[En salles] Au boulot !, un hommage aux belles âmes

Publié le 6 novembre 2024 par Emma Lepic
Le film de François Ruffin illustre à sa façon, militante, le creusement des inégalités sociales en France et la vertu de la solidarité face à l’adversité. © Les 400 Clous

Dans leur dernier film, le réalisateur Gilles Perret et l’homme politique et ex-journaliste François Ruffin nous emmènent à la rencontre de personnes précaires. Solidarité, dignité, fierté de se rendre utiles par leur travail ou du bénévolat. Voilà ce qui les tient debout. Et fait vibrer le spectateur.

« Ma dentition, j’en ai honte. » Un trou dans l’estime de soi, mais pas les moyens financiers de se faire soigner. Car pendant plusieurs années, Nathalie n’a pas pu travailler à cause de problèmes de santé, physique d’abord, mentale ensuite. Jusqu’à ce que l’association Territoires zéro chômeur de longue durée ouvre, près de chez elle, à Bléré, en Indre-et-Loire, La Boîte d’à côté, une entreprise à but d’emploi. Une entreprise justement pensée pour aider les personnes ayant perdu tout espoir de retravailler. Comme elle.

La dignité en partage

Voilà l’une des femmes debout présentée dans le dernier long métrage de Gilles Perret et François Ruffin. Une de celles dont ni la maladie, ni la désinsertion sociale et professionnelle, ne sont venues à bout. Elle rebondit, retrouve sa place dans la société. Et elle le dit.

Au boulot !, que ses auteurs qualifient de « comédie documentaire », fait défiler à l’écran des témoignages de personnes précaires. Les unes à cause de problèmes de santé. D’autres faute d’avoir pu suivre des études. Certaines tout simplement parce qu’elles exercent un de ces “petits boulots” peu rémunérateurs. Aussi ce film est-il un hommage à de petites gens mais surtout à de belles âmes. Dignes, et solidaires.

Un personnage prétexte et de “vraies” gens

Rien de surprenant venant de ce duo de réalisateurs habitués à tourner des films à teneur sociale. Si ce n’est que cette fois, ces personnes sont présentées en fort contraste avec une avocate parisienne, également chroniqueuse sur des chaînes d’information. Leur exact opposé : très aisée, snob et pleine de préjugés à l’endroit de tous les « assistés ». Le but que François Ruffin et Gilles Perret se sont assigné, la « réinsertion sociale des riches », ne sera pas atteint pour Sarah Saldmann. Elle continuera à regarder les personnes modestes qu’elle rencontre du haut de son mépris de classe.

S’en sortir soi-même pour soutenir les autres

Mais très vite, le spectateur se désintéresse de ses propos. Ce personnage prétexte importe bien peu, au regard de cette auxiliaire de vie, si fière de venir en aide à des personnes vulnérables. De même vis-à-vis de cet ex-charpentier, qui a dû cesser de travailler après s’être blessé, et qui devient bénévole au Secours populaire, autant pour s’en sortir lui-même que pour soutenir les autres.

C’est pour eux, et pour ce livreur de colis, cet agriculteur, ces salariés d’une usine d’emballage de poisson, ce jeune homme qui se forme à la pose de la fibre, que le film vaut d’être vu. Et parce qu’il illustre à sa façon, militante, deux points essentiels : le creusement des inégalités sociales dans notre pays et la vertu de la solidarité face à l’adversité. La vraie richesse, humaine celle-là.

Au boulot !, un film de Gilles Perret et François Ruffin – 84 mn – en salles le 6 novembre.

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