Dans les yeux d’Olivier [France 2] : se reconstruire après une erreur ou une violence médicale

Publié le 17 janvier 2024 par Claudine Colozzi
Lobna, maman de 3 enfants, a subi, en 2019, une expression abdominale : un geste consistant à appuyer fortement sur le ventre lors de l’accouchement. Son bassin a été fracturé la laissant handicapée. © FTV STUDIO

En France, les associations de victimes estiment à 400 000 le nombre d’erreurs médicales commises chaque année. Pour évoquer ce sujet dans son magazine Dans les yeux d’Olivier, Olivier Delacroix a rencontré Lobna, Esteban et ses parents, Nadia, ainsi que le danseur, chorégraphe et animateur Chris Marques. Malgré les séquelles, ils se battent pour vivre et obtenir une réparation du préjudice subi.

Le 4 novembre 2019, la vie de Lobna a basculé. Déjà maman d’un jeune garçon, elle attend son deuxième enfant. Mais l’accouchement se présente mal. Pour accélérer la venue du bébé, la sage-femme pratique une expression abdominale : elle appuie fortement sur le ventre, un geste dangereux et interdit par la Haute Autorité de santé depuis 2007. En raison de cet acte de violence obstétricale, le bassin de Lobna a été brisé à plusieurs endroits.

Une expérience traumatisante dont elle garde des séquelles l’empêchant d’exercer son métier de coiffeuse et de mener une vie normale. Toutes les positions assise, debout, couchée sont douloureuses. Elle a des difficultés pour conduire… La jeune femme se bat pour la « reconnaissance de ce qui [lui] est arrivé », préjudice que pour l’instant l’expertise médicale nie.

Un long et éprouvant parcours judiciaire

En France, les associations de victimes estiment à 400 000 le nombre d’erreurs médicales commises chaque année. Des accidents responsables de plus 50 000 décès. Aux différents traumatismes s’ajoute un long et éprouvant parcours judiciaire pour obtenir réparation. Épileptique, Nathalie a pris de la Dépakine pendant sa grossesse , ignorant que ce médicament aurait des conséquences sur le développement neurologique de son fils Esteban, aujourd’hui âgé de 16 ans. Avec d’autres mamans réunies au sein de l’association APESAC, elle a attaqué le laboratoire Sanofi, estimant qu’il connaissait les risques encourus par les patientes. L’instruction est en cours.

En 2019, le chirurgien de Nadia a cassé une pince en l’opérant pour une sciatique, laissant un outil chirurgical de deux centimètres impossible à extraire dans le corps de cette femme désormais handicapée. Le déni et la non-reconnaissance du médecin ont poussé Nadia et son époux à entamer eux-aussi un combat judiciaire. Chacun de ses mouvements et les douleurs qui les accompagnent lui rappellent l’erreur commise. Enfin, Chris Marques, célèbre pour l’émission Danse avec les stars, a connu une longue errance diagnostique, très insultante par moment, avant de découvrir qu’il souffrait de fibromyalgie. La violence des propos de certains médecins reste gravée en lui.

Des erreurs médicales considérées comme des « aléas thérapeutiques »

Quelques médecins, comme le Pr Éric Vibert, chirurgien spécialiste des maladies du foie et des voies biliaires, et auteur d’un livre Droit à l’erreur, devoir de transparence, paru en 2021, commencent à oser lever le tabou. Mais, l’autocritique semble compliquée. Comme le rappelle Olivier Delacroix, bien souvent les erreurs médicales sont sous-estimées ou considérées comme des « aléas thérapeutiques ». Cela signifie que l’accident n’est pas considéré comme une faute du praticien. Ce numéro de Dans les yeux d’Olivier prouve combien il est indispensable d’oser réclamer plus de responsabilité de la part du corps médical et des laboratoires pharmaceutiques.

* Droit à l’erreur, devoir de transparence, Pr Éric Vibert, éd. de L’observatoire, 208 p., 18 €.

Diffusion de Erreurs et violences médicales, la vie d’après, à 22 h 57 sur France 2. À voir aussi sur le site france.tv

 

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