Déconfinement : « Pour construire le monde d’après il va falloir ramer. »

Publié le 11 juin 2020 par Élise Descamps
Éric Henry retourne désormais au travail en présentiel chaque jour.

Durant la période de confinement, Faire-face.fr a recueilli chaque semaine les impressions de deux personnes en situation de handicap. Un mois après s’être déconfiné, Éric Henry, vivant en appartement à Nancy, travaille désormais en présentiel à temps complet, et mesure le chemin à parcourir pour construire le monde d’après.

« Je suis satisfait. En reprenant le travail à 100% en présentiel, et non plus la moitié du temps comme pendant les trois premières semaines du déconfinement, mes dossiers ont bien avancé. Je suis quand-même beaucoup plus efficace qu’à la maison où j’ai tendance à me laisser distraire.  Il y a beaucoup à rattraper et je suis un peu le nez dans le guidon, mais cela fait du bien.

Pendant près d’un mois, j’ai mangé des sandwiches dans mon bureau avec une auxiliaire de vie. Lundi, la cantine a rouvert. Avec la distanciation sociale, les places sont limitées et il ne faut pas oublier de s’inscrire la veille. Mais le personnel du conseil départemental est encore loin d’être intégralement revenu donc les gestes barrières sont facilement respectés. Je suis aussi agréablement surpris de voir que dans le bus les gens respectent le port du masque.

Retrouvailles père-fils… et avec le dentiste

Le week-end de la Pentecôte mon père de 91 ans est venu quatre jours chez moi. Nous avons rattrapé son anniversaire et Pâques, beaucoup discuté, et fait notre premier barbecue.

Une autre retrouvaille attendue – avec le dentiste – était moins agréable. Le déconfinement me coûte deux dents ! L’une a été dévitalisée fin mai et j’ai rendez-vous fin juin pour me faire arracher l’autre. Mon auxiliaire de vie me les brosse mais celles du fond sont plus difficiles à atteindre et je n’ai pas pu me les faire soigner aussi vite que j’aurais voulu avec le confinement. En attendant que les douleurs cessent, je continue le Doliprane.

Le déconfinement aussi entre listes électorales

Le confinement était tombé pour moi juste après une campagne intense pour les élections municipales à Nancy. Je figurais sur une liste Europe écologie les Verts. Celle-ci a fusionné avec la liste socialiste. Je me doutais que, figurant en 25e position, il y avait peu de chances que je sois retenu. Mais j’ai été éjecté sans même avoir reçu un coup de fil. Je suis déçu, car il y avait une belle dynamique de groupe.

Je ne pense pas avoir été l’handicapé de service car il est arrivé la même chose à beaucoup d’autres personnes figurant sur la liste. Mais je réalise les pratiques classiques en politique. Maintenant cette aventure est terminée pour moi, sauf si je souhaite juste soutenir le candidat. Mais ce n’était pas ma motivation initiale.

Mon désir d’engagement reste malgré tout intact. Mais j’ai conscience que pour construire le monde d’après il va falloir ramer ! Il y a beaucoup à faire sur les modes de consommation ou la démocratie participative par exemple. Le confinement a peut-être accentué une société consumériste, que l’on déresponsabilise en disant “restez chez vous”, consommez votre temps de repos. C’est une question que je me pose aujourd’hui. »

 

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