Le Févier d’Or, une chocolaterie qui a tout bon
Nadine Abondo a résolument choisi de travailler avec des personnes en situation de handicap. La chocolaterie qu’elle a récemment créée, le Févier d’Or, à Saint-Ouen-l’Aumône dans le Val-d’Oise, mise sur le savoir-faire de son équipe et la qualité de ses produits.
Faire-face.fr : Vouloir favoriser l’emploi de personnes en situation de handicap n’est pas toujours une mince affaire. Vous confirmez ?
Nadine Afonso : Beaucoup pensent qu’une entreprise ne peut pas fonctionner avec de tels employés. En France, on a vite fait, hélas, de mettre des gens dans des cases. Bien des difficultés tiennent ainsi aux représentations du handicap. Il inspire soit de la pitié, soit renvoie au fait que le travail ne sera pas bien fait. C’est la raison pour laquelle, dans ma chocolaterie, j’ai tout misé sur la qualité de nos produits. Venez goûter, vous verrez !
F-f.fr : Quels messages portez-vous ?
N.A : Le Févier d’Or est à l’image de mes valeurs, de mon militantisme, de mon engagement associatif au profit des maladies rares*, de mes pays d’adoption – la France – et d’origine – le Cameroun.
Je suis persuadée que l’on peut changer les choses et j’ai l’ambition d’y contribuer. Comme pour ces cinq personnes en situation de handicap (moteur, mental et sensoriel) qui font partie de mon équipe. Dès le début, j’avais fait le choix d’en recruter. Je n’ai rien lâché et me suis adaptée.
Aménagement du poste et du temps de travail
F-f.fr : “Adaptée”, c’est-à-dire ?
N.A : Ce sont des salariés comme les autres. La différence se situe dans le fait de devoir aménager leurs postes et temps de travail et de porter un regard bienveillant et empathique sur eux. En manageant bien et en personnalisant l’accompagnement de chacun, on y arrive.
Exemple : la cadre responsable du packettage étant en fauteuil roulant, tous les meubles ont été mis à sa hauteur dans la salle d’emballage. Quant à son planning, il a été conçu pour qu’elle puisse suivre ses soins.
« Nous allons tous de l’avant. »
Atteint de sclérose en plaques, Rudy Burgalier, 39 ans, a eu beaucoup de difficulté pour retrouver un emploi. Le bouche-à-oreille l’a conduit jusqu’à Nadine Abondo. Depuis le 10 janvier, il travaille ainsi à temps partiel comme assistant chocolatier sur un poste aménagé pour tenir compte de sa fatigabilité.« Je m’occupe surtout de l’emballage mais j’aide aussi à la production si besoin pour livrer les clients. » Rudy aide également une autre employée, en fauteuil roulant. « Et réciproquement ! », s’empresse-t-il de souligner. « Il y a beaucoup de soutien entre les salariés. Nous allons ainsi tous de l’avant. » Rudy ne cache pas sa satisfaction d’avoir un travail et des patrons “compréhensifs”. De quoi lui « donner envie de faire des efforts malgré la pénibilité. Cette entreprise en vaut vraiment la peine ! »
Une entreprise engagée
F-f.fr : En quoi encore votre chocolaterie se distingue-t-elle d’autres entreprises de ce type ?
N.A : Par le haut de gamme. Nous travaillons en effet la fève des plantations aux tablettes et en assurons la traçabilité. Nous n’utilisons, de plus, que des produits naturels et maîtrisons l’ensemble du processus. Et le travail de transformation est effectué par des chocolatiers confirmés dans nos ateliers.
La démarche engagée est un autre point fort. Nous reconnaissons et accompagnons le travail des petits producteurs de cacao. Nous nous inscrivons aussi dans l’économie sociale et solidaire et nous nous soucions de notre impact environnemental.
F-f.fr : Pourquoi avoir baptisé votre chocolaterie le Févier d’Or ?
N.A : Au propre, il fait référence au fait qu’un bon chocolat vient d’une bonne fève, un produit en or. Au figuré, il renvoie à l’idée que notre entreprise a des valeurs en or. Elle est un lieu d’épanouissement. Chacun y apporte sa contribution.
* Elle est aussi présidente de l’association Almoha qui intervient auprès de personnes atteintes de maladies rares.
Contact
Févier d’Or – 10, avenue du Fief – 95310 Saint-Ouen-l’Aumône
Tél. : 01 30 36 50 89
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1 commentaire
Bonjour,
Quelle joie de lire votre engagement et témoignage. Moi, je suis atteinte d’une maladie rare. Je suis volontaire , motivée mais plus lente qu’une autre personne dite ordinaire. Je ne suis donc jamais embauchée après une période de stage. C’est déprimant. Bonne continuation à vous!