Municipales – Majeurs protégés : ils vont voter pour la première fois
Quelque 100 000 majeurs protégés étaient privés du droit de vote jusque début 2019. Pour ces élections municipales, leur voix compte autant que celle des autres citoyens.
Ces élections municipales auront une saveur particulière pour des milliers de citoyens handicapés. Pour la première fois de leur vie, ils vont en effet glisser un bulletin dans l’urne.
La loi de réforme pour la justice, adoptée par le Parlement le 18 février 2019, a rendu le droit de vote à tous les citoyens handicapés, sans exception. Jusqu’alors les majeurs protégés pouvaient en être privés. En effet, lorsqu’il ouvrait ou renouvelait une mesure de tutelle, le juge statuait sur le maintien ou la suppression de leur droit de vote.
Plus de 350 000 Français étaient ainsi soumis à une évaluation de leur capacité électorale. Un quart à un tiers d’entre eux étaient privés de leur voix.
Être citoyen, cela s’apprend
La mesure ayant effet immédiat, elle a pu s’appliquer dès l’élection des députés européens, en mai 2019. Mais peu de votants sous tutelle ont sans doute pu exercer leur nouveau droit à cette occasion. Les Européennes sont le scrutin qui mobilisent le moins les électeurs.
De plus, les délais étaient extrêmement courts – deux mois – pour permettre aux associations de personnes handicapées de mettre en place les mesures d’accompagnement nécessaire. Car être citoyen, cela s’apprend.
Les municipales, des élections concrètes
Les enjeux des élections municipales sont plus facilement compréhensibles. Plus concrets aussi. L’Unapei, une fédération d’associations qui accompagnent 200 000 personnes handicapées intellectuelles, autistes, polyhandicapées et porteuses de handicap psychique, a ainsi mis en place, dans plusieurs de ses établissements, des ateliers dédiés. Les éducateurs y détaillent comment s’organise l’élection, quel est le rôle d’un maire, etc. Ils explicitent également les programmes des différents candidats avec des mots à la portée de tous.
Florence Moulin veut faire passer un message au maire
À Montpezat, village de 1 300 habitants, dans le Gard, Florence Moulin a le choix entre trois listes. Celle du maire sortant et deux autres. « Je vais choisir la seule que je connaisse, celle du maire, explique cette résidente du foyer d’accueil médicalisé de l’Unapei 30. C’est important de voter. Même si je suis handicapée, je suis une personne entière. »
Et puis, la quinquagénaire à un message à faire passer. Elle voudrait que le maire aménage un terrain de pétanque. Et une place de parking supplémentaire réservée aux personnes handicapées dans le village. « J’ai besoin que le maire m’entende. »
À quand des programmes faciles à lire et à comprendre ?
L’Unapei réclame des mesures très concrètes pour rendre le processus électoral accessible à tous. Afin que le droit de vote devienne donc réellement effectif. À commencer par la mise à disposition, par les candidats, de programmes conçus et rédigés selon les règles du Facile à lire et à comprendre (Falc).
« Les électeurs en situation de handicap intellectuel ne sont pas les seuls à être déstabilisés face à des supports de campagne qui ne sont pas adaptés à leurs difficultés de compréhension, argumente l’Unapei. Plus de 2,5 millions de Français maîtrisant mal – ou pas du tout – la lecture ou ayant des problèmes cognitifs se retrouvent eux aussi exclus des rendez-vous électoraux faute de pouvoir accéder aux messages des candidats. » Ce qui est bon pour les personnes handicapées profite à tous. Comme toujours.
Comment agir dans sa municipalité ?
Participer à la vie de sa commune, c’est possible ! Mais comment s’y prendre ? Comment se faire entendre ? C’est le thème du dossier du magazine Faire Face de mars-avril.
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