Le handicap en 2023 : la France trop à la traîne sur les droits fondamentaux

Publié le 22 décembre 2023 par Franck Seuret
Les quelques avancées sur les droits s'inscrivent dans une réalité beaucoup plus sombre, pour les personnes handicapées.

Oui, l’année 2023 restera celle de la déconjugalisation de l’AAH et de l’élargissement de la PCH aux handicaps psychiques et mentaux. Deux avancées incontestables dans le champ du handicap. Mais elles ne doivent pas faire oublier que la France ne respecte toujours pas les droits fondamentaux des personnes handicapées, comme l’a rappelé le Conseil de l’Europe. 

C’était une revendication de longue date des personnes handicapées et de leurs associations. C’est désormais une réalité. Depuis octobre 2023, les caisses d’allocations familiales (Caf) n’intègrent plus les ressources du conjoint, pacsé ou concubin pour le calcul de l’allocation adulte handicapé (AAH). Auparavant, elles les prenaient en compte.

Aujourd’hui, les Caf considèrent uniquement les ressources propres de l’allocataire. S’il ne touche rien par ailleurs, il perçoit donc 971 €, soit le montant maximum. Selon le Gouvernement, entre 120 000 et 160 000 allocataires ont vu leur AAH augmenter. La hausse moyenne atteindrait 300 €.

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La PCH pour les personnes atteintes d’un handicap psychique ou cognitif

Les personnes ayant besoin d’être stimulées et guidées pour accomplir les actes de la vie quotidienne ont droit à l’aide humaine au titre de la PCH.© DR

Quelques mois plus tôt, un autre combat associatif de longue haleine avait connu une issue positive : l’accès à la prestation de compensation du handicap (PCH) pour les femmes et les hommes atteints d’un handicap psychique, cognitif, mental ou de troubles du neurodéveloppement.

Depuis, le 1er janvier 2023, les personnes dont le trouble (concentration, cognition sociale, etc.) empêche de mener à bien les activités de la vie quotidienne peuvent bénéficier, au plus, de trois heures d’aide humaine par jour. C’est le cas, par exemple, si elles ont besoin d’être guidées ou stimulées pour faire leurs courses, se déplacer, ranger leurs affaires. Même si elles sont en capacité physique de le faire.

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Statu quo pour l’âge de la retraite

L’âge de départ à la retraite varie d’un dispositif à l’autre, selon le statut des travailleurs handicapés. © DR

Et puis, il y a eu la réforme des retraites avec le report à 64 ans de l’âge légal pour tous les travailleurs. Tous… sauf les personnes handicapées bénéficiant de dispositifs spécifiques. Pour elles, l’âge de la retraite ne bouge pas.

Ce sera entre 55 et 59 ans pour les travailleurs handicapés de longue date, remplissant les conditions pour la retraite anticipée pour cause de handicap. Et 60 ans pour les victimes d’accident du travail ou d’une maladie professionnelle justifiant d’un taux d’incapacité (IP) d’au moins 20 %. Ce sera enfin 62 ans pour les allocataires de l’AAH. Idem pour les pensionnés d’invalidité ainsi que pour les personnes atteintes d’une incapacité de travail médicalement constatée de 50 %.

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Les violations des droit fondamentaux dénoncées par le Conseil de l’Europe

Avec ses 46 États membres, le Conseil de l’Europe est la principale organisation de défense des droits de l’homme en Europe. © DR

Mais ces trois victoires font office de pis-aller. Car la France ne garantit toujours pas les droits économiques et sociaux fondamentaux des personnes handicapées définis par la charte sociale européenne, comme l’a rappelé le comité européen des droits sociaux, en avril. « Violation » : le terme revient comme une rengaine au fil de la décision de cette instance de contrôle du Conseil de l’Europe.

« Nos décideurs publics n’ont pas une approche basée sur les droits des personnes, commentait alors Pascale Ribes, la présidente d’APF France handicap, interviewée par Faire-face.fr. Nous ne voulons plus d’une politique d’aumône sociale. » Et de prendre l’exemple de l’AAH :  « Certes, nous avons obtenu sa déconjugalisation. Mais cette allocation reste un minimum social dont le montant est inférieur au seuil de pauvreté. Or, la charte sociale européenne garantit le droit à une protection contre la pauvreté. »

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L’accessibilité, trop peu, trop tard

La subvention pourra servir à financer, par exemple, la moitié du coût d’aménagement d’une rampe d’accès à un restaurant ou d’un élévateur. © DR

La création du Fonds territorial d’accessibilité, en novembre, s’inscrit dans cette même logique. Oui, le subventionnement, à 50 %, des travaux de mise aux normes des établissements recevant du public de 5e catégorie constitue une avancée. Mais elle arrive bien tardivement. Dix-sept ans après l’adoption de la loi de 2005 rendant obligatoire l’accessibilité des établissements recevant du public (ERP) !

Surtout, le Fonds n’interviendra que dans la limite des 300 millions d’euros que l’État s’est engagé à y consacrer sur cinq années. Pas de quoi assurer la liberté d’aller et de venir. Un droit pourtant garanti par la charte sociale européenne et la convention internationale des droits des personnes handicapées.

