[En salles] La Nouvelle Femme : ce que Maria Montessori a appris au contact d’enfants neuroatypiques
La Nouvelle Femme, en salles le 13 mars, aborde un pan moins connu de l’histoire de la pédagogue italienne. Avant de développer sa célèbre méthode éducative, Maria Montessori a travaillé auprès d’enfants qualifiés de “déficients” au début du XXe siècle. Elle-même maman d’une fillette « différente », la réalisatrice Léa Todorov évoque le handicap avec justesse et sans apitoiement. Et interroge le manque d’ambition de notre société à être plus inclusive.
« Son absence me pèse. Mais sa présence m’est insupportable. » Courtisane en vue dans le Paris du début du XXe siècle, Lili d’Alengy (Leïla Bekhti) n’assume pas sa fille Tina, née “idiote” comme on disait à l’époque. Elle sollicite Maria Montessori (Jasmine Trinca), médecin à Rome pour prendre en charge la fillette. À son contact, elle va apprendre à apprivoiser cette enfant différente. « Ce personnage de mère honteuse symbolise notre société qui n’accepte pas, qui a peur », analyse Léa Todorov, la réalisatrice.
Des messages forts sur l’inclusion des enfants en situation de handicap
Le film La Nouvelle Femme s’articule donc autour de cette rencontre fictive entre ces deux femmes, unies dans leur rapport compliqué à la maternité. En effet, de son côté, Maria Montessori cache un fils né hors mariage. De facture classique, mais bien construit, il dépeint avec justesse le regard porté sur les personnes porteuses de handicap, notamment sur les enfants qu’on appelait déficients en 1900. Des « singes savants » comme les qualifient les très doctes professeurs venus inspecter les élèves de Maria Montessori.
Au-delà du récit d’émancipation de deux femmes, le film porte des messages forts sur l’éducation des enfants en situation de handicap qui résonnent encore aujourd’hui. L’attention qu’ils méritent, la patience de les laisser se développer à leur rythme. « J’espère que le film pourra interroger le manque d’ambition de notre société à être plus inclusive », revendique Léa Todorov. Le film montre les résultats obtenus par Maria Montessori auprès d’enfants que la société rejette a priori grâce à des activités variées et du matériel innovant.
Des enfants porteurs de handicaps mis en situation de jeu et de travail
Elle-même concernée par le handicap de sa fille porteuse d’un syndrome génétique, la réalisatrice a finalement décidé de faire jouer des enfants avec des troubles cognitifs ou sensoriels ce qui donne une aspérité très intéressante au récit. La jeune Rafaëlle Sonneville-Caby, handicapée mentale légère, qui joue le rôle de Tina est particulièrement émouvante. Le parcours de documentariste de Léa Todorov confère aussi un aspect naturaliste à certaines scènes. L’une d’entre elles où les enfants de l’institut dansent est sans doute l’une des plus touchantes.
Léa Todorov s’en explique : « On n’a pas essayé de capter des choses d’eux à leur insu, mais au contraire d’assumer un dispositif cinéma, de leur apprendre qu’on faisait et refaisait les scènes tout en respectant évidemment leur fatigabilité. On les a vraiment mis dans des situations de jeu et de travail. » Dans la droite ligne des convictions de Maria Montessori qui considérait que ces enfants étaient capables d’apprendre et de travailler.
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2 commentaires
Bravo,
J’ai hâte de voir le film.
Il reste tellement de chemin à parcourir pour l’inclusion des enfants différents
J’ai une fille handicapée mentale qui est en SESADE POUR adulte handicapée dans LE CARRÉ SÉSAME ! Je suis moi-même handicapée visuelle et reconnue à 80% ! Je vois 1/10ème avec correction d’un œil, je ne vois pas du tout de l’autre œil 0% ! Je dois faire son dossier de retraite vite car il faut que le maire de Bourgoin Jallieu 38 m’envoie une fiche d’état civile ! Merci à vous tous et toutes !