Jeux paralympiques Paris 2024 – Cédric Denuzière, paratriathlon : « Ces premiers Jeux en France, c’est très stimulant, mais ça met aussi beaucoup de pression »

Publié le 31 août 2024 par Claudine Colozzi
Sa médaille de bronze aux championnats du monde en Espagne en 2023 a permis à Cédric Denuzière d’y croire. « Atteindre ce niveau de compétition pour la première fois a rendu concrets tous mes efforts.» © Wagner Araujo /World Triathlon

Triple champion de France de paratriathlon, Cédric Denuzière, 35 ans, participe pour la première fois aux jeux Paralympiques. Sa troisième place au championnat du monde en Espagne, en septembre 2023, lui a permis de rêver en grand. Dimanche 1er août, il s’élancera près du pont Alexandre III à Paris, déterminé à profiter à fond de cette « folle aventure »*.

Faire Face : Quand avez-vous commencé le sport ?

Cédric Denuzière : Dès l’enfance. J’ai toujours apprécié les disciplines avec ballon pour le côté collectif. La malformation congénitale affectant ma jambe gauche ne m’a jamais empêché de pratiquer le foot ou l’escrime. Puis, je me suis mis au volley et au VTT. Ça a toujours été un plaisir d’aller faire du sport. Mes parents, sans jamais me pousser, m’ont toujours accompagné dans cette démarche.

Dans la salle d’attente du kiné, une affiche pour un club handisport

FF : Comment avez-vous découvert le handisport ?

C.D : Depuis tout jeune, j’ai des séances de kiné. Dans la salle d’attente, il y avait une affiche d’un club handisport qui proposait de la natation, du cyclisme et du tir sportif. À force de voir cette affiche, un jour, je me suis dit que j’allais les contacter. Le VTT commençait
à devenir compliqué pour moi. J’avais envie de passer au vélo de route. L’effort qu’on doit fournir est plus continu, moins violent que pour le VTT. En 2017, j’ai décidé de rejoindre l’AS Handivienne et j’ai commencé le cyclisme avec cette association handisport.

L’AS Handivienne m’a permis de progresser et d’arriver au niveau où j’en suis aujourd’hui. Ils ont été géniaux et, surtout, très bienveillants. »

FF : Vous veniez de clubs valides. Vous êtes-vous intégré facilement ?

C.D : Oui, j’ai été accueilli à bras ouverts. Ils m’ont tout de suite poussé vers la compétition et convaincu de m’engager dans les championnats de France. L’AS Handivienne m’a permis de progresser et d’arriver au niveau où j’en suis aujourd’hui. Ils ont été géniaux
et, surtout, très bienveillants. Alors, rapporter des médailles c’est un peu ma manière de les remercier pour tout ce qu’ils m’ont apporté. Tout le monde n’a pas la chance de tomber sur un club comme celui-là. Même s’il en existe de plus en plus, partout en France.

FF : Qu’est-ce qui vous a amené au paratriathlon ?

C.D : J’ai commencé avec le paracyclisme car j’aimais depuis le début beaucoup le vélo. Marcher ou courir a, en effet, toujours été bien plus contraignant pour moi. Puis, j’ai découvert le triathlon. En 2019, j’ai remporté mon premier championnat de France à Montluçon, dans l’Allier, et j’ai senti que je me prenais au jeu de la compétition.

Un emploi du temps professionnel aménagé pour se préparer aux Jeux

FF : Aviez-vous un appareillage particulier ?

C.D : J’ai toujours porté des chaussures orthopédiques. J’en suis encore équipé aujourd’hui. Ce qui n’est pas évident pour courir, car une chaussure orthopédique ne possède aucun amorti. Je m’épuisais donc beaucoup. Alors, quand je me suis vraiment lancé dans le paratriathlon, j’ai opté pour une lame de course à pied. Avec le prothésiste, il a fallu six mois d’ajustements. Mais au final, j’ai vraiment vu la différence. J’ai grandement pu améliorer ma pratique sportive et j’ai franchi un cap.

