Assistance sexuelle en France : l’association CH(s)OSE demande à François Hollande de lancer le débat
Une nouvelle bataille commence pour obtenir la création de services d’assistance sexuelle en France. L’association CH(s)OSE, créée en janvier 2011 et dont l’une des missions est de soutenir la création de dispositifs associatifs ou publics concernant la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap, a adressé ce lundi 11 février une lettre ouverte au président de la République lui rappelant son engagement.
À la question posée par le magazine Faire Face dans ses colonnes en avril 2012, « Allez-vous autoriser la création de services d’accompagnement sexuel (…) ? », François Hollande, alors en campagne, avait répondu : « C’est un débat difficile. L’aspiration de chacun à une vie affective et sexuelle est légitime. Mais nous ne devons pas aboutir à une solution qui reviendrait à organiser un service de prostitution. Nous devrons mener ce débat, regarder ce qui se passe dans d’autres pays, sans préjugés. » Rien ne s’est passé depuis.
Plus grave : aucune des trois ministres concernées, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la santé, Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée en charge des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion et Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, pourtant sollicitées à plusieurs reprises, n’a encore accepté de recevoir l’association. Aussi demande-t-elle directement au chef de l’État de lancer le débat qu’il a promis. En mettant autour de la table toutes les parties prenantes.
Pour le mener avec toutes les chances de convaincre, CH(s)OSE dispose de solides arguments, de nombreux témoignages, et de divers supports (des films, notamment, comme Sexe, amour et handicap ou The Sessions qui va sortir sur les écrans français le 6 mars).
Pour une sexualité citoyenne
Un “arsenal” exposé au cours d’un séminaire, le 8 février à la Bourse du Travail, dans une salle prêtée par la Mairie de Paris. À la tribune (photo ci-contre), devant un public fourni : Pascale Ribes et Julia Tabath, présidente et vice-présidente de CH(s)OSE ; Catherine Deschamps, socio-anthropologue ; Stéphane Lavignotte, pasteur ; Willy Rougier, personne en situation de handicap ; Valérie Di Chiappari, rédactrice en chef du magazine et du blog Faire Face et modératrice ; Chantal Bruno, mère d’un adulte en situation de handicap ; Éric Fassin, sociologue, professeur au département de Science politique de l’Université Paris 8 ; Véronique Dubarry, adjointe au maire de Paris en charge des personnes en situation de handicap ; Laëtitia Petitjean, personne en situation de handicap et Estelle Corelus, assistante sexuelle formée en Suisse en 2008-2009 par l’association SEXualité et Handicaps Pluriels.
Parmi les principaux enseignements de ce séminaire : nous sommes aussi des citoyens sexuels. Et l’accès à la sexualité constitue bien un enjeu démocratique. Aussi l’État se mêle-t-il régulièrement de sexualité : c’est ainsi lui qui fixe la majorité sexuelle, qui s’occupe d’organiser l’éducation sexuelle dans les écoles ou encore qui punit le viol et l’inceste. Raison de plus pour qu’il s’occupe également de l’accès à une vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap, sujet qui ne se cantonne pas à la sphère privée mais appartient bien à la sphère publique.
Pour l’y inciter vous aussi, vous pouvez encore, maintenant sur ce blog, signer l’appel en faveur de la création de services d’assistance sexuelle en France, lancé par l’association CH(s)OSE le 14 septembre 2011 et adhérer au combat de cette association en devenant l’un de ses adhérents. L’appel compte à ce jour plus de 2 200 signatures.
Jean-Louis Rochon – Photo : © Karine Lhémon
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