La MDPH de Belfort ouvre grand le sport aux personnes handicapées

Publié le 12 septembre 2024 par Franck Seuret
Via la MDPH du Territoire de Belfort, les parents de Maëlann ont obtenu le prêt d'un tricyle, qu'une association a acheté pour elle. Lorsque la fillette sera trop grande, un autre enfant en bénéficiera. © DR

Faites du sport ! Pour que ce mot d’ordre ne reste pas une vaine incantation, la MDPH de Belfort a mis en place une politique proactive. Elle s’est dotée d’un référent sport et a constitué, avec des associations partenaires, un parc d’équipements destinés à être prêtés.

Cinq minutes de pédalage, il y a un an. Quarante minutes, maintenant. « Depuis qu’elle a commencé à faire du vélo, Maëlann, qui a 6 ans, a beaucoup gagné en endurance », s’enthousiasme Thibault Quartier, le père de la fillette. En tonicité musculaire aussi. Sans compter le plaisir d’une balade en famille. « Et quand le tricycle ne sera plus à sa taille, nous le rendrons à Sinaps, l’association qui l’a mis à notre disposition. » Une des associations partenaires de la Maison départementale des personnes handicapées du Territoire de Belfort, l’une des rares en France, sinon la seule, à compter dans ses rangs un référent sport.

Conseiller et orienter les personnes, accompagner les clubs

« Ma mission consiste à favoriser l’accès au sport pour les personnes en situation de handicap », résume Yannick Calley. Comment ? D’abord en conseillant toutes celles qui sollicitent la MDPH, à leur initiative, ou sur préconisation d’un établissement ou service médico-social. Quelle est leur motivation ? Quel sport serait le plus adapté à leurs envies et à leurs capacités ? Dans quel club pourraient-elles s’inscrire ?

« Et s’il n’y a aucune offre déjà existante, je contacte des clubs pour tenter de lever les freins à l’accueil de pratiquants handicapés. Cela peut-être simplement de la méconnaissance. Ou bien encore le manque de matériel adapté. Dans ce cas, mon rôle, c’est de créer un pont entre la structure qui a ce besoin et celle qui pourra lui prêter des équipements. »

Un financement individuel pour les sportifs aguerris

La MDPH du Territoire de Belfort a en effet mis en place une démarche innovante de mutualisation de matériel sportif. Bien sûr, comme partout ailleurs, un allocataire de la prestation de compensation du handicap (PCH) peut solliciter une aide pour l’achat d’un handbike, d’un fauteuil d’athlétisme ou bien encore d’une raquette adaptée. « Cela peut être intéressant pour des sportifs sûrs de leur choix et ayant une pratique régulière » , souligne Yannick Calley.

Du matériel pour les débutants et les enfants

« Mais acquérir son propre équipement n’est pas forcément utile lorsqu’on débute ou pour un enfant en pleine croissance », poursuit-il.  Pour répondre aux demandes de tels usagers, la MDPH peut compter sur un parc de matériel que des associations partenaires ont constitué depuis 2006, avec son soutien.

Un jeune homme handicapé veut se mettre au handbike ? Il pourra alors bénéficier d’un prêt, aussi longtemps que nécessaire. Et si aucun équipement du pot commun ne correspond à ses besoins, la MDPH cherchera des financeurs pour que Sinaps ou le Comité départemental handisport puisse l’acheter et le lui mettre à disposition.

« C’est ce qui s’est passé pour Maëlann, raconte son père. Fin 2022, nous avons rencontré Yannick Calley. Quelques jours plus tard, nous sommes repartis avec un tricycle à l’essai. Comme il était trop petit, la MDPH a conseillé Sinaps pour en acquérir un autre, en juin 2023, parfaitement adapté à notre fille. »

Depuis, la famille s’est également fait prêter un fauteuil de randonnée. Toujours par Sinaps « C’est un dispositif réactif, pratique et peu coûteux, se félicite Thibault Quartier. Nous payons simplement une cotisation de 80 € par an. »

Un investissement annuel de 15 000 à 20 000 € via des associations partenaires

Chaque année, les associations partenaires investissent 15 000 à 20 000 € dans l’achat de matériel répondant à la demande d’usagers de la MDPH mais ayant ensuite vocation à servir aussi à d’autres enfants et adultes en situation de handicap. Grâce à l’entremise de la MDPH, qui les oriente vers des financeurs – l’Agence nationale du sport (ANS), le Conseil départemental (CD), la ville de Belfort, des mécènes privés – et les aide à monter les dossiers de demande.

« La mutualisation des équipements de sport a vraiment du sens », pointe Yannick Calley. Une quarantaine de personnes bénéficient d’une mise à disposition chaque année. « Mais je tiens à souligner que cela n’empêche pas les sportifs qui le souhaitent de déposer une demande de financement de matériel personnel au titre de la PCH. »

Un petit département densément peuplé

Son poste de référent ainsi que le mi-temps d’une personne chargée de gérer le parc représentent, eux, un budget de 70 000 €. Une charge répartie à parts à peu près égales entre l’ANS, le CD et la MDPH.

« Il est vrai que nous sommes un petit département », reconnaît Béatrice Damidaux, la responsable de la MDPH 90. Le territoire de Belfort ne compte en effet que 140 000 habitants, contre 2,5 millions pour le Nord. Mais la population est assez concentrée, ce qui facilite le maillage territorial. « La politique que nous menons depuis une quinzaine d’années a fait ses preuves. » Il n’y pas que les jeux Paralympiques qui peuvent être source d’inspiration.

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