FF : Comment parvenez-vous à concilier votre vie professionnelle, l’entraînement et les compétitions ?

C.D : Depuis mai 2023, je bénéficie d’un emploi du temps aménagé. Je travaille à mi-temps comme contrôleur des finances publiques. Mes après-midi ont été consacrés à l’entraînement et à la préparation physique. Cela commençait à devenir difficile de tout cumuler.

À un moment, si l’on veut des résultats, il faut s’impliquer davantage. Il n’y a pas de secret ! Seul le travail paye et permet de progresser. Grâce à cette nouvelle organisation, j’ai pu combiner du renforcement musculaire et des séances de kiné. Optimiser aussi ma récupération physique après l’effort.

Une discipline qui nécessite un matériel coûteux

FF : Vous bénéficiez du mécénat de la Masfip (Mutuelle d’action sociale des finances publiques). Que vous apporte cet accompagnement ?
C.D : Un immense soulagement. Sans ce soutien, je ne serais sans doute pas arrivé jusque-là. Trouver des sponsors est très compliqué et demande d’y consacrer beaucoup de temps. Or, je ne peux pas me passer de ce soutien financier. Ma discipline nécessite un matériel spécifique très onéreux. Je cumule trois sports ! De plus, pour accroître mes performances, il m’a fallu participer à des compétitions internationales. Les déplacements sont coûteux, mais indispensables pour montrer ce dont on est capable tout en se mesurant aux autres athlètes.

FF : Quelles sont vos ambitions pour ces Jeux ?
C.D : Participer à mes premiers Jeux en France, c’est évidemment très stimulant, mais ça met aussi beaucoup de pression. Une chose est sûre : j’ai progressé à chaque course. Ma médaille de bronze aux derniers championnats du monde, en Espagne, me permet d’y croire. Atteindre ce niveau de compétition pour la première fois a rendu concrets tous mes efforts.

FF : Les Jeux de Paris 2024, c’est aussi l’occasion de faire découvrir votre sport, non ?
C.D : C’est exact. Nous sommes de plus en plus nombreux à pratiquer le paratriathlon, qui devient donc de moins en moins confidentiel. Le mérite en revient aussi au gros travail de communication réalisé par la Fédération française de triathlon.

Le cyclisme, la discipline favorite de Cédric Denuzière

FF : Avez-vous une préférence pour l’un des trois sports – natation, course cycliste et course à pied –, que combine le paratriathlon ?

C.D : Même si j’ai appris à aimer les deux autres, le cyclisme reste ma discipline favorite. Depuis que je suis tout petit, le vélo me permet de m’évader, d’aller plus loin que ce que m’autorisent mes deux jambes. J’entretiens une relation particulière avec ce sport et j’ai des souvenirs très forts de sorties dans des paysages incroyables, au milieu des vignes dans la vallée du Rhône, ou, il y a quelques mois, dans le Var, du côté de Saint-Raphaël et du massif de l’Estérel.

Bien sûr, je ne suis pas là pour faire du tourisme. (Rires.) Mais je ne vais pas non plus fermer les yeux quand j’ai la chance de rouler dans des endroits aussi beaux.

* Cette interview de Cédric Denuzière a déjà été publiée dans le magazine Faire Face – Mieux vivre le handicap de janvier-février 2024  et mise à jour à l’occasion des jeux Paralympiques.

Cédric Denuzière en six dates
29 juin 1989 : naissance à Vienne (38).
Septembre 2017 : rejoint le club handisport AS Handivienne.
2018-2019 : Coupe de France Cofidis de paracyclisme.
Octobre 2019 : premier titre de champion de France de paratriathlon. Suivront deux autres titres en 2022 et 2023.
Août 2023 : finit deuxième au Test Event Paris (épreuve test avant les Jeux de Paris 2024).
Septembre 2023 : médaille de bronze pour sa première participation aux championnats du monde de paratriathlon à Pontevedra (Espagne).

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