Conférence nationale du handicap : une grand-messe pour pas grand-chose
En clôture de la Conférence nationale du handicap, ce 11 décembre, à l’Élysée, François Hollande a tenu un discours plein de bonnes intentions mais sans grandes annonces.
L’Élysée l’avait fait savoir : le président de la République ne ferait pas de grandes annonces à l’issue de la Conférence nationale du handicap, jeudi 11 décembre. Promesse tenue à une surprise près : cette conférence se déroulera désormais chaque année et non plus tous les trois ans.
Pour le reste, François Hollande s’est effectivement contenté d’avancer quelques mesures. Certaines avaient déjà été dévoilées les semaines passées, comme la réforme de la tarification des établissements et services ou encore la mise en œuvre progressive du rapport Piveteau pour que plus aucune personne handicapée ne se trouve sans solution d’accueil.
Emploi : un François Hollande volontaire sur le public, flou sur le privé
Sur la question de l’emploi, le président de la République était particulièrement attendu : le taux de chômage des personnes handicapées a en effet doublé depuis 2007. Il s’est engagé à ce que la Fonction publique soit « exemplaire », en respectant l’objectif de 6 % de travailleurs handicapés dans ses effectifs. L’encadrement supérieur de la Fonction publique sera ouvert aux personnes handicapées par dispense de concours et selon des voies adaptées.
De plus, la négociation sur la diversité dans la Fonction publique, en 2015, inclura le recrutement, le déroulement de carrières et la formation continue des agents handicapés.
Sur les employeurs privés, il a tenu un discours pour le moins ambigu. La contrainte ayant échoué à les amener à signer des accords d’entreprises, il veut passer à un dispositif plus incitatif. Son objectif : multiplier par trois le nombre d’accords d’ici trois ans. Comment ? Cela reste à déterminer.
Entreprises adaptées : rattraper un engagement non tenu
Les entreprises adaptées ont eu confirmation qu’elles bénéficieraient de 500 aides au poste supplémentaires, en 2016, comme en 2015. Mais cette mesure n’est que le rattrapage des 1 000 aides gelées en 2014 alors qu’elles figuraient dans le Pacte pour l’emploi.
François Hollande y a ajouté plusieurs mesures anecdotiques. L’âge limite pour le service civique sera ainsi porté à 30 ans, au lieu de 25 ans, pour les candidats en situation de handicap. Les commandes passées par les entreprises aux travailleurs handicapés indépendants pourront être intégrées dans le calcul de leur taux d’emploi de salariés en situation de handicap.
Accès aux soins : l’améliorer en milieu ordinaire et à l’hôpital
Autre sujet à l’ordre du jour : l’accès aux soins. À partir de janvier 2015, les contrats entre les agences régionales de santé (ARS) et les maisons de santé pluridisciplinaires (430 existantes et près de 500 en projet) comprendront des objectifs concernant l’accueil des personnes en situation de handicap. De plus, le déploiement de consultations spécialisées à l’hôpital sera encouragé dès 2015 avec les concours du fonds d’intervention régional des ARS.
Simplifier les procédures administratives
Enfin, François Hollande a annoncé des mesures de simplification administrative. Comme le proposait le rapport Chérèque, la durée d’attribution de l’allocation adulte handicapé pourra être étendue à cinq ans, dans certains cas, lorsque le taux d’invalidité est compris entre 50 et 80 %. La reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé et les procédures d’évaluation de la lourdeur du handicap seront simplifiées et accélérées. Les cartes de stationnement et de priorité seront unifiées dans une carte mobilité.
Les associations déçues
Globalement, la Fnath « note une impression de déjà-vu qui ne pourra donc calmer la colère et le désarroi des personnes handicapées. Colère d’être discriminées en tous lieux (…). Désarroi de constater que nombre de législations ou de discours ne trouvent sur le terrain aucune concrétisation depuis si longtemps ».
De son côté, l’APF retient de cette conférence « un grand décalage entre le discours du président de la République et les attentes fortes et légitimes des personnes en situation de handicap. » L’association souligne l’absence « d’annonces majeures sur le sujet crucial de la compensation et des ressources des personnes ». Sans oublier de pointer que « quand des personnes attendent depuis plusieurs décennies de pouvoir se déplacer librement, il ne s’agit pas d’impatience (terme utilisé par François Hollande, NDLR) mais d’une volonté de voir ce droit fondamental respecté ». Franck Seuret – Photo présidence de la République/P. Segrette
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5 commentaires
Ecouté le déroulé sur vivrefm: logique qu’un Président parle d’abord de ce qui a été concrètement fait depuis mai 2012 et ce avec des chiffres. Pour la suite, logique encore, confirmation de convictions, idées… que le gouvernement devrait mettre en oeuvre. A observer de près. Traditionnel aussi: la docilité silencieuse des associations sous les ors de la République; courtoisie et tradition oblige???? Devant la tonicité de l’APF je m’attendais à quelque démonstration pertinente et inhabituelle: rien vu ni entendu. Comme quoi….
J’espère que les conditions dans lesquelles vivent beaucoup de personnes en situation de handicap physique ou psychique ou les deux soient bien traitées. Ma compagne que j’ai accompagnée pendant 15 ans dans le processus de son rétablissement a été morte le 31 janvier 2014 à l’âge de 43 ans à Aix-en-Provence. Elle a été maltraitée et par sa psychiatre et par sa mandataire. Si les services concernés à Aix-en-Provence avaient pris en compte seulement une petite partie faible de l’ensemble des rapports que je leur ai communiqués, elle aurait été sauvée. J’ai mené une course contre la montre pour éviter ce drame, j’ai demandé à tous les services d’agir pour la sauver. Malheureusement, aucune écoute, aucune réaction et aucune action même minime qu’elle soit n’a été engagée pour la sauver ou au moins, atténuer ses souffrances. C’était de l’indifférence totale bien soutenue dans l’ensemble de ces services. Mon souhait, c’est de ne jamais voir se reproduire cette situation parce que la problématique du handicap engage la société entière. Nous sommes tous responsables et concernés pour leur bien-être et leur vie.
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Toujours du blabla et oui les élections de 2015 arrivent. Faut sauver les meubles. et bien moi je dis :
– que d’arriver au tribunal administratif pour l’obtention d’une AVS accordée par la MDPH en début d’année scolaire ;
– que de cumuler des soins pour son fils non remboursés par la sécurité sociale et une MDPH qui tire le diable par la queue pour prendre en compte ses soins ;
– que de refuser par le conseil général, les transports pendant les stages obligatoires imposés par l’éducation nationale et mettre dans l’ennui des parents qui travaillent ;
– que d’avoir une prise en charge sur un établissement médico-social non adaptée à l’autisme pour sa fille parce qu’il n’y a rien d’autre à proposer ;
– que le nombre d’Ulis sur sa ville est à compter sur ses doigts ;
– que le choix des formations dans les IMpros font peaux de chagrin (restauration, agent polyvalent de nettoyage, jardinage);
Et la liste est longue…
Voilà notre vie au quotidien mesdames et messieurs les politiciens.
Assez de paroles, nous voulons de l’action.
Assez de tous ces scandales politiques qui dénoncent les politiciens véreux.
Travaillez pour la France et non pour vos intérêts personnels.
FRANCE EST AU BORD DU GOUFFRE !!! ECOUTEZ-NOUS
[…] des orientations et des moyens de la politique concernant les personnes handicapées ». Mais lors de sa première CNH, en décembre 2014, le chef de l’État avait annoncé qu’elle se tiendrait désormais « chaque année et non pas […]