Comment, adulte, mon diagnostic de TDAH a changé ma vie
Le 12 juin, c’est la journée nationale du TDAH(1), un trouble du neurodéveloppement. Gaëtan Deschamps, artiste auteur en Bretagne – alias Rollingman-, a appris il y a quelques mois qu’il en était atteint. Ce diagnostic l’a libéré. Il a pu notamment comprendre ses difficultés de concentration, longtemps mises sur le dos de sa paralysie cérébrale.
« À 42 ans, je sais enfin expliquer ma lenteur, mon inattention, ma tendance à la procrastination, aux addictions, ma difficulté à prioriser, mon hypersensibilité… Ce ne sont pas juste des traits de caractère. Il y a quelques mois, j’ai reçu mon diagnostic : TDAH, pour trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité. Avec, en ce qui me concerne. C’est une hyperactivité cérébrale : mon cerveau est comme embouteillé.
« Pendant des années, j’ai cru être bête »
On m’avait toujours dit que ces troubles étaient en lien avec ma paralysie cérébrale, un handicap de naissance. Pendant des années j’ai cru être bête, en raison de mes difficultés en mathématiques, en logique, mon mal de chien à m’organiser. Ado, je ne comprenais pas mon épuisement, en fin de journée.
C’est ma compagne qui m’a mis sur la piste, en août 2023. Médecin, elle venait, elle aussi, de recevoir ce diagnostic, grâce au repérage de collègues de son hôpital.
« Soudain, 30 ans de fatigue tombaient sur moi et partaient en même temps »
J’ai passé les tests, et j’ai explosé les scores. Tout ou presque collait, jusqu’à ma mauvaise estime de moi-même et mon constant sentiment d’échec. Après un examen clinique avec l’équipe pluridisciplinaire de l’unité TND(2) de Pontivy, dans le Morbihan, le psychiatre m’a confirmé le diagnostic. Soudain, 30 ans de fatigue tombaient sur moi et partaient en même temps.
Le TDAH vient d’une moindre communication entre certaines zones du cerveau, et se caractérise par des niveaux moins élevés de dopamine et de noradrénaline, des neurotransmetteurs. Raisons pour lesquelles je m’accrochais à toutes les stimulations extérieures ou que je regardais très souvent la télévision. C’est aussi pour cela que je me suis autant réalisé dans la musique et l’écriture.
Une pathologie sous-diagnostiquée
Il semblerait que le TDAH soit fréquent chez les personnes ayant subi une souffrance néo-natale, comme moi, avec un manque d’oxygène, l’anoxie. Cela explique qu’il soit sous diagnostiqué en tant que pathologie distincte. Mais chez moi il y a peut-être aussi un facteur génétique. À 73 ans, ma mère est ainsi en cours de diagnostic. Bref, une combinaison de facteurs.
On m’a prescrit, un neurostimulant et du jour au lendemain, j’ai pu m’astreindre à une tâche sans être distrait par un papillon qui passe. J’ai également fini mon recueil de poésie qui attendait depuis des années. Intitulé Force & Tendresse, je viens de le publier.
Mais ce médicament ne marche pas pour tout le monde et ne fait effet que 12 heures. Alors, j’envisage d’entreprendre une thérapie cognitive comportementale pour mieux vivre avec ma maladie. Je ne dois pas brandir ce TDAH pour tout excuser et je sais que certaines difficultés restent liées à ma paralysie cérébrale. Mais il faut savoir que le TDAH est reconnu par les MDPH et qu’il y a donc des aides possibles.
Aider à mieux le détecter
Ma compagne, elle, aimerait se former à la détection du TDAH. Pour éventuellement organiser du dépistage dans des lieux où peuvent vivre des personnes non diagnostiquées (centres de rééducation, prisons…). Ce n’est ni une mode, ni une maladie mentale, mais un réel trouble, handicapant notre quotidien. Le TDAH existe à l’âge adulte. Se faire diagnostiquer peut changer la vie. Et cela a changé la mienne ! »
(1) L’association HyperSupers organise des événements le 12 juin à l’occasion de la journée nationale du TDAH et informe sur le diagnostic du TDAH à l’âge adulte. (2) Unité dédiée aux troubles du neurodéveloppement.
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