Législatives 2024 : le front républicain des associations contre le RN

Publié le 5 juillet 2024 par Franck Seuret
Plus de 210 candidats à la députation se sont désistés pour éviter une triangulaire qui aurait pu profiter au RN, comme ici dans la 6e circonscription des Bouches-du-Rhône. Quant aux associations de solidarité, elles sont très nombreuses à appeler à faire barrage à l'extrême droite. © Franck Seuret

Depuis l’annonce des élections législatives, de nombreuses associations de personnes handicapées ont appelé les électeurs à faire barrage au Rassemblement national dans les urnes. Les associations de solidarité ont fait de même. Tout comme la plupart des syndicats.

Le front républicain s’est reformé… dans la douleur. Depuis l’annonce des résultats du premier tour des élections législatives, dimanche 30 juin, plus de 210 candidats se sont retirés du second tour. Leur objectif : éviter une triangulaire, et donc minimiser les chances d’élection d’un député Rassemblement national (RN). Les appels à ne pas se maintenir, là où le RN peut l’emporter, ont été suivis quasi partout à gauche, et, dans une moindre mesure, par les macronistes, mais pas par les Républicains.

Le Collectif handicaps contre les « partis qui portent des discours de préférence nationale »

Du côté des associations de personnes handicapées, en revanche, la volonté de faire barrage au Rassemblement national, semble faire consensus. Avant même le premier tour, les 54 associations nationales du Collectif handicaps avaient appelé les citoyens à aller voter, les 30 juin et 7 juillet.

Même si le communiqué ne mentionnait pas explicitement le RN, le message était clair. « Les partis qui portent des discours de préférence nationale ou plus largement de rejet vont à l’encontre des valeurs humanistes qui font l’essence du mouvement associatif », expliquaient-elles dans ce texte, publié le 20 juin. Pourquoi ? Parce que « défendre les droits des personnes fragilisées voire exclues de la société, c’est avant tout refuser toute forme de discriminations. »

APF France handicap prend « position contre l’extrême droite »

Certaines d’entre elles ont également pris position, en leur nom propre. Comme APF France handicap. Dans un communiqué du 20 juin, l’association assure « comprendre la révolte, la colère, la détresse face aux gouvernements qui se sont succédé jusqu’à présent (…) imposant des mesures aggravant la précarité et les inégalités ».

Mais pour elle, l’extrême droite ne peut constituer une alternative car « tout projet politique qui vise au rejet de l’autre, quel qu’il soit, (…) menace le projet de société inclusive porté par l’association ». Et de brandir en repoussoir ce qui se passe ou s’est passé dans les pays où de tels partis sont, récemment, arrivés au pouvoir : mise en place de mesures discriminatoires, baisse des financements des associations, réduction des politiques sociales et de solidarité, casse des services publics…  APF France handicap prend donc « position contre l’extrême droite et appelle les citoyennes et les citoyens à aller voter ». 

« L’extrême droite est un danger pour les victimes de la pauvreté »

Les associations relaient leurs appels à faire barrage contre l’extrême droite sur les réseaux sociaux.

Plus largement, les associations de solidarité veulent faire barrage au Rassemblement national. Dès le 10 juin, les 35 fédérations et associations nationales de lutte contre la pauvreté et l’exclusion du collectif Alerte, rappelaient que « l’extrême droite est un danger pour les victimes de la pauvreté ».

« Car oui, le Rassemblement national veut trier les pauvres. Ce parti porte la priorisation de l’accès à certains droits et infrastructures aux Français, par rapport aux étrangers vivant sur le sol hexagonal, même si ces derniers travaillent et cotisent en France. Le projet du Rassemblement national prévoit une distinction dans l’accès aux logements sociaux, à la santé et au travail. »

« Assurons la défaite de l’extrême droite le 7 juillet »

« Assurons la défaite de l’extrême droite le 7 juillet », clament encore plusieurs dizaine d’associations, et de syndicats, dans un texte rendu public le 30 juin, à l’initiative de la Ligue des droits de l’Homme. Leur consigne se veut extrêmement pragmatique : voter pour la candidature la mieux placée après le premier tour, là où les partis en auront maintenu plusieurs face au RN. Même si c’est celle du député sortant issu « d’une majorité qui a mené des politiques ayant, dans les faits, renforcé l’extrême droite ».

Car, ce qui se joue dimanche dépasse radicalement ce qui nous divise, argumentent les signataires. « C’est une question encore plus essentielle qui va se jouer, celle de la possibilité de vivre toutes et tous ensemble en France. À cette question, le RN répond par un projet politique raciste et violent, celui de la destruction progressive des libertés et plus généralement de la République, qui a toujours été sa cible première. »

APF France handicap a signé cet appel, aux côtés de l’Uniopss, qui fédère de nombreuses associations des secteurs sanitaire, social et médico-social. Le message est clair. Reste une inconnue : la portée de ces prises de parole sur les électeurs.

La CNCDH et cinq grands syndicats contre le RN

La CNCDH a appelé solennellement, jeudi 4 juillet, les électrices et les électeurs à voter le 7 juillet pour les candidats les mieux placés afin de faire barrage aux candidats de l’extrême droite. Cette institution nationale indépendante a reçu de l’État la mission de veiller au respect des droits de l’Homme dans notre pays, « c’est-à-dire des principes de liberté, d’égalité et de fraternité, ainsi que d’égale dignité de la personne humaine, qui sont au fondement de notre République ». « La “préférence nationale” qui constitue le fil rouge de propositions [du RN], entre en contradiction totale tant avec les principes de notre Constitution qu’avec nos engagements internationaux », avance la CNCDH.

Par ailleurs, la CFDT, la CGT, la FSU, Solidaires et l’UNSA, ont, tous, d’une manière ou d’une autre, appelé à faire barrage à l’extrême droite. En revanche, la CFTC, FO et la CFE-CGC n’ont pas dérogé à leur principe de neutralité politique et n’ont donné aucune consigne de vote.

 

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