Paris 2024 : un tremplin pour le parasport de haut niveau ?
Médailles en cascade pour les tricolores, ferveur du public, large couverture médiatique… Les jeux Paralympiques de Paris ont rencontré un immense succès. Et après ? L’événement sera-t-il un accélérateur pour la pratique sportive de haut niveau ? La question reste ouverte mais, pour nombre d’experts, beaucoup de progrès sont d’ores et déjà acquis.
Un succès. Quelques heures avant la cérémonie de clôture, le comité paralympique et sportif français (CPSF) et la ministre démissionnaire des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, ne cachaient pas leur satisfaction. Aussi bien côté stade, que côté tribunes. Avec notamment plus de 2,4 millions de billets écoulés. Derrière le petit écran, le public a aussi répondu présent. « Les audiences n’ont jamais été aussi hautes. Plus de dix millions de personnes ont suivi la cérémonie d’ouverture et deux millions, en moyenne, les épreuves des Jeux. La couverture de France Télévisions et des médias en général s’est considérablement renforcée cette année », savoure Marie-Amélie Le Fur, présidente du CPSF.
Pour la première fois, l’ensemble des disciplines paralympiques a été diffusée par France Télévisions, entre ses chaînes et la plateforme france.tv. La finale du cécifoot, France-Argentine, en particulier, a fait bondir l’audimat.
« Les Français ont compris ce qu’étaient les jeux Paralympiques »
Sans parler des quelque 200 000 personnes venues au Club France, ce lieu de ralliement des supporters où les athlètes ont défilé pour fêter leurs médailles avec le public pendant la compétition. Basé à La Villette, au nord de Paris, le site a aussi accueilli des concerts et des initiations sportives, de l’escrime à la boccia en passant par le rugby fauteuil.
« Ça y est, les Français ont compris ce qu’étaient les jeux Paralympiques », commente Marie-Amélie Le Fur. « Partout où on allait, il y avait une vraie curiosité : le public nous posait des questions sur nous, nos championnats… Des instants magiques », apprécie, pour sa part, le chef de mission de la délégation française, Michaël Jérémiasz.
La France dans le top 8 mondial des médailles
Côté performances sportives, l’équipe de France a atteint son objectif : entrer dans le Top 8 mondial au classement des médailles, avec 75 podiums dont 19 titres paralympiques. C’est beaucoup plus qu’à Tokyo en 2021, et surtout trois fois plus qu’à Rio (28 médailles), en 2016. Le cyclisme (10 médailles d’or), la natation et le triathlon, entre autres, ont offert de belles performances.
Féminiser le sport paralympique, un enjeu pour l’avenir
Il reste cependant des points d’améliorations. Par exemple en athlétisme, sport qui réunit le plus d’épreuves aux Jeux, mais où la France n’a remporté aucune médaille d’or. Et où le renouvellement de génération se fait attendre. Reste aussi à favoriser la parité… Sachant que seules 34 % des athlètes paralympiques tricolores sont des femmes. Avec seulement trois championnes durant cette édition (il n’y en avait aucune à Tokyo).
« Il faut qu’on féminise cette équipe de France », reconnait Marie-Amélie Le Fur. Notamment en incitant les femmes à pratiquer une activité sportive ou encore en mettant l’accent médiatique sur des modèles, des championnes reconnues « qui puissent porter un message et ouvrir le champ des possibles aux femmes et aux jeunes filles. »
Un soutien financier pérenne ?
Mais quid aussi des moyens apportés pour décrocher des médailles ? Parmi les moyens financiers mis sur la table ces dernières années, figure une garantie de revenu minimum à 40 000 €, pour les athlètes suivis par la cellule haute performance de l’Agence nationale du sport (ANS). Comprendre : si un athlète touche moins que cette somme durant l’année, l’agence complète sa rémunération pour l’atteindre.
Un dispositif qui a concerné 150 sportifs sur les 240 Français présents aux Jeux. Pour les autres, un engagement de l’État assure si besoin a minima 15 000 € de revenus annuels par athlète, pour essayer d’éviter aux sportifs paralympiques de se retrouver en situation de précarité.
« On ne peut plus décevoir »
« Il y a peu de chances qu’on revienne là-dessus, ce qui pourra être ajusté ce sont éventuellement les montants », déclare Marie-Amélie Le Fur. Le budget alloué pour le “projet Paralympiques” a lui aussi augmenté : « En 2016, trois millions d’euros étaient distribués chaque année dans le champ de la haute performance, aujourd’hui on est à 12 millions…», rappelle Claude Onesta, manager général de la haute performance de l’ANS.
À l’écouter, difficile d’imaginer un recul car il faudra désormais répondre à de nouvelles attentes en France. « On n’a plus le droit de décevoir. Nous allons repartir sur les échéances futures avec des niveaux d’exigences et d’objectifs plus élevés… »
« Pas de retour en arrière possible »
Quant à l’objectif de proposer une fête populaire, il semble là aussi que les Jeux de Paris marquent également une rupture. « Les représentants de l’IPC (le comité paralympique international, Ndlr) nous ont dit : désormais les Jeux de référence seront les Jeux de Paris 2024. Il y aura un avant et un après », relate Marie-Amélie Le Fur.
Michaël Jérémiasz souffle la même idée. « Le monde a changé depuis 20 ans, quand les athlètes n’existaient pas, les stades étaient vides et aucun média n’avait d’intérêt pour le mouvement paralympique, analyse-t-il. Il s’est passé quelque chose. Même s’il reste encore à démocratiser le sport pour tous. Il n’y aura pas de retour en arrière possible. Impossible quand on a suscité l’envie et le désir auprès du public et auprès des athlètes. On ne peut plus dire que ça ne marche pas ! »
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