Juliette, diagnostiquée autiste à 32 ans : « Être comme on est coûte tellement moins d’énergie ! »

Publié le 24 octobre 2024 par Élise Descamps
Juliette nous a confié une de ses photographies qu'elle a retravaillée, symbole de la façon dont elle reprend sa vie en main depuis son diagnostic d’autisme. © DR

Juliette, Strasbourgeoise de 32 ans, a pris connaissance de son diagnostic d’autisme en mars dernier. Elle a ainsi enfin pu mettre des mots sur la différence qu’elle ressentait. Aujourd’hui, se savoir porteuse d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA) l’aide à avancer et à affirmer sa personnalité. 

Il aura fallu un burn-out et une dépression pour que Juliette l’apprenne : elle est autiste. Des années à être considérée comme timide, lente, voire bizarre. Des années à se sentir différente mais à compenser au maximum pour donner le change. D’autant que souvent, son état était mis sur le compte d’un surinvestissement familial, sa sœur ayant une infirmité motrice cérébrale.

Juliette a tenu, au prix d’efforts incessants et d’une fatigue permanente. Mais après deux années de psychothérapie, et une série de diagnostics (elle est aussi TDAH), elle peut dire : « Tout ce que je ressentais, c’était juste. »

« J’entends le réfrigérateur respirer »

Dans son cas, elle avance comme premier symptôme son hypersensorialité. « J’entends le réfrigérateur respirer, les essuie-glaces de la voiture. J’effectue mes achats avec un casque antibruit et des lunettes de soleil. Je ne supporte pas les produits d’hygiène, dont le parfum est trop fort. » Avoir un contact physique avec les autres ou soutenir leur regard lui est aussi très désagréable.

Sociable et très empathique, Juliette peine pourtant à entretenir les relations. « Je dis oui aux sollicitations, mais quand je ne vois pas les personnes, j’ai tendance à les oublier malgré moi. » Prévoir une sortie peut se transformer en enfer cérébral. « Petite, invitée à un anniversaire, je voulais savoir à l’avance combien de personnes il y aurait, quels seraient les cadeaux, ce que nous allions manger, si ma maman pourrait m’emmener… Une pensée en arborescence interminable. »

Ce qu’elle analyse comme un besoin de tout maîtriser se traduit aussi par une recherche de routine et d’organisation. Les rendez-vous de dernière minute ne font pas partie de son quotidien.

Une « tendance à communiquer sans filtre »

Son esprit critique peut aller à l’encontre des codes sociaux. « Lors du décès d’un collègue, mon équipe a organisé une cagnotte pour une couronne de fleurs. Je n’ai pas participé car j’aurais aimé qu’on considère le défunt de son vivant plutôt qu’à sa mort. Cela a créé un malaise. » Elle a aussi « tendance à communiquer sans filtre » et à traiter tout le monde de la même façon.

Mais son trouble du spectre de l’autisme (TSA), ce sont aussi des aptitudes. Par exemple, elle a un intérêt spécifique, très poussé, pour un sujet bien précis : l’écriture. Son histoire, la traduction, les outils d’écriture… jusqu’au son que produisent les stylos ! Elle maîtrise d’ailleurs trois langues étrangères et deux dialectes. « Mais je suis capable de me perdre dans un bureau ! », tient-elle à préciser, pour balayer tout risque d’être caricaturée en génie.

« Je n’ai plus besoin de me cacher »

Aujourd’hui, Juliette rayonne. En fréquentant un groupe d’entraide mutuel autisme, celui d’Aspies & Cie, à Strasbourg, elle a rencontré d’autres personnes neuroatypiques. « Je me sens très épanouie à leurs côtés, je n’ai plus besoin de me cacher. » Elle y a d’ailleurs fait une rencontre amoureuse.

Après avoir travaillé dans le tourisme, la grande distribution, été professeure des écoles, elle aimerait se consacrer à la cause de la neurodiversité et encourager la  pair-aidance. Une chose est sûre : elle sera elle-même, et bien décidée à révéler tous ses talents.

autismeAutisme – Au-delà des stéréotypes : en Une du magazine Faire Face de nov-déc.

Vivre avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA), qu’est-ce que cela signifie ? La réponse ne saurait être unique tant les déclinaisons de ce trouble s’avèrent multiples, de même que ses répercussions. Ce qui est certain, c’est que de trop nombreux clichés demeurent attachés à cette pathologie complexe. Évolution de la définition de l’autisme, rôle des associations de patients, de parents, prise en charge, parcours diagnostique, groupe d’entraide mutuelle, habitat inclusif… un dossier pour mieux comprendre, à l’écoute de personnes concernées.

Un dossier à télécharger

 

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