[Lecture du vendredi] Le manoir des glaces, thriller nordique
Fille de Viveca Sten, superstar suédoise de romans policiers, l’auteure s’est mise, elle aussi, aux polars. Mais son dernier opus, dont le ressort se base sur un trouble neurovisuel, laisse un peu le lecteur sur sa faim.
La prosopagnosie, vous connaissez ? Il s’agit d’un symptôme neurologique, plutôt rare, qui perturbe la reconnaissance des visages. Cette forme d’angoisse visuelle sert de base à ce thriller nordique. Éléonore, l’héroïne en est atteinte. Elle est en état de choc après avoir assisté au meurtre de sa cruelle mais bien-aimée grand-mère, dont elle a croisé le tueur le jour-même, sans avoir pu le reconnaître.
Manoir isolé et froid hivernal
De surcroît, quelques mois plus tard, elle découvre que son aïeule lui a légué un manoir isolé dans la forêt suédoise, le domaine de Haut Soleil. Elle s’y rend alors pour organiser la succession, accompagnée d’une tante, de son petit ami et d’un avocat de la famille – un peu étrange. Dans une ambiance d’hiver qui s’installe. Et, ce lieu, qui lui était jusqu’alors inconnu va dévoiler bien des secrets, car témoin d’un passé terrible.
Ce serait spoiler que de révéler ici les ressorts de ce récit. Disons qu’Éléonore voit une ombre aux alentours, tandis que sa tante puis l’avocat sont victimes d’agression, que des voitures sont sabotées, qu’une tempête de neige se déclare, que l’électricité est coupée… Les événements deviennent de plus en plus dramatiques et la saison ainsi que l’isolement visent à installer et renforcer la peur.
Des ingrédients en manque d’originalité
Pourtant, le lecteur est un peu déçu au final. En effet, ces ingrédients (maison isolée, atmosphère glaçante) ne sont pas nouveaux. Et cette plongée, censée être oppressante et machiavélique, pâtit d’un rythme lent et d’un relatif manque de crédibilité. Quant à l’intrigue principale, qui alterne avec une autre et se déroule dans les années 60, elle aurait méritée d’être approfondie.
Le manoir des glaces, Camilla Sten, traduit du suédois par Anna Postel, éd. Le seuil, octobre 2023, 416 p., 21.90 €.
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