Florian Richaud, réalisateur de Ma sœur forever [France TV] : «  J’ai voulu montrer la femme qu’elle est »

Publié le 27 novembre 2024 par Claudine Colozzi
Sous le regard de son frère Florian Richaud, Claire Bonfils, jeune trentenaire porteuse de trisomie 21, grande amoureuse, rayonne. © Tiresias Films

Diffusé en replay jusqu’au 23 décembre sur France TV, Ma sœur forever met dans la lumière Claire, une trentenaire porteuse de trisomie 21, passionnée de théâtre. Réalisé par Florian Richaud, son frère par alliance, ce documentaire sensible raconte les emballements amoureux, les doutes, les rêves d’une jeune femme qui aspire à plus d’autonomie.

Faire-face.fr : Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans la réalisation de ce film sur votre sœur ?

Florian Richaud : Claire est ma sœur par alliance, je la connais depuis qu’elle a huit ans. Je garde comme premier souvenir celui d’une petite fille dotée d’une grande capacité à se construire un imaginaire. La première fois, je n’ai pas du tout vu sa trisomie. Dans ce film, j’ai cherché à être fidèle à ce premier regard.

Comme le trait d’union entre nous c’est le théâtre, j’ai choisi, en guise de point de départ, de la filmer en train de jouer. Mais à un moment, elle avait arrêté toute activité artistique. Le stage en Corse avec l’association Aria, fondée par Robin Renucci, auquel elle a décidé de participer m’a fourni un bon prétexte pour me lancer.

Au rythme de Claire

F-f.fr : Quand vous lui avez parlé de votre projet de documentaire, comment Claire a-t-elle réagi ?

F.R : Elle a dit oui sans une hésitation ! Elle aime la lumière. C’est d’ailleurs elle qui a donné le rythme. Quand elle était fatiguée ou qu’elle n’avait pas envie, elle le disait. Le tournage s’est étalé sur quatre ans avec un ou deux rendez-vous annuels.

Là où les choses se sont compliquées, c’est quand je lui ai montré les premiers rushes. Elle a très mal réagi face à son image. Elle a voulu tout arrêter. Je ne l’ai pas brusquée. Et puis elle a réfléchi et accepté de continuer.

La réalité de la vie en institution

F-f.fr : Vous montrez une jeune femme pour qui l’amour a une grande importance. L’amour avec ses grandes joies, mais aussi ses déceptions…

F.R : Se marier fait partie de ses rêves. C’est donc tout naturellement que j’ai filmé ses « mariançailles » avec un jeune garçon qui vivait dans le même foyer qu’elle, une cérémonie symbolique en famille. Sauf que quelques jours plus tard, Claire a pris conscience qu’elle avait peut-être fait une « connerie », comme elle le confie face à la caméra. J’ai voulu montrer ses doutes, mais aussi son côté radical qui la conduit à rompre avec cet amoureux. Elle ne vit pas uniquement dans un conte de fées. Elle est aussi très ancrée dans le réel et c’est parfois difficile à vivre.

F-f.fr : Vous avez aussi voulu montrer le quotidien d’une jeune femme porteuse de trisomie 21 qui aspire à plus de liberté…

F.R : Oui, elle met tout en œuvre pour gagner un maximum d’autonomie et s’échapper un peu du foyer où elle vit avec d’autres personnes en situation de handicap. C’est ce que lui offrent ces quelques nuits en appartement thérapeutique. J’ai voulu montrer la réalité de la vie en institution, la cohabitation avec des personnes qu’on n’a pas choisies.

Sensualité, désirs, joie d’être sur scène

F-f.fr : Avec le recul, quel regard portez-vous sur votre film ?

F.R : Je l’ai vraiment découvert en le finissant. Ce n’est pas du tout le film que j’envisageais de faire au début. Et le handicap n’en est pas le sujet central. J’ai voulu montrer la femme que Claire est, avec sa sensualité, ses désirs, sa générosité, sa capacité à nous entraîner dans son monde, sa joie d’être sur scène. Mais aussi ses moments de doute, ses questionnements. Bien loin des étiquettes que l’on colle un peu facilement sur ces personnes que l’on dit différentes.

Ma sœur forever. À voir en replay jusqu’au 13 décembre sur la plateforme de France TV.

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