À Reims, un service d’aide à domicile pour les enfants handicapés menacé
Fin novembre, Handéo, première enseigne nationale de services aux personnes handicapées, a organisé un colloque afin de promouvoir l’aide humaine pour les enfants. Reportage à Reims, auprès de Cap intégration Marne, un service pionnier menacé de fermeture, faute de financements suffisants.
La cuisine affiche complet, à l’heure du déjeuner, chez Marie-Amélie Goupil, à Reims. Cette mère de trois enfants donne à manger à sa petite dernière, l’aîné avale son repas en racontant sa matinée à l’école et le cadet, 4 ans, est assisté par Laurie, son auxiliaire de vie. Gabin souffre en effet « d’un retard global des acquisitions ». Il est dans l’incapacité de manger seul, comme les autres enfants de son âge, de marcher ou de parler. La Maison départementale des personnes handicapées lui a accordé onze heures d’aide humaine par semaine. Cap intégration Marne assure cette prestation.
Cap intégration « soulage notre quotidien »
Laurie, salariée de ce service d’accompagnement, intervient donc trois fois par semaine. Elle emmène Gabin chez la psychomotricienne, aide la kiné à domicile, le promène, joue avec lui… Elle l’accompagne aussi une matinée à la crèche.
« La présence de Laurie à ses côtés lui permet de participer pleinement aux activités de la crèche avec les autres enfants », apprécie Marie-Amélie Goupil (photo ci-contre). Et puis, elle fait déjeuner Gabin, à la maison. « Elle peut se consacrer pleinement à lui durant ce temps de repas, l’aide à manger seul, accompagner son geste… Ce que je ne peux pas faire puisque je dois m’occuper de son frère et de sa sœur. Elle soulage véritablement notre quotidien. En fait, elle contribue au bien-être de Gabin et de notre famille. »
Accompagner les enfants en tout lieu de vie
Cap intégration Marne est l’un des rares services, sinon le seul, à être spécialisé dans l’accompagnement de jeunes handicapés. Élisabeth Loppin, maman de deux enfants en situation de handicap, l’a créé en 2001, avec le concours de plusieurs associations.
Son credo : accompagner les enfants en tout lieu de vie. À domicile mais aussi à la crèche, à un anniversaire chez un copain ou bien encore au club de sport. « Partout sauf à l’école, depuis que le ministère de l’Éducation nationale assume cette mission, résume Élisabeth Loppin, la présidente de l’association. Mais cela serait plus cohérent pour l’enfant et les parents si nos salariés pouvaient intervenir aussi pendant le temps scolaire. »
Une aide à domicile de deux à plus de trente heures par semaine
Pour bénéficier des services de Cap intégration Marne, les parents doivent obtenir une notification de la Maison départementale des personnes handicapées. Un nombre d’heures est attribué à leur enfant, en fonction de son projet de vie et de celui de sa famille. « Cela peut aller d’une à deux heure(s) par semaine, pour relayer ponctuellement un parent, à plus d’une trentaine d’heures, dans le cas d’un jeune n’ayant pas de prise en charge en établissement, précise Céline Landragin, la chef de service de Cap intégration Marne. On intervient pour accorder un peu de répit aux parents aussi bien que pour leur permettre de continuer à travailler, si c’est leur souhait. »
Un financement horaire inférieur au coût de fonctionnement
Aujourd’hui, 120 familles bénéficient des services de l’un des 70 salariés de Cap intégration Marne. L’association est financée par la prestation de compensation du handicap ou le complément de l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé, attribué à l’enfant par la MDPH. Mais le tarif fixé par le Conseil général de la Marne – 21,43 € de l’heure – est inférieur au coût réel de fonctionnement – 24,5 €. « La qualité a un coût, justifie Céline Landragin. Nous n’embauchons que des personnes formées, ayant un diplôme d’aide médico-psychologique souvent ou d’éducateur spécialisé. Il n’est pas question d’abaisser notre niveau d’exigence en embauchant des candidats qui ne correspondraient pas aux besoins des enfants. »
Un service d’aide à domicile avec 120 000 € de déficit par an
À raison de 40 000 heures d’accompagnement, l’association génère donc un déficit de 120 000 € par an. Une menace pour sa survie. Elle a bénéficié, au coup par coup, de subventions exceptionnelles de la Caisse d’allocations familiales ou d’autres financeurs lui permettant de boucler son budget.
« Mais ce n’est pas tenable à long terme, souligne Céline Landragin. Nous devons trouver des partenaires financiers s’engageant à compléter le tarif horaire fixé par le Conseil général. La Caisse d’allocations familiales aurait toute légitimité pour le faire puisque nous intervenons auprès d’enfants. L’Agence régionale de santé aussi car nous accompagnons certains jeunes n’ayant pas de place en établissement spécialisé. Les mairies pourraient également apporter leur contribution. »
« Le droit à compensation a été reconnu par la loi de 2005, insiste Élisabeth Loppin. Il serait incompréhensible qu’après quatorze ans de fonctionnement, un service pionnier, ayant fait la preuve de son utilité, soit contraint de mettre la clé sous la porte. » Texte, film et photos Franck Seuret
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2 commentaires
Utilité et nécessité de ce Service d’Aide à domicile ne sont pas en cause. Je voudrais comprendre depuis quelle année la différence entre le prix tarif du C.G. et le coût réel crée ce déficit lourd? Faut-il chaque année ouvrir la chasse aux subventions en espérant que…?
Depuis l’alerte du commissaire aux comptes en décembre 14, quelle est l’évolution, les promesses des uns et autres (institutions, élus locaux…). Belles vidéo de F.S., well done.
Bonjour ,
je suis handicapé à 80% j’ai 33 ans et je souhaiterais savoir si il y avais moyen de faire de l’ aide a domicile avec moi