Infections urinaires, les hommes sont concernés aussi
Les hommes porteurs de handicaps physiques contractent plus souvent des infections urinaires que le reste de la population masculine. Leur qualité de vie s’en trouve alors affectée. Mais des moyens de prévention et de lutte contre les récidives peuvent être mis en place efficacement.
Contre le risque d’infection urinaire, la morphologie de l’appareil génital masculin représente un atout. Plus long que chez les femmes, l’urètre empêche généralement les bactéries, en particulier celles de la sphère anale, de remonter jusqu’à la vessie. Malgré tout, certains hommes n’échappent pas à ces infections, surtout lorsqu’ils sont blessés médullaires. « Les troubles vésico-sphinctériens générés par le handicap augmentent le risque d’infection urinaire. Une majorité de blessés médullaires en développe donc, surtout juste après la survenue du handicap. Le temps de rééquilibrer leur fonctionnement vésico-sphinctérien », explique Claire Hentzen, médecin de médecine physique et réadaptation en neuro-urologie à l’hôpital Tenon, à Paris.
Dès lors, l’âge n’a rien à voir avec la survenue d’une infection urinaire. Ce que confirme Jean-Georges Guerin-Wallner, urologue à la polyclinique Elsan du Parc à Caen, dans le Calvados. « Même si les problèmes de vidange de la vessie et de prostate sont plus fréquents à partir de 50 ans, les infections urinaires peuvent concerner des patients plus jeunes quand elles sont liées à leur handicap. »
Difficultés à accéder aux toilettes et dysfonctionnements de la vessie
Une vessie jamais complètement vidée est en effet l’une des causes premières d’infection urinaire masculine. Mais chez les hommes en situation de handicap, ce problème relève surtout de la difficulté d’accéder aux toilettes – parce qu’elles ne sont pas adaptées par exemple – et de dysfonctionnements de la vessie dus à un défaut de commande neurologique. Pas vraiment de la prostate qui, chez beaucoup d’hommes, en vieillissant, peut grossir et gêner la sortie des urines.
« Des auto-sondages compliqués peuvent favoriser des prostatites, des infections qui atteignent la prostate, précise Claire Hentzen. Mais en dehors de cela, on ne peut pas établir plus de lien entre infections urinaires et prostate. Sa taille, par exemple, importe peu. » Un problème de vidange de la vessie que l’on retrouve dans d’autres pathologies. Comme les cancers de la prostate, qui peuvent compliquer l’élimination des urines et donc, augmenter le risque d’infection. Ou avec certains traitements médicamenteux, à l’image de neuroleptiques et d’antidépresseurs, susceptibles de causer des troubles de la miction et, à terme, des infections urinaires.
De même, si au sein de la population générale, les hommes n’ont pas de cystite – une infection de l’urètre très présente chez les femmes du fait de la proximité de l’anus et du vagin avec ce canal d’élimination des urines –, ceux porteurs de handicaps, eux, en connaissent. Aussi Claire Hentzen les invite-t-elle a distinguer les infections “compliquées” de ces cystites, en gardant a l’esprit que les premières causent de la fièvre, les secondes, non. C’est pour elle la seule distinction qui compte, plus que de savoir si l’infection touche la prostate ou les reins.
Des symptômes courants et d’autres qui le sont moins
Quels sont justement les symptômes qui doivent alerter ? Classiquement, les sensations de brulure ou les douleurs lors de la miction, une pression ressentie dans la région pelvienne ou une plus fréquente envie d’uriner constituent les premiers signes d’une infection urinaire. Mais, en cas de handicap, d’autres signaux peuvent s’y ajouter. « L’augmentation des spasmes, de la fièvre, davantage de fatigue, l’apparition de fuites…, énumère Claire Hentzen. C’est l’association d’un ensemble de signes et une analyse d’urine qui permettent de caractériser l’infection urinaire. »
« Souvent, nos patients connaissent bien leur corps, complète Jean-Georges Guerin-Wallner. Dès lors, la couleur trouble ou brune de l’urine, ou son odeur inhabituelle, peuvent les mettre sur la voie. Bien évidemment, la présence de sang dans les urines doit aussi alerter. » Quelles que soient leurs origines, les infections urinaires sont essentiellement bactériennes et se traitent donc au moyen d’antibiotiques. Non virales, elles ne sont pas sexuellement transmissibles. Mais elles peuvent néanmoins nécessiter un traitement des deux partenaires lorsqu’un champignon est en cause ou associé à l’infection bactérienne.
Prévenir pour ne pas risquer une récidive
Dans tous les cas, les conséquences, multiples, dégradent la qualité de vie dans son ensemble. « Les infections urinaires peuvent empêcher de réaliser les transferts, à cause de la fatigue ou des douleurs. Il arrive aussi que se lever devienne impossible ou que spasticité s’en trouve majorée », illustre Claire Hentzen.
D’où la pertinence de l’adage “mieux vaut prévenir que guérir“. Et pour le mettre en pratique, commencer par boire régulièrement pour éliminer tout aussi régulièrement les germes. De l’ordre d’un litre et demi d’eau par jour. Mais aussi se choisir des vêtements larges, faciles à retirer, pour simplifier l’accès aux toilettes ou à l’auto-sondage, comme le conseille Jean-Georges Guerin-Wallner.
Une échographie annuelle recommandée
Autre précaution à prendre, pour s’assurer de vider sa vessie au mieux, lorsqu’une sonde est utilisée : la retirer très doucement. Claire Hentzen recommande par ailleurs une échographie annuelle pour s’assurer que la vidange vésicale est bien complète. Et surtout, « de consulter au moindre symptôme urinaire, même hors infection. Ce signe peut témoigner d’un dysfonctionnement vésico-sphinctérien – comme des contractions involontaires de la vessie – qui, à terme, pourrait en causer une. »
Dès lors, des fuites, des envies urgentes d’uriner, une fréquence accrue des passages aux toilettes ou inversement une difficulté à déclencher la miction doivent être confiés à un médecin. Voilà pour ce qui concerne la prévention primaire. Mais lorsqu’une première infection urinaire s’est déclenchée, la récidive guette. Il est donc important d’identifier les facteurs qui l’ont favorisée et, au besoin, de changer ses habitudes de vie.
Éviter la constipation
Être constipé aggrave le risque de contracter une infection urinaire. En effet, un rectum plein appuie sur la vessie. Ce qui peut favoriser la rétention urinaire et donc, la survenue d’une infection. Autre problème, si les urines sont normalement stériles dans la vessie, le contenu du rectum, lui, contient des bactéries. Or, quand il “déborde”, les deux zones sont tellement contiguës qu’il peut y avoir contamination. La sédentarité favorise par ailleurs la constipation. Aussi convient-il de consommer quotidiennement une alimentation riche en fruits, légumes et fibres, pour faciliter le transit intestinal, et de veiller à bien s’hydrater – au moins 1,5 l/j –, en buvant (eau, tisane…) de façon régulière.
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