Schizophrénie : quand le cinéma renforce les clichés
Du 16 au 23 mars se tiennent les 21èmes Journées de la schizophrénie, à l’initiative de PositiveMinders. Cette année, l’association met l’accent sur les représentations souvent fausses et stigmatisantes de cette maladie au cinéma. Et leurs conséquences délétères pour les personnes concernées.
Shining, Psychose, The Voices, Shutter Island, Joker, Black Swan … Si la schizophrénie touche seulement 1 % de la population mondiale, elle est largement représentée dans le 7e art. Notamment dans de nombreuses superproductions hollywoodiennes. « Le cinéma s’est très vite emparé de la schizophrénie, parce que c’est assez facile de faire du sensationnel et donc une bonne audience. Bien sûr, beaucoup de ces films représentent très mal cette maladie », explique Anne Leroy, membre fondatrice de PositiveMinders. Cette association suisse milite pour la mise en place de soins accessibles et inclusifs pour toutes les personnes atteintes de maladies psychiques.
Troubles dissociatifs de l’identité : une fausse idée de la schizophrénie
Ainsi, beaucoup de ces films entretiennent la confusion avec d’autres maladies. Les protagonistes principaux de Split, Fou d’Irène ou Black Swan, par exemple, souffrent de troubles dissociatifs de l’identité. C’est-à-dire que plusieurs personnalités cohabitent en eux et font surface dans certaines circonstances. Un symptôme qui n’existe pourtant pas dans la schizophrénie.
Cette maladie complexe est aujourd’hui davantage vue comme un spectre. Elle se caractérise principalement par la perte de contact avec la réalité, notamment dans les moments de crise, et la désorganisation de la pensée et du comportement.
Des personnes surtout dangereuses pour elles-mêmes
« Parmi les films qui présentent une vision biaisée de la schizophrénie, on trouve aussi Fight Club, The Voices, Shining et d’autres, qui montrent la violence pour la violence », détaille Anne Leroy. Contrairement aux personnages représentés dans ces films, les personnes schizophrènes, dans leur immense majorité, ne sont pas dangereuses. Les actes violents sont rares, notamment chez les patients suivis médicalement, et souvent dirigés contre le malade lui-même. Par ailleurs, les personnes schizophrènes ont bien plus de risque d’être victime de crimes que d’en commettre.
On est donc loin de l’image du fou furieux s’en prenant à des inconnus. Une vision erronée pourtant bien ancrée, avec un impact réel sur les personnes concernés. « Beaucoup de jeunes rencontrés via l’association m’ont avoué qu’ils n’oseraient jamais révéler leur schizophrénie. Ils ont peur d’être mis dans la catégorie des gens dangereux », déplore Anne Leroy.
Des longs-métrages explicatifs et positifs
Heureusement, certains longs métrages évitent ces clichés et dépeignent une réalité plus nuancée. Selon Anne Leroy, Un homme d’exception décrit bien les symptômes de la maladie, ainsi que les hallucinations et délires propres à chacun. « Le Soliste, lui, est très émouvant, poursuit-elle. Il montre que si l’on peut essayer d’aider la personne malade, on ne peut jamais décider à sa place. C’est pour moi un aspect essentiel ».
Autres films positifs, Le soleil de trop près et À la folie qui montrent le rôle déterminant des proches pour accompagner les malades et les aider dans leur rétablissement.
Première cérémonie des SchizAwards
Pour mettre en lumière ces films et pointer les erreurs des autres, PositiveMinders organise cette année sa première édition des SchizAwards. Dans une cérémonie qui se déroulera en ligne samedi 16 mars, trois prix vont être remis : un décerné au pire film sur la schizophrénie, un deuxième à un long-métrage pouvant mieux faire, et enfin une récompense pour le film représentant le mieux représenté cette maladie, qui suscite encore trop peu d’empathie, dans le cinéma comme ailleurs.
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1 commentaire
Je suis schizophrène et les sujets que vous abordez m’intéresse