Cancer du col de l’utérus : les femmes handicapées écartées de la prévention
Les femmes handicapées sont beaucoup moins dépistées contre le cancer du col de l’utérus que celles n’ayant pas de limitations motrices ou autres. En cause, l’inaccessibilité des cabinets médicaux et de leurs équipements.
Le cancer du col de l’utérus touche 3 000 femmes chaque année,en France. Il en tue plus de 1 000. « Il reste donc meurtrier, et pourtant il est évitable », soulignent le président de l’Institut national du cancer et le directeur général de Santé publique France, dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire, paru la semaine dernière.
« Il est recommandé de pratiquer un frottis cervico-utérin tous les trois ans chez les 25 à 65 ans », précisent Norbert Ifrah et François Bourdillon. Une expérimentation a été menée pendant trois ans dans treize départements. « Ces résultats sont de bon augure et permettent d’envisager de généraliser le programme en 2018 », annoncent-ils.
1 femme handicapée sur 3 non dépistée
« Généraliser » ? Les femmes en situation de handicap seront ravies de l’apprendre… Elles ont en effet beaucoup moins accès à cet examen préventif que les autres, comme le montre une étude de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes). Le recours moyen plafonne à 65 % chez les patientes atteintes de limitations motrices contre 82 % chez celles n’en déclarant pas. Soit un écart de 17 points. Il tourne à 14 points pour les femmes ayant des limitations cognitives et monte à 20 points pour celles ayant des limitations visuelles.
Les caractéristiques démographiques et sociales de cette population n’expliquent qu’une partie de cet écart. S’il l’on compare des femmes ayant le même profil (même niveau de diplôme, de ressources, etc.), l’écart se réduit mais reste conséquent : le recours au dépistage du cancer du col de l’utérus est inférieur de 11 points chez les femmes en fauteuil roulant.
Les patients en fauteuil roulant pénalisés
Et ce constat vaut aussi pour de nombreux autres soins de prévention. Pour les patients handicapés dans leur ensemble et tout particulièrement pour ceux en fauteuil roulant. Chez ces derniers, à caractéristiques démographiques et sociales comparables, l’écart atteint 25 points pour le dépistage du cancer du côlon, 22 points pour la mammographie et 19 points pour la vaccination contre l’hépatite B !
Alors comment l’expliquer ? Sans doute par un manque d’informations ciblées et adaptées mais aussi par l’inaccessibilité des cabinets médicaux et/ou des équipements de ces professionnels.
Dérogations à l’accessibilité
Autrement dit, une vraie politique de généralisation d’accès aux soins passe aussi par une politique de mise aux normes. Les nombreux reculs sur le principe de l’obligation de mise en accessibilité, décidés depuis 2014, ne vont pas dans ce sens. En attendant, les Français et les Françaises resteront inégaux face à la maladie et à la mort. Franck Seuret
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