Consultations blanches : des médecins mieux payés, des patients mieux soignés ?

Publié le 28 novembre 2024 par Franck Seuret
Stylized white tooth design representing dental health, hygiene, and care in a minimalist environme
Comme les généralistes, les dentistes peuvent proposer une consultation dite "blanche" à leurs patients en situation de handicap afin, par exemple, de faire connaissance avant d'entamer une séquence de soins. © AdobeStock

Les médecins et les dentistes peuvent facturer plus cher des rendez-vous au cours desquels ils n’ont effectué aucun soin. Ces consultations, dites “blanches”, permettent à certains patients en situation de handicap de s’y préparer.

C’est l’une des inégalités les plus inacceptables : les personnes handicapées ont plus difficilement accès aux soins. En cause, entre autres, les réticences de certains professionnels de santé à suivre des patients présentant des déficiences importantes. Par manque de formation ou parce que la prise en charge peut prendre plus de temps. C’est pour tenter de lever ce frein que l’Assurance maladie a mis en place des dispositifs incitatifs.

Chez le médecin, des actes revalorisés

Depuis 2022, généralistes et spécialistes pouvaient ainsi effectuer et facturer une consultation dite “blanche” au tarif classique. À compter de décembre 2024, ce tarif passe à 30 € pour un généraliste et 50 € pour un psychiatre ou un neurologue. Soit parce que cette séance d’habituation a été prévue pour que le patient fasse connaissance avec le soignant et découvre son cabinet afin de réduire son anxiété. Soit car les soins n’ont pu avoir lieu, par exemple parce que le patient était trop stressé ce jour-là.

De plus, établir un premier certificat médical complet destiné à la MDPH, ce qui est chronophage, est désormais valorisé comme une consultation très complexe, à 60 €.

La transmission des informations à un autre praticien aussi rémunérée

Et si un patient “en situation de handicap sévère”, c’est-à-dire avec une “altération des capacités de décision ou d’action dans les actes essentiels de la vie quotidienne, nécessitant la présence d’un aidant”, change de médecin traitant ou passe du pédiatre au généraliste ? Alors chaque praticien peut facturer au prix d’une consultation très complexe, 60 €, le temps consacré à la transmission des informations.
Le remboursement de ces consultations, lui, s’effectue aux conditions habituelles. À 100 % pour les patients atteints d’une affection longue durée (ALD) dès lors que les soins sont en lien avec celle-ci, les titulaires d’une pension d’invalidité et les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire. Et à 70 % dans les autres cas.

Les consultations chez le dentiste également concernées

Depuis février 2024, les dentistes peuvent, eux aussi, facturer des consultations blanches, qu’il s’agisse d’une séance d’habituation ou de soins n’ayant pas pu avoir lieu, en raison de l’agitation du patient, par exemple. Jusqu’à cinq par séquence de soins et au même tarif qu’une consultation classique (23 €). Le remboursement est de 60 %, comme à l’ordinaire.

Cette mesure complète les autres dispositifs incitatifs déjà existants : une valorisation de 23 € pour l’examen de prévention bucco-dentaire (pris en charge à 100 %, sans avance de frais) ou une consultation complexe (dont le tarif passe donc de 23 à 46 €, remboursé à 60 %) ; et un supplément de 100 € par séance pour certains actes techniques (ou de 200 € lorsqu’ils sont réalisés en deux séances ou plus), remboursé à 60 %.

Le dentiste peut bénéficier de ces majorations dès lors qu’il rencontre des difficultés pour réaliser les soins sur une personne ayant un handicap sévère. Pour cela, il doit transmettre à l’Assurance maladie un document attestant que son patient nécessite une prise en charge spécifique. Dommage qu’une part de ce surcoût (40 %) soit assumée par le patient s’il n’a pas de mutuelle.

Complexités limitées
Pour des consultations considérées comme complexes ou très complexes, les médecins bénéficient d’une majoration, de 17,6 à 30 €. L’Assurance maladie en a dressé la liste. Y figurent, par exemple, les consultations spécifiques de prise en charge des patients atteints de sclérose en plaques ou présentant des séquelles lourdes d’AVC. Mais elle n’inclut pas les rendez-vous avec ceux atteints de troubles cognitifs et/ou du comportement ou encore de difficultés à communiquer.
Liste disponible sur www.ameli.fr, rubrique “Consultations”.

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