Série 5/5 Droits des femmes – Katell Ropert, maman de cinq enfants handicapés : « Je me bats pour être le plus libre possible »
Connue pour son palmarès en parasurf, Katell Ropert, 51 ans, est la mère de cinq enfants porteurs de handicaps différents, dont deux adoptés. Handicapée depuis 2018, la Finistérienne concilie vie de famille, travail et études sans renoncer à sa vie de femme. Vendredi 8 mars, c’est la journée internationale des droits des femmes. Faire-face.fr donne la parole à des femmes en situation de handicap qui ont osé faire valoir les leurs.
« Je suis la maman de cinq enfants porteurs de handicaps différents dont deux garçons adoptés au Mali et en Haïti. Mes trois enfants biologiques, de 27, 22 et 10 ans, sont atteints de troubles du neurodéveloppement, mes deux enfants adoptés âgés de 18 et 16 ans d’un handicap moteur. Quand nous avons envisagé l’adoption d’enfants dits à besoins spécifiques avec mon ancien conjoint, j’étais valide. Le handicap est arrivé il y six ans à la suite d’une intervention sur une compression de la moelle épinière.
Aujourd’hui, le handicap fait partie intégrante de ma vie. Jérôme, mon compagnon, est également en situation de handicap. Il conserve des séquelles du syndrome de Guillain-Barré. Nous vivons en tentant d’accepter nos vulnérabilités. Mais nous ne renonçons à rien, comme voyager, partager de bons moments en famille tous ensemble.
Le sport, une façon de jeter un regard positif sur moi
Rebâtir ma vie à 45 ans a été un vrai défi. Aujourd’hui, je suis dépendante pour les actes de la vie quotidienne, mais autonome dans mes choix. Je me bats pour être le plus libre possible dans mes prises de décision. Ce n’est pas la chose la plus simple quand on bascule dans le handicap. La spontanéité ne fait plus partie du quotidien. Il faut beaucoup anticiper.
Même si les soucis de santé m’ont contrainte à mettre le parasurf entre parenthèses, le sport a joué un rôle très important dans ma vie. Les gens ont de nouveau posé un regard positif sur moi quand j’ai commencé à remporter des médailles. Mais je suis intimement convaincue que le chemin de la résilience ne passe pas uniquement par le sport. On peut emprunter des voies très différentes. Je n’aime d’ailleurs pas beaucoup quand on me présente comme une héroïne. Je vis ma vie de femme en tentant de me débarrasser de l’image de la personne handicapée qui nous est imposée selon laquelle nous sommes un poids pour la société.
Relayer la parole de mes pairs en situation de handicap
À un moment de mon parcours, reprendre des études m’a aussi aidée à reprendre ma vie en main. J’ai validé un master à l’École des hautes études en santé publique et rédigé un mémoire sur les représentations sociales du fauteuil roulant. Ce travail universitaire me permet de relayer la parole de mes pairs handicapés. Cela m’importe beaucoup aujourd’hui. Le handicap revêt tant de réalités différentes.
Quand on a un peu de visibilité médiatique, il faut pouvoir porter des messages pour les autres. Je crois beaucoup à la pair-aidance et à la pair-émulation. Quand je suis sortie du centre de rééducation fonctionnelle, mes pairs m’ont beaucoup soutenue. J’ai pu trouver des réponses à des questions, auxquelles les professionnels, eux, n’avaient pas forcément de solutions. »
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1 commentaire
qu’en sera-t-il du regard des gens sur les personnes handicapées une fois les jeux paralympiques terminés ???