Jeux paralympiques Paris 2024 – Lucas Mazur, parabadminton : « Taper le volant, ça fait un bien fou »

Publié le 1 septembre 2024 par Claudine Colozzi
Il y a trois ans, à Tokyo, Lucas Mazur décrochait la première médaille d'or française dans l'histoire du parabadminton. Aux Jeux de Paris, il aimerait bien renouveler l'exploit. © Vincent Curutchet/KMSP/France Paralympique-

Avec deux médailles en parabadminton remportées aux derniers Jeux de Tokyo, dont une en or, en simple, Lucas Mazur s’est imposé comme une valeur sûre de la délégation française. Son palmarès en championnats d’Europe et du monde est impressionnant. À 26 ans, il entend bien continuer à marquer l’histoire de sa discipline en simple comme en double mixte avec sa partenaire Faustine Noël*.

Faire Face : À quel moment le sport est-il entré dans votre vie ?

Lucas Mazur : Je suis né dans une famille de sportifs. Mon père était pongiste et ma mère basketteuse professionnelle. J’ai baigné dans l’amour du sport. Dès l’âge de 6 ans, j’ai commencé à pratiquer le football. Comme beaucoup de gamins, je rêvais de devenir footballeur professionnel. Après, j’ai fait un peu de rugby et ensuite le badminton.

FF : Depuis quand pratiquez-vous le para-badminton ?

L.M : Vers 12 ans, au collège, je découvre ce sport en cours d’éducation physique et sportive (EPS), puis avec l’AS [association sportive] de mon établissement. Je décide de m’inscrire dans un club où je joue d’abord avec des personnes valides. Puis, je rejoins le collectif France de para-badminton. Je suis sélectionné pour la première fois en équipe de France en 2014.

Le sport, une façon de s’affirmer face aux moqueries à l’école

FF : Que vous a apporté la pratique d’un sport ?

L.M : Cela m’a donné les moyens de m’exprimer et de me battre. En raison de ma légère boiterie du côté droit, suite à un AVC quand j’avais 3 ans, j’ai subi des moqueries à l’école, puis au collège. Pratiquer le badminton, notamment avec des personnes valides au début, m’a permis de faire pencher la balance de l’autre côté et de rééquilibrer les choses. Surtout qu’avec ma taille [1,92 m, ndlr], j’ai vite eu des facilités.

Le badminton est un sport de duel. J’ai tout de suite aimé “performer”. Je me suis épanoui grâce à la compétition. »

FF : Pourquoi avez-vous accroché avec cette discipline ?

L.M : Le badminton est un sport de duel. J’ai tout de suite aimé “performer”. Je me suis épanoui grâce à la compétition. J’ai commencé à gagner des titres en championnats d’Europe, puis en championnats du monde à partir de 2014, et je me suis entraîné dur pour m’améliorer. Je conseille à tout le monde d’essayer d’aller taper le volant. Ça fait un bien fou. C’est accessible à toutes les personnes avec un handicap physique, y compris les personnes en fauteuil.

Inscrire son nom dans l’histoire de cette discipline

FF : Quelles sont les spécificités du parabadminton ?

L.M : Pour moi, elles sont peu nombreuses car dans ma catégorie de handicap, je joue sur un terrain classique. Pour tous les pratiquants, la hauteur du filet est d’un mètre cinquante-cinq et les matchs se gagnent en deux sets de 21 points. Les personnes en fauteuil, elles, jouent sur un demi-terrain à l’exclusion de la zone avant et du couloir latéral.

FF : Quelle place occupe le sport dans votre vie quotidienne en tant qu’athlète de haut niveau ?

L.M : Je m’entraîne tous les jours, bien sûr, à raison de quinze à vingt heures d’entraînement par semaine. Il faut garder un rythme régulier, ne pas oublier la préparation physique et mentale pour rester au top. 

FF : Le parabadminton a fait son entrée aux Jeux de Tokyo durant l’édition 2021. L’enjeu était énorme pour vous. Dans quel état d’esprit étiez-vous avant la compétition ?

L.M : Clairement, quand j’ai appris que le badminton rejoignait les disciplines paralympiques en 2015, je me suis dit que je voulais être le premier à y inscrire mon nom. Je m’en suis donné les moyens. Malgré tout, plus la date de la compétition approchait, plus la pression montait. Cela n’a pas été facile à gérer. Surtout dans les conditions liées à la crise sanitaire. J’ai failli craquer, j’ai douté mais j’ai pu compter sur mes entraîneurs et mon entourage pour me soutenir même à des milliers de kilomètres.

Apprendre à partager le terrain en double mixte

FF : Vous jouez en simple mais aussi en double mixte. Que vous apporte ce jeu en duo ?
L.M : Il faut apprendre à partager le terrain. Ce n’est pas toujours facile. Cela nécessite une grande complicité entre les deux partenaires. Mais c’est très complémentaire.

FF : Les Jeux à Paris, cela représente quoi pour vous ?

L.M : Ces Jeux et le sport en général sont un accélérateur d’inclusion. L’enjeu est énorme. Tous les athlètes en ont conscience.

* Cette interview de Lucas Mazur a déjà été publiée dans le magazine Faire Face – Mieux vivre le handicap de janvier-février 2021 et mis à jour à l’occasion des jeux Paralympiques.

Lucas Mazur en six dates

18 novembre 1997 : naissance à Orléans (Loiret). À 3 ans, il est victime d’un accident vasculaire cérébral et développe une malformation de la cheville droite.
2009 : découvre le badminton en cours d’EPS. Débute au club de Colomiers (31).
2012 : intègre le collectif France de parabadminton.
2016 : élu joueur handisport international de l’année.
2021 : médaille d’or aux jeux Paralympiques de Tokyo (catégorie SL4, joueur debout avec un handicap touchant un membre inférieur). Médaille d’argent en double mixte avec Faustine Noël.
2023 : double médaillé d’or aux Jeux européens de Rotterdam (Pays-Bas).

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