Le gouvernement se fait le film d’une France accessible façon “Plus belle la vie”
Le gouvernement a présenté, ce vendredi 4 septembre, sa campagne en faveur de l’accessibilité universelle. France Télévisions diffusera ces films courts, inspirés de la série Plus belle la vie. Mais cette opération de communication arrive très tardivement et dans un contexte réglementaire bien moins contraignant.
Une scène de la vie ordinaire au Mistral, à Marseille, le quartier imaginaire servant de cadre à la série télévisée Plus belle la vie. Le patron du bar se plaint que ses fournisseurs rechignent à venir le livrer. Un des clients pointe alors la marche à l’entrée rendant difficile le passage du chariot de livraison tout comme celui des clients… « Vous devriez installer une rampe d’accès. Cela faciliterait le travail des livreurs et vous permettrait d’accueillir une nouvelle clientèle », lui conseille-t-il en substance.
Une diffusion en prime time
Ce film d’une minute sera diffusé sur les chaînes de France Télévisions, du lundi 7 septembre au 18 octobre, autour de 20h35. Cela en alternance avec dix-neuf autres épisodes, dont certains sont visibles sur le site du gouvernement, dans le même esprit : vanter l’accessibilité universelle profitant à tous, ou, plus largement, faire tomber les clichés sur le handicap. Comme cet autre film dans lequel apparaît le patron, en fauteuil, d’une entreprise de travaux d’accès difficile.
Les codes de la série Plus belle la vie
« Il nous a semblé important de sortir des codes classiques de la communication pour sensibiliser les Français », a expliqué Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales. Le service d’information du gouvernement s’est donc associé au programme télévisé, Plus belle la vie. Les spots reprennent des ingrédients de la série : décors, acteurs, ton… Jusqu’au nom de la campagne : “Plus belle la vie, ensemble”. « Notre objectif est de parvenir, dans les trois ans, à rendre accessibles à tous au moins 80 % des établissements reçoivant du public », a précisé Ségolène Neuville, la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées.
Une campagne trop tardive selon l’APF
Mais la campagne arrive un peu tard. Les gestionnaires d’établissements recevant du public doivent déposer leur agenda d’accessibilité programme (Ad’ap) avant le 27 septembre 2015. Dans moins d’un mois ! À moins qu’ils ne bénéficient d’une prorogation du délai : jusqu’à douze mois en cas de difficultés techniques pour l’évaluation ou la programmation des travaux, voire trois ans maximum s’ils peuvent justifier de problèmes financiers. « Ce n’est pas sérieux de lancer cette campagne à quelques semaines de l’échéance pour le dépôt, fulmine Pascale Ribes, la vice-présidente de l’APF. Le gouvernement aurait voulu inciter les gens à bâcler leur Ad’ap qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Nous ne voulons pas d’aménagements mal pensés, conçus à la va-vite. »
Mais le gouvernement pouvait difficilement lancer une grande opération de communication avant que députés et sénateurs aient terminé l’examen du projet de loi ratifiant l’ordonnance du 26 septembre 2014 relative à l’accessibilité des établissements recevant du public (ERP), des transports publics, des bâtiments d’habitation et de la voirie. Ce texte définit en effet les règles applicables aux Ad’ap… Or, il n’a été adopté que fin juillet par le Parlement.
Une ordonnance publiée seulement en septembre 2014
Les ministres en charge du dossier, notamment Marie-Arlette Carlotti, l’ex-ministre déléguée aux personnes handicapées, ne se sont pas montrés suffisamment actifs. La sénatrice Claire-Lise Campion, mandatée par le gouvernement pour proposer une manière de contourner l’échéance de 2015, avait esquissé les contours des Ad’ap, dans son rapport remis en mars 2013. Mais il a fallu attendre dix-huit mois pour que l’ordonnance soit publiée, en septembre 2014. Puis encore presque un an pour qu’elle soit votée.
Des reculs nombreux sur l’obligation de mise en accessibilité
Surtout, cette campagne ne saurait faire oublier tous les reculs de la réglementation sur l’obligation de mise en accessibilité, décidés par le gouvernement : l’allongement des délais jusqu’à neuf ans, voire plus ; la limitation, pour les transports, de l’obligation d’accessibilité aux seuls points d’arrêt prioritaires ; ou bien encore la dérogation accordée systématiquement au gestionnaire d’un ERP situé dans un immeuble dès lors que les copropriétaires refusent des travaux de mise aux normes…
« Cette campagne laisse la FCPE sur sa faim », commente la Fédération des conseils de parents d’élèves. L’échéance de 2015 ayant été repoussée, « l’accessibilité des bâtiments scolaires continue à poser problème, précise-t-elle sur son site internet. (…) Les élèves pourront donc voir l’accessibilité à la télévision à défaut de la vivre au quotidien. »
L’inaccessibilité comme cadre légal
« La loi de 2005 avait consacré le principe de l’accessibilité universelle avec une échéance, 2015, rappelle Pascale Ribes. A contrario, les nouveaux textes font de l’inaccessibilité une réalité légale : de nombreux établissements recevant du public ne seront jamais accessibles car ils bénéficient de dérogations qui n’existaient pas jusqu’alors. Avec cette campagne, le gouvernement cache la réalité : la France ne pourra plus jamais être accessible à tous. » Sauf au Mistral… Franck Seuret
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2 commentaires
Bonjour! je suis hémiplégique vdepuis 2004. C’est bien beau de rendre les batiments accessibles, mais comme les français sont indiciplinés je ne peux pas aller à plus de 5 m de chez moi, les voitures sont sur les trotoirs donc bateau inaccessible solution; éducation+++ JPZ
Comment allez vous entreprendre les mesures,pour les micro entreprises