« J’ai une prothèse révolutionnaire grâce au crowdfunding. »

Publié le 8 septembre 2014 par Valérie Di Chiappari

Amputé d’une main depuis l’âge de 4 ans, Fabrice Barès, photographe avignonnais, découvre il y a peu la prothèse de ses rêves : bionique, rarissime et très chère ! Qu’à cela ne tienne : pour l’acquérir, il a choisi le financement participatif ou crowdfunding. Une opération plus que réussie.

« Depuis plus de trente ans, je vis avec ma seule main gauche suite à un accident de tracteur-tondeuse quand j’étais petit. J’ai bien essayé des prothèses mais elles étaient plus esthétiques qu’autre chose… Il m’a fallu attendre 2013 pour découvrir, via une vidéo sur YouTube, une merveille de technologie : la Bebionic 3. Dotée de deux capteurs myoélectriques reliés à la peau, elle détecte les contractions musculaires et nerveuses et permet de retrouver la sensation du toucher.
Mais, pour me la faire implanter, j’avais besoin de 30 000 €. Le prix d’une grosse bagnole, alors que je n’avais que 10 € sur mon compte ! Il fallait que je trouve une solution. C’est ainsi que j’ai songé à lancer un appel aux dons sur une plate-forme Internet de crowdfunding.

J’ai appelé au soutien et à l’entraide

Ma mère trouvait que ça faisait un peu mendicité. Mais pas du tout. Il s’agissait de partir sur un système d’échange. Par ailleurs, les sites de financement participatif comme KissKissbankbank, Ulule ou autres commençaient à être connus : les gens savaient de quoi on parlait.

J’ai monté un projet, l’ai intitulé Un bras pour moi et ai contacté Cowfunding, les seuls à être spécialisés dans le handicap et la solidarité. Christophe Masson, son patron, était ultra partant à l’idée de relayer un très gros projet comme le mien qui, de mon côté, me permettait de faire passer des valeurs et idées comme l’entraide. Aux contributeurs, je proposais des contreparties liées à mon activité professionnelle : qui versait 5 € se voyait proposer une poignée de main bionique, une photo souvenir dédicacée pour 10 €, un portrait en studio pour 50 €, une séance photo complète pour 100 €, etc. [NDLR : on pouvait aussi signaler ne rien vouloir].

Ça a bien marché : quasi la moitié de la somme a été réunie en à peine un mois et une semaine, et l’objectif atteint en 70 jours au lieu des 90 prévus ! En fait, c’est parti à fond la caisse à partir du moment où France 3 a diffusé un sujet sur moi au niveau national. Et cela a généré beaucoup de partage sur les réseaux sociaux.

Tout a changé, je dois me réadapter

Des gens ayant même continué à donner après, j’ai créé une association (1) afin d’aider d’autres personnes dans mon cas, c’est-à-dire les conseiller sur le modus operandi pour obtenir, elles aussi, une prothèse grâce au crowdfunding. Mon association vise aussi à sensibiliser et soutenir la recherche et le développement sur ces appareillages.

Je suis équipé de ma prothèse depuis le 30 avril 2014. Depuis, j’effectue les derniers réglages techniques avec l’aide d’un centre orthopédique du coin et travaille à me réadapter. Car tout a changé : mon rapport à l’espace, ma façon d’appréhender les objets, le regard des autres… jusqu’à ma morphologie générale : je me tiens droit, je ne déambule plus, j’ai remusclé toute la partie droite de mon corps…

J’apprends à utiliser mes deux mains à la fois

Psychologiquement, ça va. Je suis juste frustré de ne pas parvenir à accomplir toute de suite ce que je souhaite. Faut s’entraîner ! En ce moment, j’apprends à utiliser mes deux mains à la fois. C’est un peu compliqué car, côté droit, je n’ai pas encore une totale flexion du bras par rapport à l’avant-bras. Or, c’est indispensable pour que je puisse tenir mon appareil photo des deux mains. » Propos recueillis par Élise JeannePhoto DR

(1) La main tendue – 12, rue d’Amphoux – 84 000 Avignon.

Le financement participatif ou le mécénat 2.0
Également appelé crowdfunding, le financement participatif permet de récolter des fonds auprès d’un large public en vue de financer des projets de tous types (économiques, scientifiques, culturels, éducatifs, artistiques, associatifs…), via Internet. Née à la fin des années 2000 aux États-Unis, cette sorte de mécénat est encore récente en France mais en plein boom.
Parmi les nombreuses plates-formes recueillant des dons avec contreparties parfois, le handicap demeure une thématique sous représentée. Sauf sur Cowfunding, une des rares à y accorder une attention particulière, ainsi qu’au secteur de l’Économie sociale et solidaire.

 

Comment 1 commentaire

Bonjour,
Ma femme handicapé de l’avant pied coté droit cause un cahot de sang sur ma jambe coté droit par négligence des hôpitaux en Algérie l’avant pied a été coupé, maintenant nous demandons une aide pour faire la prothèse et installée dans votre pays.
merci

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