Droit aux loisirs : les enfants porteurs de handicap très souvent exclus
Manque d’équipements et d’accompagnants, absence de transports, préjugés et craintes… La pratique d’une activité sportive ou culturelle par les enfants en situation de handicap se heurte à de nombreux freins. Dans son rapport sur les droits de l’enfant, paru le 15 novembre, la Défenseure des droits émet des recommandations pour changer la situation.
Dérisoire. La part des enfants bénéficiaires de l’Allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH) parmi les effectifs des centres de loisirs s’établit à 0,28 % selon la Caisse nationale des allocations familiales. Ils sont par ailleurs environ un sur cinq, respectivement 19 % et 22 % à être accueillis dans les activités périscolaires ou durant les vacances. Pourtant, trois parents sur cinq (58 et 63 %) le souhaiteraient.
Ces chiffres, édifiants, sont rappelés dans le rapport 2023 du Défenseur des enfants et de la Défenseure des droits Selon Éric Delemar et Claire Hédon, plusieurs causes expliquent une telle situation.
Préjugés, inaccessibilité et manque d’accompagnants
D’abord, la persistance de préjugés et de stéréotypes. Les enfants cités dans le rapport eux-mêmes en témoignent. « Des fois, on me dit que je ne peux pas faire certaines activités. Moi j’en ai marre parce qu’on me dit non, tu ne peux pas, ça va te faire mal aux jambes. » Les enfants mentionnent aussi le manque d’accessibilité, qui les prive de loisirs en milieu ordinaire. « Les aires de jeux sont souvent inaccessibles quand on est en fauteuil, on ne peut suivre les amis de la ville quand ils sortent entre eux. »
Les auteurs du rapport pointent aussi le manque d’argent récurrent pour financer les postes d’accompagnants. Et ils déplorent toujours être saisis pour des refus d’accès discriminatoires. Comme cette famille d’un jeune garçon sourd, interdit de séjour linguistique.
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Des activités récréatives pourtant essentielles au développement des enfants
Cette mise à l’écart de nombre d’enfants, dont ceux porteurs de handicap, est très regrettable aux yeux de la Défenseure des droits. Elle écrit ainsi que la pratique de jeux et d’activités récréatives est « essentielle pour le développement de l’enfant ». Elle rappelle qu’il y trouve un « vecteur d’apprentissage et de socialisation ». Le préambule de la Constitution ou encore la Convention internationale des droits de l’enfant consacre d’ailleurs juridiquement ce « droit au repos ».
Dès lors, elle demande des « mesures appropriées », pour que tous puissent effectivement faire valoir ce droit. Et elle émet des recommandations en ce sens.
Garantir l’effectivité de loisirs collectifs et individuels
À commencer par la garantie de l’effectivité des heures obligatoires d’enseignement de la pratique sportive à l’école primaire et son renforcement dans les collèges et lycées. Puisque, souligne le rapport, l’école est le premier lieu, parfois le seul, à offrir un égal accès aux enfants à ces activités, quelles que soient leur condition sociale ou leur localisation géographique. Pour ce qui est des établissements médico-sociaux et de santé, elle invite à systématiser la désignation d’un référent pour les loisirs, le sport et la culture.
Certes, la pratique collective revêt une grande importance. Mais la Défenseure des droits insiste : il convient de permettre à chacun, quel que soit son handicap et son état de santé, de choisir, aussi, des activités individuelles en milieu ordinaire.
Au bénéfice des enfants malades, elle réclame des financements publics pour les associations qui réalisent des activités ludiques et artistiques dans les hôpitaux. Elle souhaite aussi l’ouverture de davantage de places en pédopsychiatrie.
Reste un enjeu, classique, de formation. Elle appelle au renforcement de celle des professionnels éducatifs, médicaux et médico-sociaux. Pour qu’enfin soient reconnus à leur juste place les enjeux et bienfaits de la pratique par tous d’activités physiques et culturelles.
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1 commentaire
Il n’y a pas que les enfants qui sont empêchés de pratiquer une activité de loisir, les adultes aussi, c’est un continuum.
Quand l’accès à l’emploi est découragé, il ne reste pourtant que les loisirs pour socialiser, et quand il n’y a même plus ça…