AAH : pouvoir d’achat en baisse, allocataires en hausse
Selon la Drees, le pouvoir d’achat des titulaires de l’AAH a augmenté de 25 % sur les trente dernières années. Mais, et c’est ce qui compte le plus pour les ménages, il est en recul depuis 2020. Sur la même longue période, le nombre d’allocataires a été plus que multiplié par deux. Et sa croissance reste très dynamique.
Tout est affaire de point de vue. Les analystes regardent l’évolution du pouvoir d’achat sur une tendance de long terme. Les ménages, qui doivent remplir leur caddie chaque semaine, privilégient le court terme. Les deux sont légitimes… mais n’ont pas la même finalité.
Cinq paniers aujourd’hui avec l’AAH contre quatre en 1990
Sur le long terme, l’AAH a enregistré une forte progression du pouvoir d’achat, depuis le 1er janvier 1990. Ce dernier a bondi de 25 %, passant d’un indice 100 à 125,6 début 2023, a calculé la Drees, un organisme du service statistique public, dans son panorama annuel sur les minima sociaux et prestations sociales. Autrement dit, le consommateur qui, il y a trente-trois ans, pouvait, avec son AAH, remplir quatre paniers de courses identiques peut, aujourd’hui, repartir du supermarché avec cinq paniers.
L’AAH est passée de 63 % du Smic à 70 %
Sur cette période, l’AAH est le minimum social qui a permis à ses titulaires de gagner le plus de pouvoir d’achat. Loin devant le RSA (+ 9%) ou l’allocation de solidarité spécifique pour les chômeurs en fin de droit (- 0,5 %). Le résultat d’une série de revalorisations exceptionnelles sous les mandats de Nicolas Sarkozy et d’Emmanuel Macron. En 2007, au début du quinquennat Sarkozy, l’AAH s’élevait à 621 € (l’équivalent de 63 % du Smic). En 2022, fin du premier mandat Macron, son montant avait grimpé à 920 € (70 % du Smic).
L’AAH augmente maintenant moins vite que l’inflation
Mais, à court terme, le pouvoir d’achat est en recul. Depuis son plus haut historique, au 1er janvier 2020, avec un indice de 129,6, il a progressivement chuté de 4 points en trois ans pour retomber à 125,6. L’équivalent d’une baisse de 3 %. Sur cette période, le montant de l’AAH a, en effet, augmenté moins vite que l’inflation. Avec son allocation, le consommateur peut donc remplir un peu moins son cinquième panier de courses qu’il y a trois ans. De quoi faire grincer des dents.
Quasiment 1,3 million d’allocataires handicapés
Sur ce même temps long, le nombre d’allocataires de l’AAH, lui, n’a cessé de progresser, souligne également la Drees. Il est passé de 550 000 en 1990 à 1,29 million au dernier pointage fin 2022. Aujourd’hui, 2,5 % des 20 ans et plus touchent cette allocation contre 1,3 % il y a trente-deux ans.
« Jusqu’à 2005, le rythme de croissance des effectifs s’explique en partie par l’augmentation de la population âgée de 45 à 60 ans (génération du baby-boom), le risque de handicap augmentant avec l’âge, note la Drees. Cette hausse reflète aussi celle de l’espérance de vie des personnes handicapées. »
Un effet mécanique de la hausse de l’AAH…
Depuis, la montée en flèche du nombre d’allocataires est liée, notamment, à la revalorisation du montant de l’AAH. Chacun des coups de pouce a fait bondir d’autant le plafond de ressources y ouvrant droit… et donc la population de bénéficiaires potentiels.
Désormais, le montant de l’AAH augmente moins vite. Pourtant, la hausse du nombre d’allocataires reste très dynamique. L’an passé, elle a même été la plus forte depuis dix ans (+ 3,4 %). Pourquoi ? « Les facteurs sous-jacents à la croissance tendancielle des effectifs de l’AAH sont en majorité encore inexpliqués », avoue la Drees.
… et le fruit de « la dégradation très nette des conditions sociales »
Le sociologue Pierre-Yves Baudot y voit, lui, une des conséquences de « la dégradation très nette des conditions sociales dans notre pays qui amène des femmes et des hommes vivant dans la pauvreté à développer des pathologies ou des situations qui les rendent éligibles à l’AAH ». Il pointe aussi du doigt « la dégradation très nette des conditions de travail ». La France présente en effet « l’un des plus forts taux d’accidents du travail et de maladies professionnelles, en Europe. » De l’intérêt d’élargir son point de vue.
Qu’est-ce que le pouvoir d’achat ?
Le pouvoir d’achat correspond à la quantité de biens et de services qu’un revenu permet d’acheter. Son évolution correspond donc à la différence entre la variation des revenus des ménages – l’AAH en l’occurrence – et celle des prix. Si l’AAH augmente plus vite que l’inflation, le pouvoir d’achat croît. Si, au contraire, les prix grimpent plus vite que l’allocation, alors il baisse.
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2 commentaires
Quand allez-vous battre pour les personnes en invalidité catégorie 3 ?
Que faites vous pour eux ? Vous nous laissez crever !
Mon fauteuil roulant électrique, mon lève-personne, mon lit, mon matelas avec compresseur, ma VNI, ma domotique, mon ordinateur, les téléphones de mes aides de vie qu’elles rechargent, mon chauffage à 21°, vous pensez que je ne paie l’électricité plus chère. Mais que faites-vous pour nous ? Vous ne parlez que de l’AAH , et nous ? Nous, vous vous en fouttez !
La CAF vient de me supprimer mon complément AAH et la MVA en Janvier 2024 !
Le montant total de ma retraite est de 965,69 par mois et la CAF me dit que ce montant est égal ou supérieur à AAH qui est actuellement de 971,37 euros jusqu’au 31/03/2024.
La CAF à t-elle raison ???
Peut on m aider. Merci