Discriminé car handicapé : « On m’a traité comme si j’avais volé dans la caisse. »
Durant ses études, Théo Lainé a subi plusieurs discriminations. En cours, où son chien d’assistance n’a été autorisé à l’accompagner qu’à… mi-temps. Et en stage, où son handicap, « trop lourd », lui a valu d’être exclu de deux sociétés. Des situations dont il se souvient encore aujourd’hui, entre colère et amertume, lui qui travaille désormais à temps partiel dans une entreprise des télécommunications.
Illégale ? Oui, bien sûr. Mais aussi totalement absurde, cette discrimination que Théo Lainé, aujourd’hui âgé de 37 ans, a vécue durant la première année de son BEP secrétariat. Vingt ans plus tard, il en fulmine encore ! En cause ? Son professeur principal qui avait soumis au vote la présence en cours du chien d’assistance du jeune lycéen ! Et comme le scrutin avait accouché d’un 50/50, l’animal avait été accepté… à mi-temps. « Ça n’avait pas de sens et c’était totalement contraire à la loi. Les chiens d’assistance doivent être acceptés partout. »
Pas de mission d’accueil pour une personne en fauteuil
Durant ses études, un bac professionnel accueil service puis un BTS et une licence de tourisme, le Havrais, qui se déplace en fauteuil électrique, a subi d’autres discriminations. Pendant ses stages, notamment. Ainsi, au cours d’un entretien pour une mission d’accueil, on lui annonce que ce type de poste est réservé à des gens debout. « Ce n’est pas parce que je suis handicapé que je ne peux pas m’occuper de l’accueil. C’est parce que le responsable ne voulait pas de moi à ce poste… pour son image de marque. »
Sommé de s’en aller sur le champ en raison de son handicap « trop lourd »
Un autre stage se déroulera tout aussi mal. Au bout du troisième jour, il est congédié au motif que son « handicap est trop lourd ». « C’est vraiment le terme qu’ils ont utilisé, insiste Théo Lainé. J’ai vécu ça comme si j’avais fait une bêtise, parce qu’il fallait que je m’en aille sur le champ. On m’a traité comme si j’avais volé dans la caisse. »
Embauché sans que son handicap ne pose problème à l’employeur
Paradoxalement, son insertion sur le marché du travail a été beaucoup moins problématique que ses études et ses stages. Depuis bientôt dix ans, Théo Lainé travaille, à temps partiel, dans une entreprise du secteur des télécommunications. Il est chargé de contrôler la qualité du service clientèle.
« Mon handicap n’a posé aucun problème à mon employeur, raconte-t-il. Avec l’aide financière de l’Agefiph, il a adapté mon poste de travail. Il m’a fourni un bureau plus grand et un écran à ma convenance ». Un employeur qui a su voir d’abord ses compétences.
APF France handicap veut faire de lutte contre les discriminations au travail une priorité nationale
À l’occasion de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH), du 18 au 24 novembre, APF France handicap alerte sur les discriminations que subissent les personnes en situation de handicap dans le monde du travail. Des discriminations massives et systémiques, en dépit de l’arsenal législatif existant. Et de rappeler que près de 20 ans après la loi handicap de 2005, c’est toujours le handicap qui demeure le premier motif de saisine de la Défenseure des droits en matière de discriminations (21 %), devant l’origine (13 %) et l’état de santé (9 %), selon son rapport annuel 2023… et les précédents. Une situation particulièrement marquée dans le champ de l’emploi (16 % dans l’emploi privé, 21 % dans le public).
Dans son dossier “Emploi & Handicap : les discriminations perdurent… À quand l’égalité des chances ?”, APF France handicap dresse un état des lieux exhaustif et accablant. Elle plaide, au travers de nombreuses revendications, pour que la lutte contre les discriminations dans le monde du travail devienne enfin une priorité nationale.
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