Damien Seguin : « Le Vendée Globe, c’est le rêve de tout skipper qui pratique la course au large. »
Dimanche 8 novembre, le skipper Damien Seguin, né sans main gauche, prendra le départ du tour du monde à la voile. Une première pour un marin handisport, dans cette épreuve considérée comme l’Everest de la course au large. Interview avant le départ.
Faire-face.fr : Que représente cette première participation au Vendée Globe ?
Je me suis lancé dans cette aventure pour la dimension sportive mais aussi pour affirmer la place des personnes avec un handicap dans le sport et la société en général.
Le Vendée Globe est le rêve de tout skipper qui pratique la course au large. C’est en effet l’épreuve la plus difficile et la plus compliquée de notre sport. Les montagnards ont l’Everest, nous avons le Vendée Globe.
En s’en donnant les moyens, il est possible de réaliser son rêve malgré la différence. J’espère ainsi que mon parcours donnera de l’espoir, l’envie à d’autres de se lancer, sur le Vendée Globe, dans le monde de la course au large ou ailleurs.
« Apporter la preuve par l’exemple : la meilleure des réponses. »
F-f.fr : Ce n’était pas pourtant pas gagné au départ…
D. S : Oui, mon entrée dans le monde de la course au large a été difficile. En 2005, les organisateurs ont refusé mon inscription, prétextant des problèmes de sécurité liés à mon handicap. Je n’ai rien lâché. Et aujourd’hui j’ai prouvé que j’étais capable de naviguer, d’être un skipper comme les autres.
L’année dernière, en pleine course, je suis monté avec une seule main en haut du mât pour réparer la grand voile. Apporter la preuve par l’exemple, voilà à chaque fois la meilleure des réponses.
« C’est moi qui m’adapte au bateau.»
F-f.fr : Pour le Vendée Globe, avez-vous adapté le bateau à votre handicap ?
D. S : Il n’y a qu’un seul aménagement : la manivelle de winch est équipée d’un manchon. C’est tout. J’y tiens d’ailleurs. Je n’ai pas envie que les autres participants affirment que le bateau est “trafiqué” ou que j’ai un avantage sur eux. C’est moi qui m’adapte au bateau.
F-f.fr : Comment vous êtes-vous préparé ?
D. S : Ça fait trois ans que je travaille au quotidien sur le projet. Je vais naviguer en solitaire sur un bateau de 18 mètres de long, très puissant. Il n’y aura ni assistance, ni escale. Au-delà de la dimension sportive, en amont, ça implique de maîtriser une multitude d’éléments, le voilier, l’électronique, la mécanique. L’expérience joue beaucoup.
« Je reste un compétiteur.»
F-f.fr : Quel sera votre objectif sur ce Vendée Globe ?
D. S : Sur certaines éditions, il y a jusqu’à 50 % d’abandons. Nous avons fait le choix avec mon sponsor, le groupe de protection sociale Apicil, de partir avec un bateau sans foils, (ndlr : ces ailes sous le bateau qui lui permettent de “voler” sur l’eau).
L’objectif sera de terminer l’épreuve, je peux raisonnablement viser une place parmi les dix premiers si les conditions météo sont favorables au bateau. Après, je reste un compétiteur. Et si en cours de route, je peux gagner une place sur mon camarade, je me battrai pour.
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