Quand des artistes en situation de handicap s’exposent au Sénat
Jusqu’au 8 septembre, à l’Orangerie du Sénat, à Paris, une centaine d’œuvres picturales ou sculptées d’une trentaine d’artistes en situation de handicap s’offrent au regard du public. Celles d’esprits libres dans des corps parfois entravés. L’art coûte que coûte est une initiative d’APF France handicap proposée en parallèle des jeux Paralympiques.
« Voir mes toiles dans un lieu comme celui-là, c’est juste magique », confie Martin Buffet, lors du vernissage, jeudi 29 août, de l’exposition L’art coûte que coûte, présentée à l’Orangerie du Sénat jusqu’au 8 septembre . Âgé de 43 ans, ce goût pour les pinceaux et les couleurs lui est venu dès l’enfance. Et aujourd’hui, il l’exerce principalement… sous l’eau.
Pour cela, il enduit ses toiles d’une sorte de gel avant de plonger dans la mer, avec des bouteilles. Il peint alors à l’huile, aidé de deux personnes qui tiennent sa toile. « Dans l’eau, mon corps n’est plus empêché, c’est génial ! », explique-t-il, lui qui est atteint d’une ataxie Charlevoix Saguenay et se déplace en fauteuil roulant.
« Harmonie entre les couleurs »
Cet habitant des Côtes-d’Armor compte parmi la trentaine d’artistes du Havre, d’Avignon, de Paris ou bien encore de Chartres et de Savoie… à avoir leurs œuvres exposées dans l’écrin de l’Orangerie du Sénat, au cœur du Jardin du Luxembourg. Dans une alvéole de 65 mètres carrés, plus de 60 tableaux, une trentaine de masques et cinq grandes sculptures voisinent.
« Nous avons organisé l’espace de façon à créer une harmonie entre les couleurs, les styles picturaux. Pour offrir une expérience unique, immersive », indique Nathalie Caclard, historienne de l’art et responsable des programmes nationaux art, culture et numérique à APF France handicap.
Éloge de « la vitalité et de la vibration »
« Ces créations ont une grande fraîcheur. Ce qui est recherché ici, c’est la vitalité, la vibration », commente Christian Noorbergen, critique d’art. À ses yeux, « toutes ces œuvres ont une présence », et il salue : « Aucun de ces artistes ne cherche à plaire. Ils peignent ce dont ils ont envie. »
Un public touché au cœur
Et cela séduit le public de passage. Déjà plusieurs centaines de visiteurs sur les deux premiers jours d’ouverture, l’exposition L’art coûte que coûte ayant débuté le 28 août. En témoigne le livre d’or, où une jeune mère, venue avec son enfant de 4 ans, a écrit : « Merci pour cette découverte très enrichissante et émouvante avec des esprits sans cadre. […] Un petit grain dans le cœur de mon petit garçon. »
« Il y a deux ans, beaucoup de visiteurs s’étaient confiés. S’autorisant même à pleurer, submergés par leurs émotions », se souvient Joëlle Bécard, plasticienne, longtemps salariée de l’association, qui est aussi animatrice d’ateliers artistiques. C’est en effet la deuxième fois qu’APF France handicap organise une exposition dans ce lieu prestigieux. Une édition 2022 qui avait accueilli 7 000 visiteurs de 15 nationalités différentes.
Cette fois, elle se tient en même temps que les jeux Paralympiques de Paris 2024. Une façon de dire : tout comme vous regardez les performances de sportifs, découvrez aussi le talents d’artistes. Bousculer les regards et les préjugés sur le handicap, c’est aussi ça.
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2 commentaires
Merci pour cet article poignant. Il est, d’autant plus, publié avant la fin de l’exposition. Vous pouvez donc y courir vous faire votre propre avis.
Encore merci pour ce bel article.
Mais c est tout simplement génial tout ça. Un grand merci au Sénat et bravo a tous. Martin Buffet, ce que tu fais est extra.