Les idées reçues (et fausses) sur la schizophrénie
Les Journées de la schizophrénie commencent ce week-end. Elles visent à mieux informer sur cette maladie, encore trop mal connue et entourée de bien d’idées préconçues. Décryptage avec le Docteur David Masson, psychiatre au centre psychothérapique de Nancy.
1 -Les personnes atteintes de schizophrénie sont dangereuses
FAUX. L’idée de la dangerosité est bien ancrée. C’est une vision partagée par 83 % des Français – et 77 % des médecins généralistes, selon le Baromètre de la schizophrénie, porté par l’Unafam et l’association PromesseS en 2018. La faute aux représentations de la schizophrénie dans les films, comme récemment Split, mais aussi aux quelques faits divers meurtriers et médiatisés, tel le double meurtre commis à Pau, en 2004, par un patient en psychiatrie, regrette David Masson, psychiatre à CURe Lorraine (Centre universitaire support de remédiation cognitive et rétablissement) au Centre Psychothérapique de Nancy. « C’est très rare, en fait. Une personne sur 100 est atteinte de schizophrénie, ce qui est finalement assez courant et vous en croisez forcément tous les jours. Malheureusement, les actes violents commis par des personnes malades frappent les consciences. »
Pire : « Ces personnes sont malheureusement plus victimes des autres, explique le médecin. Elles peuvent souvent se retrouver piégées, se faire rouler, notamment à cause de leurs troubles de la cognition sociale (savoir repérer des intentions chez les autres, par exemple).» Enfin, si la schizophrénie crée un danger, c’est plutôt pour soi-même. Le taux de suicides chez les personnes atteintes de cette maladie est de 5 à 10 %, soit dix fois plus que dans le reste de la population.
2 -La schizophrénie engendre un dédoublement de personnalité
FAUX. La personnalité multiple existe, il s’agit d’un trouble dissociatif de l’identité, mais ce n’est pas de la schizophrénie. Cette dernière entraîne « une désorganisation de la pensée », explique David Masson. Ainsi, quand une personne est en crise ou début de maladie, sa pensée perd sa fluidité et sa cohérence globale : son discours semble partir dans tous les sens. Il existe aussi une dissociation entre ce qu’elle dit et les émotions exprimées au niveau de son visage, ce qui provoque un sentiment de bizarrerie.
Pourtant, cette idée des personnalités multiples a la vie dure : 82 % des Français y croient. Le psychiatre raconte même avoir annoncé un diagnostic de schizophrénie à un patient, incrédule puisqu’il « n’avait pas de multiples personnalités ».
3 – La schizophrénie touche seulement les garçons
FAUX. Cette maladie touche un peu plus d’hommes – environ 60 %- mais aussi des femmes. Les troubles commencent plus tôt chez les garçons, le “pic d’entrée dans la maladie” se situant entre 15 et 30 ans.
Les causes de la schizophrénie s’avèrent complexes et multiples. Il existe une prédisposition génétique, une « vulnérabilité », précise David Masson. Cela ne signifie pas pour autant que toutes les personnes qui en sont porteuses déclareront la maladie, ni qu’elle est héréditaire. Enfin, certains facteurs déclencheurs – chez les personnes porteuses de cette vulnérabilité – sont bien identifiés, comme la consommation de cannabis, l’anxiété et le stress.
4 – La schizophrénie empêche une vie normale
FAUX. Les personnes atteintes de schizophrénie bénéficient de traitements (médicaments, psychothérapie et accompagnement psychosocial) qui permettent de se rétablir et de vivre la vie la plus satisfaisante possible. « Le terme de guérison est sujet à débat, souligne David Masson, car médicalement, cela signifie un retour à l’identique avant une maladie et ce n’est jamais vraiment le cas avec des psychoses. Pour autant, le taux de rétablissement avec la schizophrénie concerne entre 50 et 75 % des malades. »
Avec des prises en charge adéquates, cette maladie n’empêche pas de mener une vie professionnelle (avec des aménagements du poste de travail lié à la RQTH, par exemple) ou une vie amoureuse et familiale épanouissante.
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2 commentaires
A quand des traitements neuroleptiques moins lourds d’effets secondaires ? car c’est ce qui engendre l’arrêt des traitements.
comment travailler sur le déni stigmatisation déni srement liés