Crises humanitaires : les personnes handicapées laissées-pour-compte
Les personnes handicapées sont les grandes oubliées de l’aide internationale lors des crises. Plusieurs ONG ont obtenu qu’une charte pour leur inclusion dans les programmes d’urgence soit soumise à la signature lors du Sommet humanitaire mondial.
C’est le premier sommet du genre. Les 23 et 24 mai, le Sommet humanitaire mondial de l’ONU rassemble, à Istanbul, plus de 5 000 personnes. Objectif : améliorer l’aide d’urgence face à des crises, de plus en plus nombreuses et complexes. Y compris pour les populations handicapées. « Alors que tant de conflits et de catastrophes se disputent les attentions de la communauté humanitaire, les défis auxquels font face des millions de personnes handicapées continuent d’être invisibles », regrette Vladimir Cuk, le directeur exécutif de l’Alliance internationale des personnes handicapées. C’est d’ailleurs une première victoire pour ce réseau, Handicap international et d’autres organisations non gouvernementales (ONG) : elles ont obtenu qu’une des quinze sessions thématiques soit consacrée à l’inclusion des personnes handicapées dans les programmes humanitaires. Une charte y sera soumise à la signature des États, ONG et bailleurs de fonds…
75 % des personnes handicapées n’ont pas accès à une aide de base
« En situation d’urgence, les personnes handicapées sont souvent les laissées-pour-compte de l’aide, déplore Anne Héry, la directrice du plaidoyer et des relations institutionnelles à Handicap international. Pourtant, lors d’un tremblement de terre ou de déplacements de populations massifs à cause d’un conflit, par exemple, les personnes handicapées sont souvent parmi les plus à risque et les plus vulnérables. Sans compter que de nombreux blessés gardent souvent des séquelles invalidantes ! » Selon une récente enquête menée par l’ONG française, 75 % des personnes handicapées interrogées, victimes d’une crise humanitaire, estiment ne pas avoir eu un accès approprié à une aide de base (eau, nourriture, abri, soins médicaux). La moitié ont signalé l’absence d’accès à des soins spécifiques (réadaptation et aide à la mobilité). Plus inquiétant, 27 % ont signalé avoir subi des violences sexuelles, physiques ou psychologiques.
Les ONG doivent adapter leurs pratiques humanitaires
« Les ONG ne savent pas suffisamment les prendre en charge, souligne Anne Héry. Dans l’urgence, elles répondent à des besoins généraux, pour le plus grand nombre. L’inclusion des personnes handicapées leur demanderait d’adapter leurs pratiques. » Concevoir des infrastructures accessibles, par exemple ; fournir des services spécifiques adaptés à leur handicap ; ou diffuser une information adaptée aux malentendants ou malvoyants. « On croit bien souvent que prendre en compte les besoins des personnes handicapées génère un surcoût mais ce n’est pas vrai quand tout est bien anticipé ! », insiste Anne Héry.
« Une prise de conscience collective »
Handicap international a donc coordonné la rédaction d’une charte pour l’inclusion des personnes handicapées dans l’action humanitaire. Les signataires s’engageront sur cinq principes pour délivrer une aide plus inclusive : non-discrimination ; participation des personnes handicapées dans la conception des programmes humanitaires ; mise à disposition de services inclusifs (accessibilité, etc.) ; mise en place de directives internationales ; coopération entre acteurs humanitaires. Elle est accompagnée d’un plan d’action pour son application. « C’est d’abord une prise de conscience collective par les professionnels de l’humanitaire qu’il y a un énorme problème, précise Anne Théry. C’est également le premier texte d’engagement politique international pour réparer l’injustice dont souffrent les personnes handicapées dans les situations d’urgence. » Franck Seuret – Photo Daniel Etter pour Human rights watch
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1 commentaire
Bonjour, tout mon soutien, pour enfin evoquer ce grand “probleme” que souleve, tout les handicaps, les plus varies; visibles ou invisibles..( ceci trop souvent omis par les autoritees.. voir le genre humain.