Les entreprises adaptées touchées de plein fouet par la crise du coronavirus
Le ralentissement de l’activité économique a amené de nombreuses entreprises adaptées à réduire fortement la voilure. L’augmentation des arrêts de travail aussi. Mais certaines activités stratégiques demeurent encore très sollicitées.
La vie économique dans les entreprises adaptées s’éteint peu à peu. « Jeudi 19 mars, seuls 23 % de nos salariés travaillaient encore, précise Serge Widawki, le directeur national d’APF Entreprises qui regroupe 25 entreprises adaptées. Mais on risque de tomber rapidement à 10 % puis 5 %. »
Les EA s’autofinancent à 80 %
Depuis lundi 16 mars, les établissements et services d’aide par le travail (Ésat) ont réduit leurs activités au strict minimum. À la demande des autorités, comme Faire-face.fr l’explique dans cet autre article.
Dans le même temps, les entreprises adaptées, elles, ont tenté de maintenir les leurs. Leurs salariés sont moins vulnérables que ceux des Ésat. Et le modèle économique de ces entreprises, qui emploient une grande majorité de travailleurs handicapés, diffère de celui de ces établissements médico-sociaux.
« Nous nous auto-finançons à 80 %, en commercialisant ce que nous produisons, précise Cyril Gayssot, le président de l’Union nationale des entreprises adaptées. Et puis, nous avons des obligations contractuelles. Maintenir notre activité, c’est préserver l’avenir de nos 32 000 salariés. »
L’économie ne doit pas s’arrêter
Par ailleurs, le gouvernement encourage toutes les entreprises françaises, hormis celles fermées pour des raisons sanitaires (bars, restaurants, cinémas, etc.), à poursuivre leur activité dès lors qu’elles peuvent mettre en place une organisation du travail permettant à chacun de se préserver. Parce que la mise à l’arrêt de toute l’économie risque d’avoir des conséquences sociales, à moyen terme, et sur l’approvisionnement des commerces, à court terme.
Mais la mise en place du confinement, mardi 17 mars, a troublé le message. En clair, il faudrait travailler – à distance lorsque c’est possible ; sur site, lorsque cela ne l’est pas, en appliquant les gestes barrières (distance de sécurité, lavage des mains, etc.) – et rester chez soi, le reste du temps. « Pendant 24 heures, certaines consignes ont pu être surinterprétées », reconnaît un ministre, dans le Figaro.
« Beaucoup de nos clients ont fermé. »
Le ralentissement général de l’économie française a eu raison du volontarisme des EA. « Beaucoup de nos clients ont fermé, poursuit Serge Widawski. C’est le cas dans l’aéronautique, par exemple. D’autres rapatrient ce qu’ils confiaient à des sous-traitants pour occuper leurs employés. Nous subissons également des ruptures d’approvisionnement pour les matériaux dont nous avons besoin. »
De nombreux arrêts de travail
Pour ne rien arranger, les arrêts de travail sont légion. La part des personnes présentant un risque de développer une forme sévère de la maladie Covid-19, telles que listées par le haut conseil de la santé publique, est logiquement plus élevée parmi les travailleurs handicapés. Ces hommes et ces femmes, plus vulnérables, doivent impérativement rester à leur domicile.
Au-delà même de ces cas particuliers, « nos salariés ne sont pas rassurés, reconnaît Serge Widawski. Nous faisons ce que nous pouvons pour leur permettre de travailler dans les meilleures conditions de sécurité. Mais je peux comprendre que cela les inquiète. »
Quel impact financier pour les salariés ?
Plusieurs cas de figure sont possibles :
– le salarié est au chômage partiel : l’entreprise adaptée lui verse une indemnité correspondant à 70 % de sa rémunération brute, soit 84 % de son net environ. Si cette indemnité est inférieure au montant du Smic, l’employeur est tenu de lui verser une allocation complémentaire pour que le total atteigne le montant du Smic net. L’État et l’Unedic rembourseront ensuite l’entreprise ;
– le salarié fait partie des publics à risques, listés par le haut conseil de la santé publique : il bénéficiera des indemnités journalières de la Sécurité sociale au même titre que les parents contraints d’arrêter de travailler car l’école ou l’établissement de leur enfant est fermé. « Avec d’autres, nous avons plaidé pour la mise en place de ce système d’indemnisation, et nous avons été entendus, se félicite Cyril Gayssot, le président de l’Union nationale des entreprises adaptées. Notre expérience de publics fragiles dans les entreprises adaptées a bénéficié à l’ensemble des salariés concernés. »
Les blanchisseries ne chôment pas
La crise n’impacte cependant pas tous les secteurs de la même manière. Certains continuent de tourner à plein régime, car stratégiques. C’est le cas des blanchisseries industrielles qui lavent les draps des collectivités, du conditionnement de produits alimentaires, de la fabrication de matériel électrique… « Et nous sommes sollicités pour voir si nous pouvons nous lancer dans la production de masques », précise Serge Widawski.
Se réorganiser pour garantir la sécurité
Aux Ateliers de Provence, gérés par l’Ari, l’activité devrait même redécoller en ce début de semaine. « Vendredi dernier, seuls 17 de nos 52 salariés travaillaient, explique sa directrice Anne Texier. Mais nous avons pu plancher en interne et avec nos clients pour nous adapter à la nouvelle donne sanitaire. »
Les jardiniers ne se déplaceront plus qu’à deux ou trois par véhicule contre sept avant le virus. Les ouvriers du second œuvre (peinture, etc.) ont chacun leurs outils pour éviter d’être plusieurs à manipuler les mêmes… La flamme vacille mais ne meurt pas.
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