[Lecture] Guislaine Westelynck, présidente de la FFH : « Quand j’ai glissé dans l’eau, je me suis trouvée »

Publié le 30 septembre 2024 par Claudine Colozzi

Présidente de la Fédération française handisport depuis 2018, Guislaine Westelynck, 65 ans, œuvre pour le développement de la pratique sportive des personnes en situation de handicap. Cette ancienne athlète de haut niveau, médaillée aux jeux Paralympiques de Séoul en 1988, sait ce qu’elle doit à la natation. Elle le raconte dans un livre, J’ai surmonté mon handicap comme un poisson en haute mer, paru fin août.

« J’ai découvert la natation en centre de rééducation à l’adolescence. À la suite d’une chute, à 9 ans, j’avais appris que je souffrais d’une maladie apparentée à l’ostéogenèse. Les opérations s’enchaînaient. Un jour, un bénévole d’une association sportive est venu nous proposer du tennis de table en fauteuil, du tir à la carabine et de la natation. L’idée m’a plu.

Révélateur de forces intérieures

Le dimanche matin, Guislaine Westelynck enchaîne les longueurs pendant deux heures, aussi souvent que possible. © DR

J’ai rapidement compris que le sport serait salvateur. Il m’a permis de découvrir des forces intérieures qui m’ont aidée durant toute ma vie de sportive, mais aussi de femme. Quand j’ai glissé dans l’eau, je me suis trouvée. Mon club, le club handisport de Marseille, a aussi été très important. À la fois un refuge, un repère, un lieu d’échanges et d’écoute entre pairs.

Aujourd’hui encore, quand je rentre dans une piscine, que je sens cette odeur si spéciale, j’éprouve la sensation d’être dans mon élément. D’ailleurs, le besoin de nager est toujours très vif. Toutes les semaines, le dimanche matin, j’ai le même rituel : enchaîner les longueurs durant au moins deux heures. Si mon emploi du temps ne le permet pas, je ressens comme un manque. 

Des sportifs à part entière et non entièrement à part

Les victoires, les médailles, notamment aux jeux Paralympiques de Séoul en 1988, m’ont apporté beaucoup de joie et de fierté. Mon credo : être considérés comme des sportifs à part entière et non entièrement à part. Gagner c’est gratifiant, mais j’ai aussi beaucoup aimé transmettre en devenant entraîneure [elle a entraîné l’équipe de France féminine de natation handisport de 1991 à 2010]. C’est sans doute la raison pour laquelle j’ai décidé de m’engager au sein de la Fédération française handisport.

Je tiens en haute estime cette mission qui est la nôtre d’encourager les individus à explorer différentes activités sportives pour trouver celle qui leur apportera du bonheur et du plaisir. Notre rôle est de développer la pratique sportive pour des personnes en situation de handicap, mais pas forcément dans un but de de compétition. C’est important parce que le sport est un formidable facteur d’autonomie. Et chacun doit pouvoir trouver une façon de s’épanouir selon sa singularité. Je voudrais tant donner à toutes les personnes handicapées quel que soit leur état, la force d’‘avancer. »

 Guislaine Westelynck est également vice-présidente du Comité paralympique et sportif français.

Extrait

« Quand nous sommes appareillés, notre appareillage nous est retiré pour aller dans l’eau. Être dans l’eau, j’imagine que c’est comme être dans les nuages. Notre corps mal foutu, couvert de cicatrices, ne se voit plus. Mais là n’est pas l’essentiel ; dans l’eau, nous devenons des poissons qui s’y propulsent rapidement ou des oiseaux qui volent dans le ciel acrobatiquement.  Dans l’eau de la piscine, nous oublions le regard des autres, nos corps deviennent légers, sans douleurs. Nous sommes libres, requinqués, maîtres de notre autonomie. »

J’ai surmonté mon handicap comme un poisson en haute mer, Guislaine Westelynck avec la collaboration de Roselyne Madelénat, éd. Le Courrier du Livre, 207 p., 17 €.

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