Tous libres de grimper dans les arbres
L’association Papa ours nature a développé techniques et savoir-faire pour rendre la grimpe d’arbre accessible aux personnes handicapées. Reportage à Aubagne, où les usagers d’un Centre d’accueil et d’activités de jour ont vécu intensément cette expérience sensorielle.
« J’ai eu l’impression d’être comme les aigles. Comme si je volais. » Revenue dans son fauteuil roulant, Patricia L. a encore la tête dans les nuages. Il y a quelques minutes, cette toute jeune retraitée, aux membres atrophiés, admirait le paysage depuis les branches du grand pin du Centre d’accueil et d’activités de jour (Caaj) de la Gauthière à Aubagne. Vue imprenable sur le Garlaban, la montagne de Marcel Pagnol, qui culmine à 714 mètres, à quelques kilomètres de là. « C’était magnifique ! »
Dans une coque ou une chaise hamac
« Nous avons voulu proposer à nos usagers une expérience qui leur permet de voir autrement leur environnement, précise Delphine Carras, la cheffe de service du Caaj. Une activité nature qui les amène à se dépasser, tout en les sensibilisant aux enjeux écologiques, à travers le lien à l’arbre. »
Pour que Patricia L. ait « l’impression de voler », le Caaj a fait appel à Papa ours nature. Cette association provençale a développé techniques et savoir-faire pour rendre la grimpe d’arbre accessible.
Les personnes handicapées peuvent prendre place, selon leur corpulence ou leur tonicité, dans une coque ou une chaise hamac. À charge pour les éducateurs grimpe d’arbre de les hisser jusqu’au sommet… ou à quelques mètres du sol seulement.
À chacun selon ses capacités… dans le respect des arbres
Mais celles en capacité d’utiliser leur bras peuvent actionner elles-mêmes une poignée faisant coulisser la corde et assurant ainsi la montée ou la descente. « On s’adapte à chacun, sourit Chloé Fourstier, éducatrice grimpe d’arbre. À chaque arbre aussi, car l’installation, temporaire, ne lui cause aucun dommage. »
Afin de garantir leur sécurité, les apprentis grimpeurs sont bien évidemment équipés de baudriers, reliés à la coque ou à la chaise hamac. Des baudriers plus faciles à utiliser car ils ne s’enfilent pas par les jambes, mais se clipsent autour du corps.
Une activité pour se reconnecter avec le vivant
À leur retour sur la terme ferme, tous affichent un grand sourire. Heureux d’avoir trouvé la confiance nécessaire pour surmonter leur peur. « J’étais très stressée au départ, raconte Claire A. Mais une fois arrivée en haut de l’arbre dans le siège, je me suis sentie à l’aise, carrément en sécurité. »
« Libre ! Libre ! », parvient à articuler Nathalie M, dans un élan d’enthousiasme. « Les arbres, la nature, les fleurs… », énumère Lilian M, visiblement ému.
« Grimper dans les arbres, c‘est davantage une démarche sensorielle qu’un défi physique, approuve Chloé Fourestier. C‘est une manière de se reconnecter avec le vivant, dans toute sa diversité. »
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