Île-de-France : seulement une gare SNCF sur deux accessible en 2024
Une quinzaine de gares ferroviaires sont rendues accessibles, chaque année, en Île-de-France. Uniquement des stations accueillant au moins 5 000 voyageurs par jour puisque la réglementation n’impose la mise aux normes que de ces « points d’arrêt prioritaires ». À peine plus de la moitié des 375 gares SNCF franciliennes seront donc accessibles d’ici l’échéance de 2024.
La rentrée 2016 sera plus douce pour les voyageurs handicapés de la ligne H du réseau Transilien montant ou descendant à Domont. La gare SNCF de cette commune du Val d’Oise est désormais totalement accessible. Les nouveaux aménagements ont été inaugurés en grande pompe, fin juin, par Valérie Pecresse, la présidente de la Région Île-de-France et du Syndicat des transports d’Île-de-France (Stif), l’autorité organisatrice des transports collectifs.
Les quais ont ainsi été rehaussés pour offrir un accès de plain-pied aux trains ; les toilettes, aménagées ; des balises sonores et des boucles magnétiques, installées. Surtout, une passerelle, desservie par deux ascenseurs, permet d’accéder aux quais. « C’est une belle réalisation », approuve Nicolas Mérille, le conseiller national accessibilité universelle de l’APF. Les travaux, démarrés en janvier 2014, ont coûté 12 millions d’euros.
1,5 milliard d’investissements programmés
D’autres gares vont suivre. À raison d’une quinzaine par an en moyenne. L’agenda d’accessibilité programmé (SDA-Ad’ap), adopté par le Stif en juillet 2015, prévoit des travaux similaires dans 143 gares SNCF d’ici 2024 pour un budget d’investissement d’1,5 milliard d’euros (1). L’ordonnance du 26 septembre 2014 accorde, en effet, un délai de neuf ans maximum aux autorités organisatrices de transport pour rendre les services ferroviaires accessibles. Enfin, pour être plus précis, uniquement une partie d’entre eux : seuls les « points d’arrêt prioritaires » doivent obligatoirement être mis aux normes. Soit, en Île-de-France, à peine la moitié des 375 gares SNCF desservant les cinq lignes RER (A, B, C, D et E) et les huit autres lignes du réseau Transilien (H, J, K, L, N, P, R et U).
178 gares SNCF resteront inaccessibles
Selon l’Ad’ap du Stif, seules 207 gares SNCF remplissent en effet les critères réglementaires ouvrant droit au statut de « point d’arrêt prioritaire » : accueillir plus de 5 000 voyageurs montant ou descendant par jour ou être situées dans un rayon de 200 mètres autour d’une structure d’accueil pour personnes handicapées ou âgées. 54 étaient déjà accessibles ou en chantier ; 143 feront l’objet de travaux d’ici 2024 ; et 10 devraient bénéficier de dérogations, en raison de « contraintes particulières ».
Au total, en ajoutant à ces 10 dernières gares, les 168 non prioritaires, 178 gares SNCF d’Île-de-France ne pourront donc toujours pas accueillir les voyageurs en situation de handicap. Ou alors dans de mauvaises conditions. Près de la moitié des gares de la région ! Côté RATP, le bilan s’avère meilleur : les 65 gares qu’elles gère (exclusivement sur les lignes A et B du RER) sont toutes des « points d’arrêt prioritaires ».
Les gares accessibles couvriront 95 % du trafic ferroviaire
Certes, les gares SNCF et RATP déjà accessibles ou qui le seront d’ici 2024 couvrent près de 95 % du trafic ferroviaire selon les données du Stif. Et la réglementation stipule que des transports de substitution, des services à la demande par exemple, doivent être mis en place pour desservir les points d’arrêt non prioritaires. Reste que cette distinction entre gares prioritaires et non prioritaires n’existait pas dans la loi de 2005, qui imposait le principe de l’accessibilité généralisée. Elle a été introduite par l’ordonnance du 26 septembre 2014, créant les Ad’ap. Surtout, les voyageurs handicapés seront donc contraints de bien planifier leur voyage avant d’emprunter une ligne. Sur la H, par exemple, celle de Domont, seules 24 des 46 gares seront mises aux normes d’ici 2024. Dans les 22 autres, ce sera toujours la galère. Croisez les doigts pour avoir rendez-vous à Domont ! Franck Seuret
Pour savoir si des travaux de mise en accessibilité sont prévus dans les gares que vous utilisez régulièrement, consultez les pages 89 et suivantes de l’Ad’ap adopté par le Stif.
(1) Financé à 50 % par le Stif, 25 % par la Région et 25 % par la SNCF.
Et ailleurs qu’en Île-de-France ?
Dans les autres régions, toutes les gares accueillant au moins 1 000 voyageurs par jour sont, réglementairement, des points d’arrêt prioritaires. Elles doivent donc être rendues accessibles d’ici 2024 au plus tard. Idem si la gare est située dans un rayon de 200 mètres autour d’une structure d’accueil pour personnes handicapées ou âgées. De plus, sur une même ligne, toute gare non accessible doit être distante de moins de 50 km d’une gare accessible. Si aucun point d’arrêt n’accueille au moins 1 000 voyageurs, certains seront donc aménagés pour que cette distance maximale soit respectée.
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1 commentaire
J’espère qu’ici ou sur FB, il n’y aura pas trop de critiques à l’égard de la notion “point d’arrêt prioritaire”. Indiquant par ex. le coût de la passerelle à Domont 95, donne une idée sur le poids de l’investissement.Tout n’est pas possible. La gare de Bouffemont, à 5 kms de là, est accessible depuis quelques années déjà; le Foyer Fiévet-APF est à moins de 300m et il y a un important Centre de Rééducation Jacques Arnaud dans le Vieux Village. Bonne reprise