Bientôt une fiction sur les couples cérébrolésés

Publié le 12 novembre 2014 par Valérie Di Chiappari

Journaliste reporter d’images et réalisateur de documentaires, Marc Jonas, 45 ans, strasbourgeois, prépare une web série Marc Jonazjoyeuse et tendre, Casse-tête, sur le quotidien des couples cérébrolésés. Il travaille en partenariat avec l’Association des familles de traumatisés crâniens (AFTC) d’Alsace. Un crowdfunding est lancé.

Que concoctez-vous exactement ?
Au départ, nous étions partis pour une web série humoristique sur le quotidien des personnes cérébrolésées, avec des petits sketches autour d’un couple qui emménage. Nous avons réalisé un épisode 0, dont les acteurs principaux, Isabelle et François, jouent leur propre rôle.

Épisode 0 à découvrir :

Mais nous visons maintenant une diffusion à la télévision. Pour cela, je réécris le scénario avec un autre réalisateur strasbourgeois, Pierre Loechleiter, du point de vue de personnes valides afin que la série parle davantage au grand public. Il y aura donc un deuxième couple important à l’écran, des voisins de l’immeuble joués par des comédiens professionnels.
Les six premiers épisodes, de 3 ou 4 minutes, seront tournés fin janvier 2015, montés en février, et diffusés pour la première fois lors d’un colloque d’Humanis, notre principal financeur, en mars.
Indépendamment d’une éventuelle diffusion télé, la série sera en ligne sur le site www.cassetete.tv, actuellement en construction. Nous la complèteront de témoignages plus formels sous la forme d’interviews et de ressources sur les cérébrolésés.
Mais, dès à présent, tous les soutiens sont les bienvenus sur la plateforme de crowdfunfing Hello asso. Nous avons récolté 7 770 € et il manque encore 35 000 € à réunir en un peu plus d’un mois pour boucler le budget de la première saison.

Comment est née cette idée ?image de tournage de la serie casse tete
Il y a six ans, lors d’un reportage pour France 3 sur l’AFTC, j’ai été touché de manière inhabituelle. Peut-être parce que je pratique des activités à risque, comme le kite surf ou la moto. J’ai compris que ma vie pouvait basculer du jour au lendemain.
J’étais aussi perturbé par l’idée que de tels accidents touchent à l’identité : même si la personne récupère beaucoup de ses capacités motrices, il reste souvent des troubles de la personnalité et de la mémoire. Pour moi, le coma était juste une période d’endormissement après laquelle on réapprend la vie, comme avant.

Pourquoi une fiction ?
Suite à ce reportage, j’ai gardé contact avec plusieurs membres de l’AFTC, dont Isabelle et François. J’ai voulu raconter cette réalité dans un documentaire, mais Isabelle, qui avait toujours rêvé de faire du cinéma, m’a convaincu de réorienter mon projet vers la fiction. Elle avait raison. L’humour permet d’évoquer des questions sérieuses en les dédramatisant. En plus d’elle et son compagnon, d’autres personnes cérébrolésées assureront des rôles de figuration.

L’épisode 0 se passe le jour du déménagement. Qui a perdu la clé de l’appartement ? Les esprits s’échauffent. image de tournage de la serie casse tete dans le camion de demenagementFrançois accuse sa compagne en raison de ses trous de mémoire. Mais c’est le père de François qui l’avait gardée dans sa poche. Quel message voulez-vous faire passer ?

Quand on a affaire à une personne cérébrolésée, on est tenté de lui attribuer toutes les erreurs en se disant « de toute façon, elle oublie tout ». Pour l’anecdote, lors du tournage, il régnait une véritable tension car François connaissait son texte par cœur, malgré ses problèmes de mémoire, et son père, valide, n’arrivait pas à le retenir, ce qui l’énervait vraiment !
J’aimerais faire mieux connaître ce type de handicap et contribuer à ce qu’émerge un regard plus avisé et plus compréhensif. Je veux aussi montrer que, même si c’est compliqué, il est possible de vivre en couple. Se posent alors les mêmes questions que pour les autres couples, sur l’argent, la sexualité, les enfants… Propos recueillis par Élise Descamps – Photos DR

Comment 2 commentaires

Ce sujet est pour moi d’une grande importance, et oui je suis cérébrolésé. Vivre avec ce handicape peut être invisible sauf pour l’entourage proche et un terrible fardeau pour l’entourage très proche (ma femme est une sainte). Le cerveau est tellement complexe qu’aucun type d’accident de ce type ne pourra avoir les mêmes conséquences. il n’en demeure pas moins que certains symptômes sont récurrents : La mise en mouvement est toujours pour moi très très long, le manque du mot, la “courgette” arrive en pôle position dès que je ne trouve pas le bon???? Il m’arrive souvent encore de ne plus savoir ce que je dois aller chercher en quittant une pièce, sans oublier mes nombreuses omissions qui ne doivent pas être très importantes, pour moi…
Le sujet est vaste et peut être sûrement très drôle.
Bon courage, merci et au plaisir de rire.

mon frère est cérébrolésé profond depuis un accident vasculaire et apoxie le 7 avril. C’est lui et ce n’est plus lui. sa prise en charge est compliquée. Personne ne veut de lui en quelque sorte et il n’est pas prêt d’emménager , plus aucune autonomie possible à priori. C ‘est un monde nouveau qui s’offre à lui chaque et à moi. C’etait un être brillant, et il n’est plus….

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la Politique de Confidentialité de Google et l'application des Conditions d'Utilisation.