Trouble du spectre de l’autisme : une journée trépidante avec Dylan, chargé de communication

Dylan Loquet, 31 ans, atteint d’un trouble du spectre de l’autisme, est chargé de communication dans une entreprise adaptée du réseau APF Entreprises France handicap, dans l’Eure. Pour le festival Regards Croisés 2024, il a réalisé une vidéo embarquant le spectateur avec lui durant l’une de ses journées. Efficace pour faire comprendre, très concrètement, comment se manifeste son trouble au quotidien et balayer bien des idées reçues. Instructif et positif.

C’est léger, instructif et décalé. Pour parler du trouble du spectre de l’autisme, la vidéo de Dylan Loquet est sans aucun doute plus efficace qu’un long discours. En moins de six minutes, ce jeune homme de 31 ans partage une de journées. Il raconte ainsi ses insomnies, sa façon de s’habiller, ses tocs, son besoin de s’extraire parfois du groupe de ses collègues pour recharger ses batteries, ou encore son hyperacousie. Lui qui se qualifie de “drôle d’oiseau” égraine toutes les spécificités qui font sa singularité.

Des routines qui n’empêchent pas d’être heureux

On le suit donc à vélo, au travail dans l’entreprise adaptée d’APF France handicap où il est chargé de communication, dans sa cuisine… Téléphone sur le front via un système de fixation bricolé façon GoPro, Dylan Loquet filme en plongée, ce qui accentue le sentiment d’immersion. Alors que le besoin de rituels lié à l’autisme est souvent présenté de façon caricaturale, lui en parle avec humour. « J’ai voulu montrer que les routines qui me façonnent ne m’ont pas empêché d’être heureux », confie-t-il. Et c’est réussi.

Un regard très enthousiaste

Cette vidéo, Dylan Loquet l’a réalisée pour le festival Regards Croisés. Un festival de courts métrages sur le thème “métiers et handicaps”, créé par l’association l’Hippocampe. Pour y participer, les réalisateurs des films doivent être eux-mêmes en situation de handicap, travailler ou avoir travaillé en milieu protégé ou ordinaire, et partager leur regard sur leur environnement professionnel.

Et le regard de Dylan est des plus enthousiastes. « Je suis devenu le super héros de mon enfance. » Il se souvient combien, enfant, la perspective de trouver un travail, d’y exprimer des compétences, de vivre en couple, lui semblait du domaine du rêve. Presque inatteignable. Aujourd’hui, il est en couple depuis cinq ans et vit d’un travail qu’il aime et où il apprend sans cesse.

Un autiste dans la com’

Son diagnostic, il le reçoit à 19 ans, à la fin d’une période de lycée compliquée. Lui qui s’était longtemps cru « idiot ». Après un baccalauréat littéraire et une licence d’histoire, il travaille quelques années à temps partiel dans le périscolaire. Puis, comme correspondant local de presse pour l’hebdomadaire La Dépêche de Louviers… Il candidate ensuite à un emploi d’agent de conditionnement dans une entreprise adaptée, à Val-de-Reuil (Eure). L’entretien ne se passe pas comme prévu : on lui propose un poste… en communication ! « Ma mère n’a jamais autant ri : moi, autiste, dans la com’ ! »

Son métier : promouvoir l’activité de l’entreprise, mais aussi participer à une équipe nationale de communicants d’autres entreprises adaptées du réseau APF Entreprises, pour valoriser cette organisation nationale. Dans cette équipe, dont tous les membres ont une particularité, chacun s’adapte aux autres et sait qu’il peut exprimer ses besoins spécifiques.

L’apprentissage de règles du jeu jamais enseignées avant

À l’aise à l’écrit, Dylan Loquet rédige communiqués de presse, newsletters et posts pour les réseaux sociaux. Il a aussi appris la vidéo… « J’adore ça. Et avec la bienveillance des membres de mon équipe, j’ai l’impression d’avoir appris les règles d’un jeu qu’on ne m’avait jamais expliqué auparavant ». D’ailleurs, sa vidéo a bénéficié de leur concours.

Dylan Loquet n’a pas reçu de prix à Regards Croisés. Peu importe. Sa vidéo vaut d’être regardée. Non seulement par celles et ceux qui sont sur le chemin d’une meilleure compréhension de leur neuroatypie, mais aussi par les autres. Car regarder le monde à travers les yeux de Dylan, c’est mieux comprendre et donc moins juger… sans savoir.