En appel, un kiné condamné à 17 ans de prison pour le viol de trois résidentes handicapées
Le kinésithérapeute d’un foyer d’accueil médicalisé de Vence, dans les Alpes-Maritimes, a de nouveau été reconnu coupable de viols sur trois résidentes handicapées et d’agressions sexuelles sur une quatrième. La cour d’appel d’Aix-en-Provence l’a condamné à 17 ans de prison, soit deux de plus qu’en première instance. Un jugement exemplaire.
« Olivier Behnam a choisi quatre femmes fragiles avec l’espoir qu’elles ne parleraient pas ou qu’on ne les croirait pas. » Catherine Dubost en est convaincue. C’est bien parce qu’elles étaient handicapées que ce kinésithérapeute a cru pouvoir agresser sexuellement en toute impunité quatre résidentes d’un foyer d’accueil médicalisé (Fam) de Vence, dans les Alpes-Maritimes, où il intervenait. Et même violé, pour trois d’entre elles.
« Il les a choisies pour leur handicap », a poursuivi l’avocate générale dans son réquisitoire, devant les jurés de la cour d’assises d’appel des Bouches-du-Rhône, comme le rapporte La Provence. Olivier Behnam y a été rejugé, du 15 au 23 octobre. Un an et demi après une première condamnation à 15 ans de prison par la cour d’assises des Alpes-Maritimes.
Des agressions sexuelles entre 2015 et 2017
Comme en avril 2023, Olivier Behnam a clamé son innocence tout au long du procès, raconte la journaliste Marine Stromboni. « J’en suis incapable, ce n’est pas moi, a-t-il assuré. Aujourd’hui encore, je ne peux pas expliquer ces accusations. Je ne peux rien dire de plus sinon que c’est faux. Je suis tétanisé, je ne sais pas pourquoi elles disent ça. »
Devant la cour, les victimes, elles, ont maintenu leurs accusations. Les agressions sexuelles et les viols se sont produits entre 2015 et 2017, dans la salle de kinésithérapie du Fam. Deux d’entre elles avaient d’abord dénoncé les faits, en 2015, avant de se rétracter. Mais en 2017, le témoignage d’un autre résident qui avait été témoin du viol d’une troisième femme a relancé l’enquête. Et une quatrième femme agressée s’est alors fait connaître.
Parole contre parole
D’un côté, des femmes handicapées, atteintes d’un trouble du spectre de l’autisme et de déficiences mentales. Des jeunes filles affublées, par certain membres du personnel, « de qualificatifs tels que menteuses, influençables ou aguicheuses », souligne l’ordonnance de mise en accusation, que Le Parisien avait pu consulter avant le premier procès.
De l’autre, un père de famille de 38 ans, sans antécédents judiciaires, apprécié de ses anciens collègues. « Je n’ai aucun moyen de me défendre ! Parce que je suis un homme valide, je suis coupable ! »
Du sperme sur la table de la salle de kinésithérapie
Un élément a certainement pesé dans la décision des jurés. Les enquêteurs avaient, en effet, retrouvé des traces de sperme dans la salle de kinésithérapie. Notamment sur la table sur laquelle les viols avaient été commis. Et les analyses ADN avaient révélé qu’il appartenait bien à Olivier Behnam.
Ce dernier s’est justifié en assurant qu’il s’était masturbé sur son lieu de travail, en consultant des contenus pornographiques. Sa défense n’a visiblement pas convaincu. En appel, les jurés ont reconnu sa culpabilité et l’ont condamné à 17 ans de réclusion criminelle. Deux ans de plus que lors du premier procès.
Les femmes handicapées au moins deux fois plus victimes de violences sexuelles
Au-delà de la peine, exemplaire, les mots de l’avocate générale assurant que ces résidentes avaient été violées parce qu’elles étaient handicapées sont salutaires. Ils donnent à comprendre pourquoi les femmes en situation de handicap sont, a minima, deux fois plus victimes de violences sexuelles, comme l’a montré une étude de la Drees. Les prédateurs, comme Olivier Behnam, les ciblent, parce qu’ils pensent « qu’elles ne parleront pas ou qu’on ne les croira pas ». Les jurés les ont crues.
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