Mathieu Thomas, athlète en para-badminton : « Ces Jeux, c’était un rêve sportif, mais aussi une quête de soi »

Publié le 17 juillet 2024 par Claudine Colozzi
Mathieu Thomas a découvert le parabadminton à 28 ans. Il a enchaîné les victoires en simple et en double et s'est hissé parmi les meilleurs joueurs mondiaux. © Paul Patrix

En mai 2024, Mathieu Thomas, champion multimédaillé en parabadminton, a vu s’effondrer son rêve de participer aux jeux Paralympiques. Pour faire-face.fr, il a accepté de revenir sur cette non-qualification. Tourné vers l’avenir, ce sportif professionnel de haut niveau évoque aussi son nouveau défi : courir le Marathon pour Tous le 10 août à Paris.

Faire-face.fr : Le 16 mai dernier, vous avez appris que vous n’étiez pas qualifié pour les jeux de Paris. Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

Mathieu Thomas : Je ressens encore beaucoup de frustration, mais je commence à remonter la pente. Ce n’est pas facile de se relever quand on a mis toutes ses forces dans un rêve qui s’effondre. D’autant plus que c’est un deuxième échec après ma non-qualification pour Tokyo. Durant quatre ans, j’ai fait beaucoup de sacrifices pour ce projet #Mathieu2024. J’ai mis beaucoup de choses en place avec une préparation physique et mentale. J’ai mobilisé toute une équipe autour de moi. J’échoue à une place de la qualification malgré tous mes efforts. 

F-f.fr : Avec le recul, que vous a apporté de rêver à ces Jeux ?

M.T : Cela m’a amené à me dépasser et à réaliser, au final, le plus beau des rêves : se connaître soi-même, s’aimer afin de ne plus vivre pour faire, mais vivre pour être. Ces Jeux, c’était un rêve sportif, mais aussi une quête de soi.

Reprendre le pouvoir de sa vie

F-f.fr : Dans votre livre paru en avril 2024*, vous écrivez : « La vie c’est 10 % de ce qui t’arrive et 90 % de ce que tu en fais ». C’est un de vos credos ?

M.T : Je suis convaincu que l’acceptation, c’est la clé pour reprendre le pouvoir de sa vie. Je fonctionne ainsi : si un projet stagne, je pivote vers un autre, toujours en avançant, même s’il faut emprunter une voie différente.

F-f.fr : Vous vous êtes donc lancé un nouveau défi : courir le Marathon pour Tous le 10 août, dans la Capitale. Comment est née cette idée ?

M.T : Il y a quelques semaines, mon manager m’a reparlé de ce dossard que j’avais reçu… et un peu oublié. Et je lui ai dit : « On va le faire ! » C’est un défi fou de participer à ce marathon sur une jambe et demie [NDLR : à la suite d’une tumeur située dans le bas-ventre, comprimant le nerf crural, Mathieu a perdu la mobilité de sa jambe droite à l’âge de 17 ans]. Mais il fait sens pour moi.

Le médecin qui a traité mon cancer m’a dit que je ne pourrais plus jamais courir. Ces mots résonnent toujours en moi. Bien sûr, je ne vais pas vous mentir, cela va être compliqué dans les temps impartis de relever ce challenge. Mais je souhaite me prouver, qu’avec mon handicap… ou plutôt ma singularité, nous sommes tous capables de réaliser des exploits sportifs.

Dans une phase d’introspection

F-f.fr : Comment vous préparez-vous ?

M.T : J’ai rejoint la team Orange Running qui va m’aider à concrétiser mon projet. C’est un challenge personnel. Avec ma jambe, courir est loin d’être évident. Sur un terrain de badminton, je me déplace plus que je ne cours. Depuis le 1er juillet, je prépare donc mon corps. J’apprends à tenir sur de longues distances. L’échec n’est pas une option. J’irai au bout.

Pendant dix ans, je me suis beaucoup investi dans ce sport qui m’a donné beaucoup de plaisir. Est-ce toujours le cas ? Pratiquer le sport de haut niveau implique des sacrifices que je ne suis peut-être plus prêt à consentir. »

F-f.fr : Allez-vous continuer le parabadminton ?

M.T : Je me pose beaucoup de questions. Je prends mon temps. Pendant dix ans, je me suis investi à fond dans ce sport qui m’a donné beaucoup de plaisir. Est-ce toujours le cas ? Pratiquer le sport de haut niveau implique des sacrifices que je ne suis peut-être plus prêt à consentir.

Je suis dans une phase d’introspection, de réflexion autour de ce que je veux transmettre. Je pense me consacrer davantage à mon activité de conférencier. J’aime partager mon parcours, mes défis. Comment le sport m’a permis d’accepter, puis de transformer ma vie.

F-f.fr : Comment vous projetez-vous dans les mois qui viennent ? 

M.T : Ce qui m’anime, c’est aussi le projet JETEMEVOIS que je porte avec ma compagne Tiffany Mazars autour du handicap invisible. Trop de personnes souffrent de l’image que peut renvoyer le handicap. Nous voulons essayer de susciter plus de bienveillance de la part de la société.

* Rêve de je(ux) de Mathieu Thomas, City Éditions, 240 p., 16,90 €.

Comment 1 commentaire

J ai rencontré Mathieu lors d une séance avec la Team Orange Running et je ne le connaissais pas . Je ne sais pas si le défi du Marathon est plus difficile des 2 préparations Olympiques qu il a faite , mais c est un défi Hors Norme, pour Une Personne Hors Norme . Respect Mathieu

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