Accessible, la spéléologie !

La Fédération française de spéléologie encourage l’aménagement de circuits accessibles. Exemple en Meuse dans une ancienne carrière souterraine. 

De la spéléo même pour une personne en situation de handicap ? C’est désormais possible dans la carrière souterraine de Savonnières-en-Perthois (Meuse) où un parcours vient d’être aménagé. Aucune difficulté pour y pénétrer : comme cette carrière calcaire avait été creusée à l’horizontale, vingt mètres en contrebas du village, l’entrée reste de plain-pied. À l’inverse des grottes, les machines d’extraction ont laissé de larges cavités et allées et la déambulation s’y fait sans pente forte. Mais le sol comportant, sur certains tronçons, de nombreuses ornières et étant très boueux, y déambuler aurait été impossible sans le patient travail de terrassement mené depuis deux ans par la Ligue spéléologique lorraine. En 2014, ils ont fait appel à trente-quatre membres de dix clubs de spéléologie de Lorraine, Champagne-Ardenne et Île-de-France pour y travailler tout un week-end. « Nous n’avons pas goudronné mais déplacé des blocs, remblayé, aplani. Nous sommes vraiment satisfaits que le parcours soit désormais accessible aux fauteuils devant cependant être tout terrain », indique Christophe Prévot, de la Ligue spéléologique lorraine.

Sport et tourisme, en même temps

Dans un premier temps, l’antenne régionale de l’association Handi Cap Évasion a testé en joëlette. Samedi, quatre équipages ont parcouru les 7 km (sur 73 km de galeries), lampe au casque, pour évoluer dans l’obscurité totale. Ils ont découvert stalactites, stalagmites et autres phénomènes géologiques et physiques, comme la photoluminescence de la calcite. Dans son histoire, le lieu a été utilisé comme site d’armement pendant la deuxième guerre mondiale et comme champignonnière (le taux d’humidité y est de 90 % !) et des aménagements sont restés sur place. Le sport se mêle donc au tourisme pour une sortie multipliant les pauses information. Au total, sept heures sous terre, pique-nique compris.

Personnes claustrophobes s’abstenir mais amateurs de sensations fonceront ! « Les cavités sont si immenses que l’on pourrait facilement se perdre, ce qui génère un fond d’angoisse ! Et passer autant de temps sous terre procure une drôle de sensation quand on ressort », raconte François Thurot, 56 ans, un participant.

Le site nécessite un guidage et n’est donc pas en accès libre. Mais la Ligue de spéléologie espère former désormais des associations handisport en Lorraine pour qu’ils puissent en profiter en autonomie.

Autres sites accessibles en France

Samedi, les équipages en joëlette et les concepteurs du parcours étaient accompagnés d’une quinzaine de spéléologues de Lorraine, venus glaner des idées : d’autres clubs de la région souhaitent développer des circuits accessibles.

Au plan national, la fédération soutient ce type d’initiatives s’inscrivant dans le projet global “spéléo et canyon pour tous”. Elle a même conçu un harnais destiné aux paralysés de membres inférieurs pour les explorations en milieu naturel ou dans les gouffres existant aussi dans les carrières. Élise Descamps