Portrait-robot de l’allocataire de l’AAH
Près d’un million de personnes handicapées bénéficient de l’allocation adulte handicapé (AAH). Le profil-type de l’allocataire ? Un homme ou une femme, d’une cinquantaine d’années, sans diplôme, vivant seul(e) dans un logement HLM, dans le Sud-Ouest.
La barre du million est quasiment atteinte… 997 000 personnes percevaient l’allocation adulte handicapé (AAH) fin 2012, confirme l’édition 2014 de Minima sociaux et prestations sociales, publiée par la Drees. Soit 4 % de plus que l’année précédente. En tenant compte des conjoints et des enfants à charge, près d’1,5 million de personnes sont couvertes par l’AAH, représentant 2,3 % de la population française.
Une hausse liée à la revalorisation de l’AAH
La croissance du nombre d’allocataires est principalement due aux effets du plan de revalorisation de son montant de 25 % sur cinq ans lancé en 2007 par Nicolas Sarkozy. L’AAH pouvant être attribuée en complément de revenus, l’augmentation de son montant (800 € aujourd’hui), et donc des plafonds de ressources y ouvrant droit, permet mécaniquement à davantage de personnes de pouvoir y prétendre. S’y ajoute le recul de l’âge de départ à la retraite qui repousse de facto l’âge de fin de droit à l’AAH.
20 % des allocataires de l’AAH hébergés par un proche
Plus intéressant encore, les données de la Drees permettent de dresser le profil-type de l’allocataire de l’AAH. C’est indifféremment un homme ou une femme. 35 % vivent dans un logement HLM, quasiment deux fois plus que dans le parc privé. 20 % sont hébergés par un proche.
Sept allocataires de l’AAH sur dix vivent seuls
Les plus de 50 ans sont surreprésentés (40 %). Tout comme les personnes vivant seules (plus de sept sur dix). Cette particularité tient sans doute, en partie, à la prise en compte des ressources du partenaire pour déterminer le droit à l’AAH. Exemple : la personne en situation de handicap vivant en couple sans enfant n’a pas le droit à l’AAH si son conjoint, pacsé ou concubin gagne plus de 1 600 € par mois.
La grande majorité des allocataires de l’AAH ont déjà travaillé
44 % des allocataires n’ont aucun diplôme et 16 % seulement le BEPC. Pourtant, la majorité d’entre eux a exercé une activité professionnelle : seuls 21 % n’ont jamais travaillé, même si 15 % ont connu de longues périodes d’inactivité. Aujourd’hui, 19 % déclarent travailler et cumulent donc AAH et revenus d’activité.
Six allocataires sur dix touchent l’AAH à taux plein, 800 €
60 % des allocataires ont une incapacité reconnue de 80 % ou plus, les 40 % restants ayant une incapacité de 50 à 79 %. Idem pour la répartition entre taux plein (AAH à 800 €) et taux réduit (AAH différentielle permettant à la personne d’atteindre 800 € de revenus cumulés). Enfin, 20 % bénéficient, en plus, d’un complément d’AAH (complément ou majoration pour la vie autonome).
2,6 % des Français de 20 à 64 ans touche l’AAH
Le nombre d’allocataires, rapporté à la population âgée de 20 à 64 ans, est de 2,6 % en 2012. Mais ce taux varie énormément d’un département à l’autre, de 1,2 à 6 %. Il culmine dans les départements ruraux ou semi-urbains, notamment dans les départements du Centre et du Sud-Ouest. La population y est, en effet, souvent plus âgée. Certains sont également mieux dotés en établissements pour personnes handicapées. À l’opposé, il est le plus faible dans les départements d’Île-de-France.
14 % des allocataires ont demandé l’AAH avec retard
Enfin, les allocataires de l’AAH ne sont pas très bien informés de leurs droits. 14 % d’entre eux déclarent avoir appris avec retard qu’ils avaient droit à cette prestation ou ont tardé à la demander. Ce taux est encore plus élevé parmi les plus jeunes et les personnes sans diplôme. L’AAH est le minima social d’âge actif comptant le plus d’entrées tardives, devant le RSA (10 %). Un effort d’information s’impose. Franck Seuret – Photo DR
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1 commentaire
Trois aspects à relever : nous devons la revalorisation de l’AAH à un gouvernement de droite conservatrice-libérale. Du côté de la gauche : rien à ce propos.
Sept allocataires sur dix vivent seuls : dans les faits, certains louent un appartement qui leur serviva uniquement de boîte aux lettres pour être en règle avec l’Administration, parce qu’ils sont avec quelqu’un qui a un emploi et que s’ils se déclaraient en couple, ils perdraient tout ou partie de leurs droits.
Si on trouve plus d’allocataires dans les départements ruraux ou semi-urbains, c’est peut-être aussi parce que les logements décents y sont plus plus accessibles aux faibles revenus qu’en IDF et en PACA.
Par certains côtés, ce portrait-robot gagnerait à être confronté aux réalités du terrain, sous l’angle des législations discriminatoires qui accroissent les difficultés des personnes handicapées au quotidien, et en tenant compte des disparités économiques entre régions.