[Prodigieuses] Diane Pleynet, pianiste : « Nous aimerions tellement remonter sur scène »
En salles depuis le 20 novembre, Prodigieuses s’inspire de l’histoire des sœurs Audrey et Diane Pleynet, deux talentueuses pianistes touchées par une maladie orpheline affectant leurs mains. Consultées par les deux réalisateurs Frédéric et Valentin Potier, les jumelles ont nourri le scénario par de nombreuses anecdotes sur leur parcours de vie. Diane Pleynet espère que ce film redonnera « l’envie de se battre à tous les naufragés de la vie ».
Faire-face.fr : Comment avez-vous eu connaissance d’un projet de film autour de votre parcours ?
Diane Pleynet : Le début du projet remonte à 2016. Nous avons rencontré les réalisateurs par un ami commun. À la suite de cela, nous nous sommes mises à écrire, Audrey et moi. Il suffisait de laisser remonter les souvenirs. Je me suis assise à mon ordinateur. J’envoyais des textes à Audrey qui me rappelait certains aspects de notre parcours. Progressivement, les pages se sont accumulées. Nous leur avons fourni un récit de mille pages dans lequel ils ont pioché beaucoup d’éléments biographiques mêlés ensuite à de la fiction.
Touchées par une maladie orpheline
F-f.fr : Comment avez-vous découvert la musique ?
D.P : Grâce à notre père. Nous avons commencé le piano toutes les deux vers l’âge de 8 ans. Puis, nous avons étudié au conservatoire de Strasbourg. Après avoir remporté quelques concours, nous avons poursuivi dans une école de musique à Karlsruhe, en Allemagne. Mais dans les années 1990, sont apparus les premiers signes de la maladie qui nous a freinées dans notre dynamique de concerts à deux pianos. Nous avons quitté alors l’autoroute qui s’ouvrait devant nous pour prendre des routes secondaires.
F-f.fr : Quelle est cette maladie ?
D.P : Il s’agit d’une maladie orpheline qui attaque les tissus conjonctifs. S’ensuit une extrême déminéralisation sur le plan osseux ainsi qu’une fragilité ligamentaire et musculaire. Très vite, c’est devenu très douloureux pour nous de jouer. Mais oser parler de la maladie était d’abord tabou.
Une double reconstruction physique et artistique
F-f.fr : Comme dans le film, les médecins vous ont dit qu’il fallait dire adieu au piano…
D.P : Oui, cela a été très difficile de l’accepter, pour nous comme pour notre entourage familial qui avait fait beaucoup de sacrifices. Il a d’abord fallu nous reconstruire physiquement puis artistiquement. C’est ce que nous avons fait en créant une technique pianistique très personnelle. Nous avons retravaillé les partitions en fonction de nos capacités physiques. Et nous avons ainsi pu remonter sur scène. Nous nous sommes produites à de multiples reprises. Nous sommes même allées jusqu’au Japon.
F-f.fr : Qu’attendez-vous de cette mise en lumière de votre histoire à travers ce film ?
D.P : J’espère que ce film redonnera l’envie de se battre à tous les naufragés de la vie. Ce que nous avons vécu s’apparente à un combat. Heureusement, nous avons toujours été entourées de beaucoup de bienveillance. Malgré tout, nous aimerions beaucoup remonter sur scène, que des producteurs nous fassent confiance. Mais sans doute que le handicap les fait douter de nos capacités à honorer nos engagements. Il existe un fossé abyssal entre l’intérêt du public qui nous écrit régulièrement et le milieu professionnel.
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