[Lecture du vendredi] Mes labyrinthes : l’écriture comme boussole
À la fois essai littéraire intime et déambulation dans les méandres de la neurodiversité, Mes labyrinthes de Florian Forestier permet d’appréhender l’autisme sous un nouveau prisme. Cet ouvrage singulier à la narration éclatée en 29 chapitres fulgurants confirme toute la puissance libératrice des mots.
« Ce livre, j’y pensais depuis presque dix ans et je n’arrivais pas. Je ne voulais pas témoigner. Je ne voulais pas raconter. Ni expliquer de loin. Je ne savais pas ce que je voulais en fait. Le faire passer dans la langue et les catégories de la pensée, le trembler, le styler… Cela s’est fait si vite. J’écrivais alors un autre livre, un roman. Il sort bientôt, j’en parlerai aussi, mais dans les interstices de ses montagnes, les labyrinthes se sont infiltrés. »
Auteur de deux romans, dont l’un paraîtra début janvier 2024, Florian Forestier se méfiait de la tentation du témoignage. « Quand il s’agit d’autisme, les mots semblent ne pouvoir que trahir. » Qu’il se rassure, Mes labyrinthes va bien au-delà du récit. Si l’auteur relate quelques épisodes marquants de son enfance et adolescence, il s’affranchit de l’anecdote ou de la bizarrerie. « De l’autisme, les gens ne savent presque rien. Ou pire, ils en connaissent les clichés, et se font des personnes concernées de vagues et drôles silhouettes. »
« Un livre impossible à résumer »
Florian Forestier le confie lui-même : « Je voulais écrire un texte qui emporte par sa force de narration, un livre impossible à résumer ». C’est effectivement toute la gageure face à cet essai construit autour de 29 chapitres aux titres tels que Ce qui nous tient et ne nous lâche jamais ou Soleil éclatant dans une goutte d’eau. L’auteur se raconte et livre certaines réflexions autour de cette « maladie de notre temps » que représente l’autisme.
La cacophonie des émotions
Au fil des pages, face à la « cacophonie des émotions » qui assaille son auteur, ce livre constitue finalement une réflexion sur le pouvoir de l’écriture. « Faire ma langue, tant pis. Pour moi, c’est le seul chemin, la seule façon de faire vivre tous les fragments, de donner toutes mes voix, d’être tout moi. Tant pis. » Dans ce dédale, il y a peut-être une issue pour l’auteur guidé par des mots qui auraient comme mission d’apaiser les maux. « Tout n’est pas perdu, pourtant, puisque j’écris. »
Lire un extrait sur le site slate.fr
Mes labyrinthes. Vivre avec la différence, Florian Forestier, éd. du Faubourg, 208 p., 18 €.
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