Une conférence nationale pour relancer une terne politique du handicap ?

Publié le 10 décembre 2014 par Valérie Di Chiappari
APF ,manifestation place de jaude Clermont-Ferrand

La 3e Conférence nationale du handicap aura lieu, jeudi 11 décembre, dans un climat de défiance envers le gouvernement. Le bilan de la première moitié du quinquennat sur la politique du handicap s’avère, en effet, assez décevant.

Un cap, une direction. Le Comité d’entente des associations représentatives de personnes handicapées « attend du chef de l’État qu’il définisse les grandes orientations de sa politique en faveur des personnes en situation de handicap », lors de la 3e Conférence nationale du handicap, jeudi 11 décembre.

Le quinquennat avait plutôt bien démarré. Quatre mois après l’élection de François Hollande, une circulaire invitait les ministres à faire figurer « des dispositions spécifiques aux personnes en situation de handicap (…) dans chaque projet de loi ». Mais depuis, Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée aux personnes handicapées, et Ségolène Neuville, la secrétaire d’État lui ayant succédé en avril 2014, ont semblé navigué à vue sur au moins trois des quatre thèmes à l’ordre du jour de la conférence : accessibilité, accompagnement médico-social/accès aux soins, emploi et jeunesse.

Accessibilité : les associations s’opposent aux nouvelles mesures

manifestation APF a Nantes le 24 novembreSur l’accessibilité, il était évident, dès 2012, que l’échéance ne serait pas tenue. Pourtant, il aura fallu près de deux ans et demi pour qu’un nouveau dispositif soit défini. L’ordonnance du 26 septembre 2014 accorde des délais supplémentaires aux gestionnaires et élargit les possibilités de dérogation. Des modalités nouvelles fortement contestées. Le collectif national pour une France accessible pour tous multiplie les actions coup de poing. De plus, six associations viennent de déposer un recours devant le Conseil d’État contre cette ordonnance.

Établissements et services : des créations de places insuffisantes

Même attentisme sur le dossier brûlant du manque de places dans les établissements et services. Le gouvernement s’est contenté de poursuivre les créations de places prévues par le plan pluriannuel 2008-2012, dont l’exécution avait pris du retard.
Fin 2013, l’affaire Amélie Loquet, une jeune femme handicapée vivant chez ses parents faute de place en établissement, a poussé Marie-Arlette Carlotti à réagir. En octobre dernier, le Tribunal administratif de Cergy-Pontoise a, en effet, ordonné à l’Agence régionale de santé d’Île-de-France de lui proposer une solution. Dans la foulée, la ministre a décidé la mise en place d’un « dispositif d’alerte et de traitement des situations critiques ». Un an plus tard, ce « dispositif » n’a toujours pas fait ses preuves.

Emploi : le chômage a explosé

En matière d’emploi non plus, le gouvernement n’a pas pris des mesures à la hauteur des enjeux. Entre fin 2007 et juin 2014, le nombre de demandeurs d’emploi en situation de handicap a plus que doublé. Or, les créations de places en établissements et services d’aide par le travail ont été gelées. L’État a même pioché dans les caisses de l’Agefiph et du Fiphfp. Quant aux moyens consacrés aux demandeurs d’emploi handicapés, ils ont relativement peu augmenté.

Écoles : moins de précarité pour certains auxiliaires de vie scolaire

En revanche, le gouvernement peut mettre à son actif des avancées sur la professionnalisation des auxiliaires de vie scolaire (AVS). Marie-Arlette Carlotti a lancé, en 2014, un plan de recrutement en CDI, étalé sur six ans, des 28 000 (AVS) intervenant déjà sous CDD d’assistant d’éducation.
Selon le ministère de l’Éducation, 4 700 ex-AVS/AED ont signé leur premier CDI lors de la rentrée 2014/2015. Reste le cas des 26 000 AVS sous contrat unique d’insertion : ils ne pourront bénéficier de ce plan qu’au terme d’un long parcours de précarité. De plus, le nombre d’AVS est toujours insuffisant pour répondre aux besoins, même si la situation s’améliore d’année en année.

« L’opération de la dernière chance », pour l’Unapei

« On est à mi-mandat et on n’a pas le sentiment d’avoir obtenu grand-chose depuis 2012. On aimerait bien que François Hollande nous laisse un petit peu d’espoir d’ici la fin de son quinquennat », résume Alain Rochon, le président de l’APF. « Impatientes et en colère, l’Unapei et les 60 000 familles qu’elle représente, voient en la Conférence nationale du handicap, l’opération de la dernière chance pour le gouvernement », souligne Christel Prado, la présidente de l’Unapei.

Pas de grandes annonces mais des précisions

Pas sûr que la première Conférence nationale du handicap de la présidence Hollande réponde à leurs attentes. Selon l’Élysée, contacté par l’AFP, il ne faut pas en attendre de grandes annonces mais plutôt des confirmations et des précisions sur chacun des quatre thèmes abordés. Pour les ressources et la compensation, une préoccupation majeure des personnes en situation de handicap, il faudra repasser : ces deux sujets ne seront pas abordés lors de la conférence. Franck Seuret – Photos Danyel Massacrier et DR

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