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La pénurie d’aide à domicile, une mise en danger

Les métiers de l’aide à domicile sont tellement en tension que vivre à domicile s’avère de plus en plus difficile. © DR

Et le droit de choisir son lieu de vie ? Il est menacé par la pénurie d’aide à domicile. Ces métiers sont tellement en tension que vivre chez soi s’avère de plus en plus difficile, voire risqué, pour les personnes en situation de handicap. Pour celles qui emploient directement des professionnels, comme pour celles qui passent par des services prestataires.

Certaines craignent même de devoir aller vivre en Ehpad, bien qu’elles n’aient pas encore 60 ans, comme Faire-face.fr le rapportait. En octobre, APF France handicap et l’AFM Téléthon ont donc décidé de lancer l’alerte en saisissant la Défenseure des droits pour mise en danger de la vie d’autrui. Une urgence vitale.

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La fin de vie attendra

L’année 2023 n’aura pas permis d’aller au bout du sujet de l’aide à la fin de vie. En avril, la Convention citoyenne a bien rendu ses conclusions. Dans son rapport final, les 184 citoyens tirés au sort se prononcent en faveur du développement des soins palliatifs et de l’ouverture, sous conditions, du suicide assisté et de l’euthanasie. Mais Emmanuel Macron et le Gouvernement ont ensuite reporté à plusieurs reprises la présentation d’un projet de loi. Il devrait finalement être dévoilé en février.

Comment 12 commentaires

Ma fille handicapée doit revenir pour la journée de Noël et l’an arrive le matin et repart le soir et cela n’est pas remboursé donc 310 euros de notre poche
C’est dur d aider et faire plaisir

Le logement PMR !!!! Les personnes en situation d’handicap dépendent du DALO pour un logement, c’est inconcevable sachant que les préfectures n’obtiennent qu’un pourcentage très faible. Merci

Bonjour en 2009je suis tombé dans une forte dépression j’ai été en invalidité catégorie 2 50pourcent aujourd’hui je rapporte de nouvelles choses à mon dossier mdph donc ma main droite qui es handicapée faute médicale plus arthrite au niveau de mes jambes et la la mdph me dit d’aller au travail alors que je suis en deconjugaison avec mon mari qui lui es en littérature donc moi je me retrouve avec 800 euro par mois donc je suis dans le seule de la pauvreté je ne sais plus quoi faire je suis épuisé merci de m’aider

Dans le pays des droits de l’homme les enfants institutionnalisés n’ont même pas les vacances scolaires et oui les établissements ne ferment pas pour les mineurs ! Une honte

Je suis mère d’un adulte handicapé et sa curatrice et la juge des tutelles m’enlève mes droits pour mettre de l’argent de côté alors que la nouvelle curatrice demande 500€ a mon fils et nous n’avons pas beaucoup d’argent pour vivre

Bonjour. En France, le monde du handicap est très silencieux. Les raisons peuvent se comprendre que si nous le vivons. En lisant les commentaires nous pouvons voir des questions concernant “une suite”, mais surtout un constat. Peu de personnes ont répondu ce qui se comprend. Une incompréhension sur la réalité ne menant qu’à une abnégation. Le bilan est pourtant simple malgré les aides => peu voir pas de relation entre les personnes vivant “ce monde de “l’handicap” et le monde “dit “réel”. Nous découvrons mais ne savons que faire.

Bonjour,
Il serait temps également que le bénéfice de l’AAH perdure même après l’age de la retraite, pas seulement pour les plus de 80% !
Car passer de l’AAH à l’ASPA représente la plupart du temps une très forte diminution de revenus, notamment pour les personnes handicapées entre 50 et 79% et qui n’ont jamais été en capacité de travailler et donc de cotiser.
Ces personnes sont traitées à l’identique de personnes valides qui auraient décidé volontairement de ne pas exercer de profession.
C’est une grande injustice !
Souhaitons qu’en 2024 l’ensemble des associations agissent pour que cela change !

Pourquoi handicap devrait rimer cavec pauvreté !
Pourquoi les invalides touchent si peu d apl?
J ai 900 euros et suis pas mal lotie par rapport à d autres et j ai 130 euros d apl
Sur un loyer de 650 !
Mais c est misérable
Plus mon invalidite va augmenter plus mes apl vont baisser.
Avec ce jeu d ascenseur, nous restons à la limite du seuil de pauvreté
De plus il y a une discrimination concernant les logements
Aucun bailleur ne veut me prendre car cf n est pas un revenu salarié !
Ou est t on !

Je connais via Facebook une jeune femme poly-handicapée.
Elle subit la manipulation de sa mère qui lui en veut de lui prendre son temps. Elle la prive de repas, ne lui fait pas de toilette …. La jeune femme a appelé à l’aide l’assistante sociale, le médecin, la société de prestation de services, 3977 allo maltraitance, les plateformes d’écoute … sans succès ; tout le monde ferme les yeux.
Dernièrement, elle a pris une auxiliaire de vie pour être moins dépendante de sa mère. Elle qui a dû apprendre à l’auxiliaire de vie comment lui laver les cheveux … Ces conditions de vie détériorent encore plus sa maladie. Elle aimerait bien être prise en charge correctement, ça la soulagerait beaucoup.

Bonjour, Vous oublier la violation du plus simple des droits fondamentaux, celui de circuler librement dans l’UE comme l’indique la directive 2004/38/CE relative au droit des citoyens de l’Union et des membres de leurs familles de circuler et de séjourner librement au sein de l’Union.

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