Contre « l’inclusion systématique » des élèves handicapés, FO a tout faux

Publié le 24 janvier 2024 par Franck Seuret
Pour FO, l'inclusion systématique des enfants handicapés « crée des situations de maltraitance. Pour ces jeunes qui sont en souffrance dans une classe inadaptée à leurs besoins. Mais aussi pour leurs camarades et pour les enseignants. »

Le constat est unanime : l’école ordinaire n’offre pas de bonnes conditions d’accueil à tous les enfants handicapés. Mais les solutions à apporter au problème divergent. FO, qui organise une manifestation le 25 janvier à Paris, réclame davantage de moyens pour l’enseignement adapté. Les associations de personnes handicapées, elles, s’opposent à une scolarisation à part, excluante.  D’autres syndicats aussi.

« Non à l’inclusion systématique et forcée ! Non à l’Acte 2 de l’École inclusive ! » Le mot d’ordre de l’appel à la grève dans les écoles maternelles et primaires et à manifestation devant le ministère de l’Éducation nationale à Paris, jeudi 25 janvier, lancé par Force Ouvrière, a de quoi interpeller.

« Que veulent-ils signifier dans le fond ?, demande Bénédicte Kail, la conseillère nationale éducation d’APF France handicap. Que les enfants handicapés n’ont pas leur place à l’école ? Ou alors que l’école est en difficulté actuellement pour scolariser ces enfants dans de bonnes conditions, faute de moyens ? »

« Il y a des enfants pour lesquels l’école ordinaire, ce n’est pas possible »

« Nous ne manifestons pas contre la scolarisation des élèves handicapés en milieu ordinaire », insiste Jérôme Thébaut, le secrétaire général adjoint du Syndicat national unifié des directeurs, instituteurs, professeurs des écoles, PsyEN et AESH – Force Ouvrière. Pour autant, « il y a des enfants pour lesquels cela n’est pas possible. Notamment tous ceux que les Maisons départementales des personnes handicapées orientent vers des établissements spécialisés. »

23 000 enfants n’ont pas de place en établissement spécialisé

Et c’est là, pour lui, que le bât blesse. « Lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal a reconnu que 23 000 mineurs n’avaient pas de place dans ces structures alors que ce droit leur avait été reconnu par leur MDPH. » Lorsqu’ils ne restent pas chez eux, faute d’autre solution, ils se retrouvent donc, par défaut, en Ulis ou en classe ordinaire.

« Cela crée des situations de maltraitance, poursuit-il. Pour ces jeunes qui sont en souffrance dans une classe inadaptée à leurs besoins. Mais aussi pour leurs camarades et pour les enseignants. » Et de donner l’exemple de «  professeurs obligés de fermer les volets de leur classe pour empêcher les enfants handicapés de sauter par la fenêtre ».

« Nous divergeons sur les solutions proposées »

« Sur le constat, on pourrait se retrouver, pointe Nicolas Eglin, le président de la Fnaseph, la Fédération nationale des associations au service des élèves présentant une situation de handicap. Oui, nous sommes d’accord, les conditions d’accueil des élèves handicapés à l’école de leur quartier ne sont pas toujours satisfaisantes. Et oui, certains en souffrent. Mais nous divergeons sur les solutions proposées. Il n’est pas souhaitable de maintenir la ségrégation qui a longtemps existé. »

Certes, pour améliorer la scolarisation en milieu ordinaire, FO réclame un statut de fonctionnaire et un vrai salaire pour les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH). Mais, pour le reste, ses revendications se concentrent sur « la défense de l’enseignement spécialisé et adapté  » ainsi que sur le « maintien et la création des places nécessaires dans les établissements sociaux et médico-sociaux ».

Rien, dans les tracts appelant à manifester, sur la nécessaire formation des enseignants. Sur le manque de temps de coopération avec les professionnels du médico-social. Ou bien encore sur la taille des classes qui rend difficile la différenciation pédagogique…

« Nous sommes opposés à la scolarisation des enfants en situation de handicap, à part »

« La défense de l’enseignement spécialisé et adapté, nous sommes pour, s’il s’agit de mettre davantage d’enseignants spécialisés dans les dispositifs adaptés de type Ulis ou en appui pour leurs collègues du milieu ordinaire, par exemple, complète Bénédicte Kail d’APF France handicap. Mais nous sommes opposés à la scolarisation des enfants en situation de handicap, à part ; dans des structures, à part ; avec des enseignants, à part, loin de l’école ordinaire. Ça, c’est créer de l’exclusion et c’est contraire à leur droits. »

Ce qu’en dit que la FSU-SNUipp, le premier syndicat du primaire

« Cette journée de grève du 25 janvier est clairement une journée contre la présence des élèves à besoins éducatifs particuliers, avec handicap ou non, dans nos classes, explique la FSU-SNUipp, dans un communiqué. (…) Nous ne nous inscrirons jamais dans des mouvements qui refusent l’école inclusive, l’école pour toutes et tous (…).

Notre syndicat ne conteste pas les énormes manquements quant aux moyens mis en œuvre par les gouvernements successifs pour l’école inclusive, mais se bat non pour faire sortir les enfants de l’école mais au contraire pour les y faire entrer avec les moyens humains nécessaires. Car l’école pour toutes et tous est inscrit dans le droit, dans les textes internationaux ratifiés sans réserve par la France. »

 

Les IME au défi du droit à l’éducation des enfants handicapés

 

Comment 4 commentaires

L’inclusion n’est pas une option. C’est tout simplement le droit de tous de vivre avec les autres sans ségrégation. On ne sélectionne pas les publics Merci Franck pour cet article

Le droit à l’éducation c’est un droit pour tous. Que penser d’un système éducatif qui s’autorise à sélectionner les publics ? l’inclusion n’est pas une option, c’est tout simplement le droit de tous à l’éducation sans ségrégation

Bonjour,

Je vous invite à venir observer des élèves en classe ordinaire qui, de part leur situation de handicap, ne peuvent pas rester assis dans une classe, crient toute la journée, ne parlent pas, ne jouent pas avec les autres enfants parce qu’ils ne communiquent pas avec eux et ne souhaitent pas les approcher.
Pour ces élèves, les enseignants sont totalement démunis et en souffrance car ils n ont pas de formation, car ils ne peuvent pas centrer leur attention sur un seul élève, car lorsqu’ils ont eu une AESH pour ces élèves, celle-ci n’a pas le droit de sortir de la classe avec l’élève car l’enseignant en est responsable et doit pouvoir le surveiller en continu. Au final, quel est le bénéfice pour ces élèves, dans les conditions dans lesquelles ils sont scolarisés? L ‘école n’a pas suffisamment d’aide et de moyens pour pouvoir faire avancer et progresser ces élèves pour lesquels nous avons le sentiment, nous enseignants, de les maltraiter contre notre gré.
Quant aux positions de FO peut-être serait-il utile que les journalistes creusent un peu plus avant d’avancer des informations parfois erronées.

Hahaha ! Une école qui sélectionne le public : école privée !
Que diriez-vous d’un métier durant lequel on peut se faire mordre, griffer, frapper ? Tel est votre cas ? J’aimerais savoir combien de personnes parviendraient à faire leure travail dans ces conditions, et en maîtrisant ses réactions, évidemment.

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