleurs, nous adoptons un autre tempo. Cela va nous permettre de ne pas enquiller le passage du terrifiant couloir du Goûter, et ses chutes de pierres, puis l’ascension vers le sommet. Nous dormirons au refuge du Goûter, après l’épreuve du couloir, à 3 835 mètres. Le fait de monter en septembre me laisse espérer que les pierres seront peut-être déjà prises dans la glace.
Quoi qu’il en soit, nous aurons une nuit pour reprendre des forces avant de partir pour le sommet. J’ai quand même acquis une petite expérience ! Et je sais aussi que même si mes jambes ne me portent plus, je ne dois pas m’arrêter… ralentir, oui, mais continuer à avancer coûte que coûte.
(1) Affection chronique, caractérisée par des douleurs diffuses persistantes.
(2) Douleur dans le talon.
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1 commentaire
Merci pour cet article et encouragements.
Christine est très déterminée, bravo ! Quel courage de reprendre l’ascension. Nous l’accompagnons par la pensée.
Carole Robert, Présidente de Fibromyalgie France