Cinéma : Blackbird aborde avec justesse et émotion la question du choix de sa fin de vie
Mourir dans la dignité, c’est ce à quoi aspire Lily atteinte d’une maladie incurable dans le film Blackbird en salles aujourd’hui. Elle convie toute sa famille pour un dernier week-end. Elle a décidé de mettre un terme à ses souffrances en choisissant le suicide assisté, légal dans certains états américains. Lily est déterminée, mais ses proches se divisent quant à sa décision. Si Blackbird ose aborder la question de l’euthanasie, c’est aussi un très beau portrait de femme libre.
On appréhendait un peu le mélo tire-larmes. Heureusement, malgré quelques moments poignants, Blackbird réussit le tour de force de faire vibrer la corde sensible. Tout en poussant à se questionner. Lily (Susan Sarandon) et son mari Paul (Sam Neill) décident de réunir leurs enfants et leurs petits-enfants pour un week-end. Or, cette réunion familiale cache en fait une décision importante pour chacun de ses membres.
Atteinte de la maladie de Charcot, Lily refuse de subir une fin de vie qu’elle juge dégradante. Elle a décidé de prendre son destin en main. Cette annonce, différemment perçue par chacun des membres de la famille, va faire remonter des secrets et des non-dits. Comment laisser partir ceux qu’on aime quand on a l’impression de ne pas leur avoir tout dit ?
Car, la grande force du film est de montrer combien la mort annoncée et choisie d’un proche peut profondément bouleverser un équilibre familial. Les relations de Lily avec ses deux filles racontent qu’un choix éclairé peut être mal interprété. Voire perçu comme un acte égoïste. « Je veux mourir parce que je suis prête », martèle Lily. « Et moi, si je n’étais pas prête ? », lui renvoie Anna avec colère.
Blackbird, le choix digne d’une femme
Remake d’un film danois Silent Heart sorti en 2013, Blackbird concentre l’attention sur le choix d’une femme. À la manière de Anne Bert, atteinte de la même maladie dégénérative, partie se faire euthanasier en Belgique, Lily est certaine de son choix, refusant de laisser la maladie prendre le dessus et la diminuer.
« L’amour pour la vie de cette femme qui va mourir est évident. La vie, elle l’a vécue pleinement, peut-on lire sur le site de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD). Et c’est parce qu’elle aime la vie qu’elle ne veut pas de la survie qui arrivera fatalement, compte tenu de l’avancement de sa maladie dégénérative. Lily le dit très bien : maintenant qu’elle sait qu’elle va mourir, elle est heureuse car elle n’a plus peur de la souffrance et de la déchéance. (…) Lily est une femme joyeuse, intelligente, belle, spirituelle, qui entend bien être maîtresse de sa fin de vie et de sa mort comme elle a été maîtresse de sa vie. »
Un film qui nourrit le débat sur l’assistance médicalisée en fin de vie
Emmanuel Hirsch, directeur de l’Espace national de réflexion éthique sur les maladies neurodégénératives et ancien président de l’Association de recherche sur la sclérose latérale amyotrophique, s’interroge. « Au nom de valeurs personnelles et d’une conception de la dignité humaine, peut-on admettre qu’abréger une existence menacée par une paralysie progressive peut-être considérée préférable à une mort par asphyxie lorsque les fonctions respiratoires ne sont plus fonctionnelles ? » Quelques jours après la relance du débat sociétal relatif à l’assistance médicalisée en fin de vie par Alain Cocq, Blackbird contribue à nourrir la réflexion.
Sur vos agendas : Dimanche 27 septembre à 16h, le cinéma Majestic Bastille à Paris propose une projection de Blackbird suivie d’une rencontre avec Jonathan Denis, secrétaire général de l’ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité).
Vos avantages :
- Magazine téléchargeable en ligne tous les 2 mois (format PDF)
- Accès à tous les articles du site internet
- Guides pratiques à télécharger
- 2 ans d’archives consultables en ligne
2 commentaires
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Que M. Macron regarde ce film afin qu’il accepte de prendre en compte la souffrance physique et psychologique de nombreux français qui n’ont pas les moyens d’exporter leur fin de vie.
Qu’il accepte qu’il y ait un débat sur une loi sur la liberté de choisir le moment de sa mort.
Qu’il entende enfin le souhait de la majorité des français favorables à une telle loi.