[Lecture du vendredi] Ferdinand des possibles, ou comment créer des liens

Ferdinand ne parle pas et n’entend pas. Mais l’amour et l’accompagnement de son père et de sa belle-mère, notamment, lui ont ouvert des horizons. Même dans les circonstances les plus difficiles, échanger demeure possible, comme en témoigne cette ode à la différence.

L’autrice, psychologue et psychanalyste, a rêvé ce petit livre « comme un flambeau que l’on se passerait d’âme en âme ». Car elle sait au plus profond d’elle que « Ferdinand, malgré sa bizarrerie, malgré ses déficiences, et elles sont nombreuses, peut nous aider à vivre ». Ferdinand, c’est son beau-fils, un enfant né avec d’importants déficits physiques et cognitifs. Le diagnostic ne tombera qu’à ses 13 ans : le syndrome de C.H.A.R.G.E.

Faire une blague de tout

Francesca Pollock narre son histoire, ici, en s’adressant à lui, à travers les moments clés de son développement. Depuis ses premiers pas jusqu’à sa découverte tardive de la langue des signes et de l’humour. Faire une blague de tout, en utilisant un langage visuel, devient une révélation, témoignant de la capacité a priori imprévisible de Ferdinand à saisir les subtilités de la communication et à s’adapter aux normes sociales.

Son père, lui, y avait toujours cru. Malgré des pronostics initiaux pessimistes, il a vu en son fils un potentiel inexploité. Avec d’autres, dont sa belle-mère, il lui a ouvert progressivement des voies vers une vie élargie et la possibilité de tisser des liens.

Comprendre le temps de façon singulière

L’histoire explore également la relation complexe de Ferdinand avec la mort de sa mère, atteinte d’un cancer détecté à sa naissance et qu’il perd à l’âge de deux ans. Son processus de deuil, faits de petits rituels qu’il a développés peu à peu, révèle sa compréhension singulière du temps et de la mortalité. Son père avait raison : « Il y a quelqu’un là-dedans. »

Ferdinand des possibles, Francesca Pollock, éd. Verdier, coll. La petite jaune, 96 p., 8 €.